*Les essais olympiques de l'équipe canadienne de courte piste seront diffusés en direct sur RDS.ca à partir de samedi.

MONTRÉAL – Ça ne change pas le monde, sauf que… Non, François Hamelin n’a pas gagné à la loterie, mais la vie du patineur de vitesse a emprunté tout un virage lorsqu’il est devenu père au début juillet.

Hamelin se classe donc maintenant parmi les exceptions des athlètes amateurs à devenir parent avant leur retraite.

L’ampleur du projet avait de quoi effrayer. Pourtant, c’est surtout l’entourage de Hamelin qui s’est inquiété de la situation alors que le principal intéressé a élaboré une routine très efficace, jusqu’à présent, avec sa femme Mylène.

« On s’est tellement fait avertir que ça pouvait être rock and roll au début. Évidemment, ce fut un peu plus difficile pour ma femme que moi, mais grosso modo, ça va super bien », a exprimé le père d’un petit garçon.

Il faut dire que le moment de la naissance n’était pas de tout repos alors que Hamelin se prépare pour les sélections canadiennes de l’équipe de patinage de courte piste en vue des Jeux olympiques de 2018.

À 30 ans, Hamelin vise une troisième et dernière participation olympique avant de se retirer. Question de lui donner toutes les chances, le couple avait donc imaginé un scénario dans lequel Hamelin dormirait chez son frère Charles durant le processus des sélections, mais ce plan n’aurait peut-être pas besoin d’être enclenché.

Au lieu de lui occasionner de la fatigue, la naissance du bébé a revigoré Hamelin.

« Je suis ailleurs dans ma vie et ça me pousse beaucoup. Ma femme pourrait en témoigner. Il y a quatre ans, c’était beaucoup de stress et d’anxiété. Je planifiais tout, je lui disais de ne pas me déranger entre telle heure et telle heure, parce que je serais dans ma bulle. Cette fois-ci, c’est plus relax, mais j’ai autant de désir de vouloir bien faire.

« C’est plus plaisant pour moi et pour elle », a admis Hamelin en riant.

Même s’il n’a pas d’enfant, son entraîneur Derrick Campbell a remarqué cette évolution chez son patineur.

« Le fait d’avoir eu un enfant a provoqué quelque chose de positif en lui comme un feu qui se ravive. Je vois l’équilibre qui est présent avec les perspectives qui changent. »

De plus, Hamelin a procédé à quelques modifications payantes.

« Je m’attends à de bonnes choses de sa part. C’est l’été dans lequel il a démontré le plus de progression depuis longtemps. On a fait quelques changements sur sa technique puis sur ses lames et ça rapporte des dividendes », a ajouté Campbell qui perçoit l’expérience de Hamelin comme un facteur positif.

L’entraîneur a vanté Hamelin après l’entrevue avec ce dernier. Le patineur québécois n’avait donc pas eu vent de ses propos. Prudent, il préfère se préparer pour une rude, très rude confrontation pour assurer sa place à Pyeongchang en Corée du Sud.

« Je voudrais faire ma place sur l’équipe et me tailler une place sur une distance individuelle. J’ai réussi à le faire dans les deux sélections précédentes et j’aimerais le reproduire.

« Les deux dernières sélections ont été extrêmement difficiles, ça n’a pas facile de me qualifier et je prévois que ce sera la même chose. Je vais passer par toute la gamme des émotions, mais c’est mon objectif. J’ai du plaisir à patiner, mais cette compétition-là n’est pas pour avoir du plaisir, c’est pour me qualifier », a exposé Hamelin avec conviction.

Cet attachement s’explique facilement. Hamelin a pesé les pour et les contre de se lancer dans un autre cycle olympique et il est arrivé à la conclusion qu’il y tenait encore.

« Ces sélections sont différentes pour deux raisons. Les précédentes étaient une continuité de ce que je faisais dans ma vie. Cette fois, c’est plus une décision prise après Sotchi. J’ai continué spécifiquement pour ça, pour ces Jeux olympiques donc je suis vraiment excité », a-t-il expliqué.

L’habile communicateur peut s’inspirer de sa performance à la dernière Coupe du monde alors qu’il avait mérité sa seule médaille individuelle (le bronze au 500m) de la saison.

« Ça finissait bien l’année surtout que je ne participais pas aux Championnats du monde et j’ai connu ma meilleure saison en Coupe du monde avec trois médailles individuelles dont une d’or au 500m. J’ai l’expérience, je suis plus prêt », a réagi Hamelin.

Il a fallu resserrer la vis dans le changement de garde

Au fil des ans, Hamelin a découvert qu’il appréciait le rôle de mentor. Ça tombe bien puisqu’il a eu à exercer une influence importante dans les derniers mois avec le changement de garde qui s’opère au sein de l’équipe masculine avec son départ et celui de son frère qui sont prévus en 2018.

« On a installé des codes de conduite parce qu’il y a eu comme une nouvelle génération qui s’est incrustée dans les quatre dernières années. Soudainement, on est passé d’un groupe qui ne changeait pas beaucoup à la situation inverse. Mon frère, Charle Cournoyer et moi, nous sommes devenus les "outsiders" du groupe parce qu’ils se sont greffés à nous.

« L’éthique de travail devait être un peu changée. On a installé, avec d’autres athlètes, un code de conduite pour remettre un peu les pendules à l’heure afin de s’entraîner dans un meilleur environnement et se respecter plus », a expliqué François Hamelin.

Ce groupe de jeunes – avec Samuel Girard et Pascal Dion à l’avant-scène - qui poussent vers l’avant a exigé des ajustements.

« Ça n’a jamais été fait avec une mauvaise intention de leur part. À l’entraînement, on est plus professionnels. Le petit coup de pied a été donné cette année surtout pour le legs qui suivra. C’est une belle gang qui aime travailler, se pousser et s’aider », a ajouté le jeune papa qui aime répondre aux questions des plus jeunes.

Dion veut suivre la voie tracée par les vétérans et les entraîneurs.

« Je voudrais prendre une place de leader avec une attitude positive. Comme François disait, on a voulu un peu changer l’esprit d’équipe. On voulait être un peu plus sérieux, assidus à nos tâches, laisser les blagues de mauvais goût et le sarcasme de côté. On peut s’amuser à l’extérieur, mais à l’aréna, on doit prendre ça un peu plus comme notre travail », a cerné Dion qui n’a pas besoin de chercher bien loin pour un exemple.

« François est vraiment un bon coéquipier. Il est le genre de gars que tu regardes pour du leadership quand tu es son coéquipier. Comme entraîneur, tu sais que c’est le gars qui peut aider les jeunes. Il a une perspective équilibrée sur les choses. Il est un athlète idéal à diriger et à avoir comme coéquipier », a louangé Campbell sans avoir le goût de retenir ses compliments.

À écouter Campbell, on pourrait croire que Hamelin devrait se diriger vers une après-carrière d’entraîneur, mais ce n’est pas dans ses ambitions.

« Je n’ai pas de plans précis, mais c’est sûr que ça va tourner autour du sport. Charles, Marianne (St-Gelais) et moi, on essaie de trouver une façon de redonner au sport. On veut utiliser un peu la visibilité acquise et la mettre au profit pour les jeunes dans le but de les inciter à bouger et à se donner des objectifs de performance. On veut les encourager à pousser dans le sport ou dans un autre domaine », a conclu Hamelin qui ne se voit pas s’éloigner du domaine sportif.