Haut vol : Stéphane Lapointe, l'entraîneur qui priorise la santé mentale
Après être passés par toute une gamme d'émotions lors du passage de la série Red Bull Cliff Diving en fin de semaine à Montréal, les Canadiens Charles-Antoine Labadie, Molly Carlson et Simone Leathead ont gardé leurs plus beaux sourires pour parler de leur entraîneur, Stéphane Lapointe.
Il y a eu de tout. Le stress de prendre part à une compétition d'envergure, l'exaltation des cris et des applaudissements d'une foule conquise, la nervosité de s'élancer de la plateforme de 21 ou 27 mètres, puis le bonheur ou la déception liés aux résultats.
Mais dans le tumulte et l'effervescence de l'événement, aucun des protégés de Lapointe n'a ressenti de pression imposée par Lapointe. Son mot d'ordre était bien simple avant le premier plongeon: éprouver du plaisir et forger des souvenirs.
Les résultats venaient en prime.
« Ce n'est pas quelqu'un qui va mettre de la pression, a expliqué Leathead. Donc, ça nous permet de mettre notre attention à 100 % sur ce qu'on doit faire, sans petite arrière-pensée du genre: 'Si je ne réussis pas, est-ce qu'il va être déçu?'.
« C'est vraiment plus facile pour nous de nous concentrer. Il n'y a pas de zone grise avec lui; c'est très blanc ou noir. Donc moi, ça me convient énormément comme style d'entraîneur », a poursuivi la Montréalaise.
Lapointe a commencé à travailler avec Leathead alors qu'elle n'était encore qu'une enfant. C'est lui qui l'a convaincue de tenter sa chance en haut vol, en 2022.
« Il est mon entraîneur depuis que j'ai neuf ans, donc il a tout vu, s'est remémoré Leathead. C'est vraiment un deuxième père pour moi. De pouvoir vivre ces belles opportunités-là, avec lui à mes côtés, c'est incroyable. »
Le Québécois a ensuite recruté Carlson en 2020, puis a greffé plusieurs autres athlètes à son groupe, dont le Britannique Aidan Heslop, si bien qu'ils sont huit plongeurs de l'élite à s'entraîner à Montréal sous sa férule.
Grâce aux installations de pointe à Montréal, Lapointe n'a pas eu de misère à recruter les plongeurs d'ici. Selon lui, le principal attrait de son projet pour les athlètes est d'évoluer et de grandir avec d'autres plongeurs de haut vol.
« Souvent, les athlètes de haut vol vont s'entraîner avec les plongeurs (traditionnels) dans leur pays, a fait valoir Lapointe. De pouvoir s'entraîner toute l'année avec des plongeurs de haut vol, c'est motivant, car ils font la même chose que toi. Ils vivent et comprennent ta réalité. »
« Je pense que la qualité et le talent qu'on a dans notre équipe sont assez extraordinaires, a ajouté Leathead. Quand tu t'entoures de gens qui sont performants, que tu le veuilles ou non, ça te pousse à être plus performante, donc oui, c'est incroyable. »
L'approche de Lapointe, axée sur le processus et le plaisir, fait des heureux. Pour Carlson, qui doit vivre avec des épisodes d'anxiété et qui se fait un devoir de parler de santé mentale sur les médias sociaux, Lapointe était l'homme de la situation.
« Il est passionné. C'est le mot parfait, a dit Carlson avec des étoiles dans les yeux. Stéphane n'est pas ici pour dire : 'On doit gagner et faire le plus d'argent possible'. Non. Il est ici pour qu'on puisse faire de notre mieux possible, pour nous-mêmes. Il veut que ses athlètes soient bien. C'est une passion pour lui, et il est impressionnant. Il travaille très bien avec nous tous, parce qu'il respecte vraiment la santé mentale.
« J'ai beaucoup d'anxiété et c'est difficile d'avoir un entraîneur qui respecte ça. Il est cet entraîneur pour moi. Pour lui, si on a tous un sourire cette fin de semaine, c'est une victoire », a renchéri Carlson.
Quant à Labadie, qui est âgé de 17 ans, il participait à une première compétition de la série Red Bull Cliff Diving en carrière cette fin de semaine. C'était également la première fois qu'il plongeait dans un milieu naturel, en compétition.
Sa situation était donc bien différente de Carlson, une plongeuse expérimentée de la série, et de Leathead, qui en est à sa deuxième année sur le circuit. Or, Lapointe s'est assuré d'être là pour tous ses plongeurs, avec des plans de match adaptés à leur réalité.
« C'est un entraîneur qui écoute vraiment beaucoup ses athlètes. Il va les aider avec des approches individuelles, a révélé Labadie, qui travaille avec Lapointe depuis quelques années. Il est capable de vraiment comprendre l'athlète, de l'aider avec ses besoins. Il nous appuie quand on apprend de nouveaux plongeons, quand on va compétitionner, il est toujours là pour nous. »
Et il va de soi que même si parfois ses athlètes ressentent des vertiges dans l'urgence du moment, Lapointe s'assure de toujours les ramener sur Terre.