Corée, USA et Canada
Amateurs jeudi, 30 oct. 2008. 20:43 mardi, 28 janv. 2025. 08:49
« En Corée, j'ai appris récemment que j'étais perçu comme un héros ». Au bout du fil, Guy Thibault est dans une forme splendide.
Deux ans après avoir été «démissionné» de son poste d'entraîneur du programme courte piste par Patinage de vitesse Canada, il est un homme heureux aux États-Unis. Guy est maintenant le directeur haute performance du programme américain de patinage de vitesse longue et courte piste.
Guy Thibault est au patinage de vitesse ce que Michel Larouche est au plongeon et Pierre Lafontaine à la natation; une sommité dans son domaine. Son talent est reconnu partout dans le milieu du patinage de vitesse sauf peut-être au Canada où l'on a décidé en 2006 de ne pas renouveler son contrat et de faire confiance à de jeunes entraîneurs pour affronter la montagne d'attentes que représentent les Jeux olympiques de Vancouver en 2010.
Au fil de ma conversation à bâtons rompus avec Guy, ce dernier me lance cette phrase. «Dans leur préparation pour les Jeux olympiques de Turin en 2006, les Coréens ont mis la main sur notre programme d'entraînement. Ce qui veut dire que les entraîneurs Coréens connaissaient nos méthodes et tous les temps de nos athlètes à l'entraînement», confie-t-il. «Six mois avant les Jeux, nous (le Canada) étions la meilleure nation en courte piste.»
«Je ne sais pas comment, les Coréens ont réussi à obtenir ces documents mais ça peut expliquer en grande partie leur succès à Turin. Écoute, lors des Jeux de 2002, la Corée n'a pas remporté de médailles en courte piste, une disgrâce pour ce pays. Quatre ans plus tard, il récoltait plusieurs médailles d'or. Ils étaient méconnaissables», explique Thibault.
Le résultat a été stupéfiant; aucune médaille en 2002, 10 médailles en 2006. 10 des 11 médailles de la Corée du Sud ont été obtenues en courte piste.
Thibault a appris le tout de la bouche de Jae Su Chun, un entraîneur coréen qu'il a embauché aux États-Unis l'an dernier. Chun était entraîneur avec le programme courte piste canadien lors de la saison 2007-2008 mais il a rapidement fait ses valises vers le sud n'étant pas reconnu à sa juste valeur à Montréal. «Il m'a appelé souvent mais j'ai attendu avant de l'embaucher question de ne pas «voler» un autre entraîneur à l'équipe canadienne trop rapidement.»
En plus de Chun, Thibault avait précédemment amené avec lui Laurent Daigneault, un autre grand manitou du patinage de vitesse qui a œuvré longtemps avec lui au sein de l'équipe canadienne.
Le sauveur américain est québécois
Sa réputation lui a également permis de renflouer les coffres d'une fédération qui avait déclaré faillite. Avant son arrivée, une chicane interne entre deux athlètes étoiles avait eu pour conséquence la disparition des commanditaires majeurs. Ajoutez à cela une dette de 500 000 dollars.
En frappant à la porte du comité olympique américain, Thibault a réussi à soutirer le triple des fonds généralement accordés annuellement au patinage de vitesse. Résultat : tout était maintenant en place pour relancer l'équipe.
Justement, la progression de l'équipe américaine de patinage de vitesse est fulgurante depuis l'arrivée de Guy Thibault.
Lors des deux premières Coupe du Monde de la saison, plusieurs patineurs sont montés sur le podium. Ce n'est plus seulement l'apanage de la vedette américaine Apollo Anton Ohno d'offrir des moments de gloire. Qui plus est, le relais masculin a décroché l'or devant le Canada. Par le passé, battre les Américains représentait rarement une difficulté pour nos représentants C'est maintenant chose du passé grâce en partie à Thibault.
On revient sur le passé et sur l'avenir
Impossible de ne pas revenir sur les événements qui ont précipité son départ de l'équipe canadienne. Sans dire qu'il a tourné la page, Guy Thibault est beaucoup moins aigri qu'au moment de se faire dire merci «Avec du recul, c'était peut-être une bonne chose. Je vois la pression qui est exercée sur l'équipe canadienne en vue des Jeux olympiques de Vancouver. Beaucoup d'argent est investi dans cette aventure et les attentes sont très élevées », lance-t-il avant d'ajouter : «Dans ce contexte, ce n'est plus l'humain qui est la préoccupation, c'est l'argent qui parle.»
Et l'équipe canadienne de courte piste actuelle qu'en penses-tu? «Le Canada sera toujours une puissance. La différence pour 2010, c'est que ce sera un groupe qui sera ensemble dans ce genre d'événements pour la première fois ce qui n'était pas notre cas en 2002 et 2006. C'est une équipe talentueuse mais quelque peu inexpérimentée.»
GO USA GO
Guy Thibault ne s'en cache pas. Les États-Unis sont maintenant son pays d'adoption. Chassé du Canada, il s'est surpris à encourager les représentants des États-Unis lorsqu'ils affrontaient un canadien lors des Jeux de Pékin.
«C'est clair dans ma tête que mon but est que les États-Unis connaissent leurs meilleurs moments à vie en patinage de vitesse lors des Jeux olympiques de Vancouver. Je ne vois toutefois pas les jeux comme une compétition contre le Canada», soutient Thibault qui a entre autres gardé contact avec ses anciens protégés, François-Louis Tremblay, Kalyna Roberge, Tania Vicent et Charles Hamelin.
Patinage de vitesse Canada a-t-il fait un bon choix en laissant partir Guy Thibault? Seul l'avenir nous le dira. Pour l'instant, les résultats canadiens lors des deux premières Coupe du monde sont intéressants mais toutes les décisions prises depuis la restructuration du programme seront véritablement jugées lors du rendez-vous de février 2010.
Deux ans après avoir été «démissionné» de son poste d'entraîneur du programme courte piste par Patinage de vitesse Canada, il est un homme heureux aux États-Unis. Guy est maintenant le directeur haute performance du programme américain de patinage de vitesse longue et courte piste.
Guy Thibault est au patinage de vitesse ce que Michel Larouche est au plongeon et Pierre Lafontaine à la natation; une sommité dans son domaine. Son talent est reconnu partout dans le milieu du patinage de vitesse sauf peut-être au Canada où l'on a décidé en 2006 de ne pas renouveler son contrat et de faire confiance à de jeunes entraîneurs pour affronter la montagne d'attentes que représentent les Jeux olympiques de Vancouver en 2010.
Au fil de ma conversation à bâtons rompus avec Guy, ce dernier me lance cette phrase. «Dans leur préparation pour les Jeux olympiques de Turin en 2006, les Coréens ont mis la main sur notre programme d'entraînement. Ce qui veut dire que les entraîneurs Coréens connaissaient nos méthodes et tous les temps de nos athlètes à l'entraînement», confie-t-il. «Six mois avant les Jeux, nous (le Canada) étions la meilleure nation en courte piste.»
«Je ne sais pas comment, les Coréens ont réussi à obtenir ces documents mais ça peut expliquer en grande partie leur succès à Turin. Écoute, lors des Jeux de 2002, la Corée n'a pas remporté de médailles en courte piste, une disgrâce pour ce pays. Quatre ans plus tard, il récoltait plusieurs médailles d'or. Ils étaient méconnaissables», explique Thibault.
Le résultat a été stupéfiant; aucune médaille en 2002, 10 médailles en 2006. 10 des 11 médailles de la Corée du Sud ont été obtenues en courte piste.
Thibault a appris le tout de la bouche de Jae Su Chun, un entraîneur coréen qu'il a embauché aux États-Unis l'an dernier. Chun était entraîneur avec le programme courte piste canadien lors de la saison 2007-2008 mais il a rapidement fait ses valises vers le sud n'étant pas reconnu à sa juste valeur à Montréal. «Il m'a appelé souvent mais j'ai attendu avant de l'embaucher question de ne pas «voler» un autre entraîneur à l'équipe canadienne trop rapidement.»
En plus de Chun, Thibault avait précédemment amené avec lui Laurent Daigneault, un autre grand manitou du patinage de vitesse qui a œuvré longtemps avec lui au sein de l'équipe canadienne.
Le sauveur américain est québécois
Sa réputation lui a également permis de renflouer les coffres d'une fédération qui avait déclaré faillite. Avant son arrivée, une chicane interne entre deux athlètes étoiles avait eu pour conséquence la disparition des commanditaires majeurs. Ajoutez à cela une dette de 500 000 dollars.
En frappant à la porte du comité olympique américain, Thibault a réussi à soutirer le triple des fonds généralement accordés annuellement au patinage de vitesse. Résultat : tout était maintenant en place pour relancer l'équipe.
Justement, la progression de l'équipe américaine de patinage de vitesse est fulgurante depuis l'arrivée de Guy Thibault.
Lors des deux premières Coupe du Monde de la saison, plusieurs patineurs sont montés sur le podium. Ce n'est plus seulement l'apanage de la vedette américaine Apollo Anton Ohno d'offrir des moments de gloire. Qui plus est, le relais masculin a décroché l'or devant le Canada. Par le passé, battre les Américains représentait rarement une difficulté pour nos représentants C'est maintenant chose du passé grâce en partie à Thibault.
On revient sur le passé et sur l'avenir
Impossible de ne pas revenir sur les événements qui ont précipité son départ de l'équipe canadienne. Sans dire qu'il a tourné la page, Guy Thibault est beaucoup moins aigri qu'au moment de se faire dire merci «Avec du recul, c'était peut-être une bonne chose. Je vois la pression qui est exercée sur l'équipe canadienne en vue des Jeux olympiques de Vancouver. Beaucoup d'argent est investi dans cette aventure et les attentes sont très élevées », lance-t-il avant d'ajouter : «Dans ce contexte, ce n'est plus l'humain qui est la préoccupation, c'est l'argent qui parle.»
Et l'équipe canadienne de courte piste actuelle qu'en penses-tu? «Le Canada sera toujours une puissance. La différence pour 2010, c'est que ce sera un groupe qui sera ensemble dans ce genre d'événements pour la première fois ce qui n'était pas notre cas en 2002 et 2006. C'est une équipe talentueuse mais quelque peu inexpérimentée.»
GO USA GO
Guy Thibault ne s'en cache pas. Les États-Unis sont maintenant son pays d'adoption. Chassé du Canada, il s'est surpris à encourager les représentants des États-Unis lorsqu'ils affrontaient un canadien lors des Jeux de Pékin.
«C'est clair dans ma tête que mon but est que les États-Unis connaissent leurs meilleurs moments à vie en patinage de vitesse lors des Jeux olympiques de Vancouver. Je ne vois toutefois pas les jeux comme une compétition contre le Canada», soutient Thibault qui a entre autres gardé contact avec ses anciens protégés, François-Louis Tremblay, Kalyna Roberge, Tania Vicent et Charles Hamelin.
Patinage de vitesse Canada a-t-il fait un bon choix en laissant partir Guy Thibault? Seul l'avenir nous le dira. Pour l'instant, les résultats canadiens lors des deux premières Coupe du monde sont intéressants mais toutes les décisions prises depuis la restructuration du programme seront véritablement jugées lors du rendez-vous de février 2010.