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RÉSULTATS

« Dans les conditions actuelles, je pense que c'est terminé » - Benoit Huot

L'haltérophile Maude Charron était la co-porte-drapeau du Canada aux Jeux du Commonwealth de 2022 - Commonwealth Sport Canada
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Mise à jour

MONTRÉAL – Les Jeux du Commonwealth de 2026 ont été sauvés, mais pas à n'importe quel prix. Passant de Gold Coast (Australie) à Glasgow (Écosse) à moins de deux ans de l'événement, ce changement tardif est venu avec une baisse drastique du nombre de sports au programme.

Au total, dix seront à l'affiche, dont six qui compteront des versions parasport.

Les sports phares de la natation/paranatation, l'athlétisme/para-athlétisme et la gymnastique artistique seront au menu, tout comme la boxe, le judo, le netball, le cyclisme/paracyclisme sur piste, l'haltérophilie/dynamophilie, le boulingrin/paraboulingrin, ainsi que le basketball 3x3 en version debout et en fauteuil roulant.

En 2022, les Jeux de Birmingham comptaient 23 sports, dont 8 qui avaient une version parasport.

Plusieurs sports qui sont passés à la trappe étaient une importante source de médailles pour l'équipe canadienne, notamment le plongeon, la lutte olympique, le cyclisme sur route, le vélo de montagne, le triathlon et le paratriathlon. Et c'est sans parler des nombreux sports d'équipe.

Glasgow a présenté les Jeux du Commonwealth en 2014. L'an dernier, la ville a accueilli plus de 2500 athlètes aux Championnats du monde de l'Union cycliste internationale, une première édition qui réunissait toutes les disciplines cyclistes au même endroit. Cette expérience dans l'événementiel sportif, en plus des infrastructures déjà bien établies, lui a permis d'être une remplaçante crédible dans un délai aussi court.

Gold Coast a perdu ses appuis financiers gouvernementaux, ce qui a mis un terme à l'aventure. Il s'agit de la deuxième fois en moins de 10 ans qu'une ville qui devait présenter les Jeux jette l'éponge. Birmingham avait remplacé Durban en 2022 lorsque la ville sud-africaine avait perdu les droits des Jeux en raison de garanties financières insuffisantes, et ce, malgré une révision budgétaire.

Brian MacPherson, directeur général de Commonwealth Sport Canada, mentionne que cette édition allégée de 2026 marquera surtout le début d'une refonte importante de l'organisation des Jeux. L'idée étant de rendre l'événement plus attrayant pour de futures candidatures en vue de 2030, où le nombre de sports présentés devrait être revu à la hausse.

« Nous sommes contents (de voir) qu'il y aura des Jeux du Commonwealth en 2026. Nous nous attendions à ce qu'ils soient plus petits, car le délai de préparation était court », soutient le dirigeant, ajoutant que lui et son équipe ont retenu leur souffle à propos de cette édition, qui présentera des sports dans seulement quatre sites de compétition afin de maintenir les coûts à la baisse.

Était-ce un moment du genre « ça passe ou ça casse ? » quant à l'avenir des Jeux du Commonwealth ?

M. MacPherson a évité de s'avancer à ce sujet.

Du changement s'impose

L'ancien paranageur Benoit Huot connaît bien les Jeux du Commonwealth. Il y est allé comme athlète à trois occasions (2002, 2006 et 2010), en plus d'avoir été chef de mission de l'équipe canadienne en 2022 et chef de mission adjoint en 2018. Il n'est pas dans le camp des optimistes quant à l'avenir des Jeux, car il constate que le modèle économique actuel ne tient plus la route.

S'il voit les Jeux du Commonwealth comme « un atout » dans la carrière d'un athlète, il note que ce rendez-vous n'est pas une priorité dans la planification des objectifs de performance des fédérations sportives nationales. Mais le nœud du problème, selon lui, demeure le coût à la hausse.

« Les gouvernements semblent moins convaincus du retour sur leur investissement, à part pour des événements bien précis comme les Jeux olympiques et paralympiques. On l'a même vu avec la Coupe du monde de soccer qui s'en vient (en 2026 et qui aura lieu au Canada, aux États-Unis et au Mexique). Ç'a tout pris pour que des villes du Canada accueillent des matchs. »

Se réinventer de façon plus simple serait une voie de passage, toujours selon Huot. L'organisation perpétuelle des Jeux en territoire britannique, dans des villes qui sont déjà dotées d'infrastructures qui répondent aux normes, pourrait être une solution.

« Ça peut être à eux de prendre le drapeau et d'en faire une priorité pour qu'ils accueillent les 72 nations. Parce qu'à part l'Australie, honnêtement, je ne pense pas que... et même l'Australie, ça ne marche plus. Dans les conditions actuelles, je pense que c'est terminé. C'est triste tout ça, mais ça fait en sorte que les Jeux olympiques et paralympiques sont vraiment des événements uniques », convient Benoit Huot.

Il ajoute qu'il a été privilégié d'avoir participé aux Jeux du Commonwealth, mais qu'il comprend aussi les citoyens qui refusent de voir des fonds publics engagés dans ces projets. À titre personnel, il se souvient du choc qu'il a vécu à sa participation aux Jeux de Delhi, en Inde, en 2010, qui ont nourri ses doutes quant à l'impact positif concret des Jeux auprès de la population locale.

Sur une note plus positive, l'ancien paranageur, maintenant président du conseil d'administration de Parasports Québec, se réjouit de voir que 60 % des sports de Glasgow 2026 auront une version en parasport.

« Le plongeon a pris le bord avant le parasport. C'est dire à quel point le parasport a fait sa place. »

La première édition des Jeux du Commonwealth a été présentée à Hamilton, en Ontario, en 1930. À l'aube de leur centenaire, les Jeux sont à la croisée des chemins, un peu comme l'a été le mouvement olympique lorsqu'il a mis en place l'Agenda olympique 2020, en 2014, une réforme qui avait notamment pour objectif de diminuer les coûts d'organisation afin de raviver l'intérêt des villes occidentales qui ont été nombreuses à refuser de se porter candidates à la suite de référendums perdants faits auprès de leur population.

« Avec 2030 en tête, la Fédération des Jeux du Commonwealth veut remettre les pendules à l'heure vers un modèle plus durable, qui, je le crois, attirera plus de villes candidates que dans le passé, étant donné que le coût serait réduit d'environ 60 %. [...] 2026, c'est une anomalie en raison des circonstances, mais le bon qui en est ressorti est cette mise à jour pour les Jeux futurs », poursuit Brian MacPherson, ajoutant que des candidatures conjointes de villes, régions, ou territoires pourraient être présentées.

L'équipe canadienne des Jeux du Commonwealth de 2026 sera représentée dans tous les sports, à l'exception du netball, et devrait compter environ 190 athlètes au lieu des 260 à 280 présents lors des éditions habituelles.

La personne qui occupera le poste de chef de mission sera connue le printemps prochain.