Un saut chez les 81 kg pour Arthur Margelidon après une longue réflexion
Montréal – Le judoka Arthur Margelidon avait repris l'entraînement depuis quelques semaines lorsque son coéquipier ontarien Keagan Young lui a fait remarquer qu'il souriait sans cesse au dojo. Le Québécois a toujours eu du plaisir dans son sport, là n'est pas la question. Un changement de catégorie a simplement eu l'effet d'une libération après les Jeux olympiques de Paris.
Après trois cycles olympiques durant lesquels il a combattu chez les moins de 73 kg, Margelidon a fait le saut chez les moins de 81 kg.
Il a songé à effectuer ce changement à son retour des Jeux de Tokyo en 2021. Plus limité par un cycle olympique écourté, amasser des points au classement mondial aurait été ardu dans une nouvelle catégorie. Le Montréalais a choisi de repousser le projet.
Avec le temps, la perte de poids est devenue de plus en plus dure et le travail, toujours à refaire. Il dit avoir essayé « toutes les diètes possibles », limitant son alimentation au minimum.
Le défi s'est avéré encore plus grand lors du dernier cycle olympique et a pesé lourd dans l'esprit du judoka. Arthur Margelidon n'a donc pas hésité quand est venu le temps de se diriger vers sa nouvelle catégorie.
« Je ne suis plus en train de me restreindre, je fais juste ce que j'aime, a-t-il précisé à Sportcom. Mon père m'a demandé si, selon moi, je pourrais refaire un cycle chez les 73 kg. Je lui ai dit “absolument pas!'' Maintenant que je suis passé à autre chose, il n'y a aucune chance que je revoie un 7 sur la balance. »
Le judoka n'avait plus l'impression de s'entraîner pour progresser, mais bien pour dépenser par nécessité. Il ne mangeait plus pour refaire le plein d'énergie, seulement avec l'idée de perdre du poids.
Un changement majeur. Le plus gros qu'il a constaté jusqu'à maintenant et probablement ce qui le fait tant sourire sur les tatamis.
« Ça change toute ma mentalité. Au lieu d'être toujours en perte de poids ou de me déshydrater pour respecter ma catégorie, je fais comme les autres, soit m'entraîner fort, me nourrir pour récupérer et retourner à l'entraînement le lendemain avec plus d'énergie. Je vais me dépasser et je vais pouvoir manger après. Pas juste un morceau de brocoli et un petit morceau de viande ! »
Déjà, Margelidon se dit plus fort et le ressent dans ses combats. Il a aussi conservé une certaine rapidité et est d'avis que son style de judoka se transposera bien à celui de ses futurs opposants.
« Mon corps voulait monter et moi, je le retenais. Ça créait un débalancement et ça rendait ça plus difficile. Je suis content que ce soit derrière moi. »
Jusqu'à Los Angeles ?
Arthur Margelidon prévoit se lancer dans un quatrième cycle olympique à 31 ans. En fait, il pourra statuer après ses premiers tournois internationaux avec les moins de 81 kg.
« L'objectif est de faire le cycle au complet, mais je veux rester compétitif. Je n'ai pas envie de faire de la compétition juste pour faire de la compétition. Si je vois que je peux garder un bon niveau, je vais m'essayer pour quatre ans, mais si je me rends compte que ça ne fonctionne pas, je vais passer à autre chose », a expliqué Margelidon sans faire de détour.
Cet été, il s'est classé septième des Jeux olympiques de Paris, tournoi qu'il avait bon espoir de gagner puisqu'il avait déjà battu tous ses principaux adversaires par le passé.
Celui qui faisait partie du top-10 des moins de 73 kg est toujours en quête d'un podium olympique. En 2016, le Québécois s'est blessé une semaine avant son départ pour les Jeux de Rio. Cinq ans plus tard, il a terminé au pied du podium dans la capitale nippone.
« Je n'ai pas encore atteint ce que je voulais au niveau international. Pourquoi ne pas l'essayer en le faisant de la bonne façon, sur une période de 4 ans ? » a-t-il lancé.
Le principal intéressé a confiance qu'il a ce qu'il faut pour se démarquer dans sa nouvelle catégorie. Le simple fait de ne plus être limité dans son poids lui en a enlevé beaucoup sur les épaules.
Il demeure qu'un seul judoka pourra représenter le Canada aux Jeux olympiques de Los Angeles, en 2028. Arthur Margelidon devra donc surpasser ses compatriotes s'il souhaite se qualifier à ses quatrièmes Jeux, dont François Gauthier-Drapeau, cinquième au classement mondial de la catégorie.
« Je n'ai jamais vu la compétition interne comme quelque chose de négatif. Ça nous permet juste de relever notre niveau et de nous entraider en vue des tournois internationaux. C'est une bonne chose pour nos performances. »
Margelidon participera à ses premiers tournois des 81 kg en février. La nouvelle catégorie l'ayant conduit vers une nouvelle mentalité, il pourra s'entraîner (et manger) avec enthousiasme d'ici là. Sans même penser à la pesée