F. Alou: « Montréal mérite son équipe »
Baseball jeudi, 31 mars 2011. 19:40 mercredi, 11 déc. 2024. 07:46
Par Nicolas Dupont - Felipe Alou juge toujours que Montréal représente une bonne ville pour le baseball, malgré le départ des Expos et la baisse de popularité que connaît le sport dans la région métropolitaine depuis une quinzaine d'années.
En marge de son passage à L'antichambre - qui sera présenté ce soir dès 21h30 sur les ondes de RDS - le meilleur gérant de l'histoire des Expos a réitéré cette position qu'il avait toujours défendue, tout en admettant qu'il souhaitait revoir une équipe de baseball à Montréal dans un futur rapproché. Certains diront que c'est de la folie, mais Alou n'en démord pas : il y a une absence de taille à Montréal lors de la saison estivale et selon lui, il est grand temps que quelqu'un amène une piste de solution pour un retour éventuel d'une équipe dans la métropole québécoise.
Celui qui a dirigé Nos Amours de 1992 à 2001 sait évidemment de quoi il parle; il a vécu les moments glorieux des Expos, mais aussi les plus sombres. Néanmoins, il affirme n'avoir jamais perdu la foi.
« J'ai toujours pensé qu'il y avait une bonne base de partisans de baseball ici », a mentionné Alou lors d'une entrevue accordée au RDS.ca. « À un certain moment, il n'y avait à peu près pas de promotion pour les Expos, l'équipe était condamnée à partir. Et malgré tout, de 8000 à 12 000 personnes se pointaient le nez au Stade olympique. Je pouvais ressentir que les gens connaissaient le baseball et qu'ils appréciaient le spectacle offert sur le terrain. »
Felipe Alou se rappelle évidemment de l'année 1994 où le baseball a vraiment connu un essor ahurissant au Québec. Les spectateurs étaient alors au rendez-vous au Stade olympique, qui était devenu l'instant d'un été l'endroit le plus dynamique de la ville. Cependant, comme il l'a répété maintes fois, ce stade n'était pas fait pour le baseball. Pas plus que le Parc Jarry d'ailleurs.
« Les partisans n'ont jamais eu le privilège d'assister à un match dans un stade réellement conçu pour le baseball », témoigne Alou. « Même le Parc Jarry ne se voulait qu'une solution temporaire quand les Expos ont vu le jour en 1969. »
Renouveler l'enthousiasme de la population
Grand amateur de pêche - un loisir qui le passionne tout autant que le baseball - Felipe Alou admet qu'il trouve toujours le temps de taquiner la truite dans la Belle Province. Or, à force de discuter avec les citoyens qu'il croise lors de ces voyages, l'homme de 75 ans en est arrivé à un constat très clair.
« Les Québécois s'ennuient du baseball. Que ce soit à Montréal ou dans les Laurentides, les gens me relatent leurs souvenirs de baseball, à quel point ils chérissaient ce merveilleux sport », confie Alou. « De ce que je constate, la flamme est encore bien présente et le fait qu'un vide se soit installé, lors du départ des Expos, ravive beaucoup de nostalgie. »
De son point de vue, Alou croit que l'espoir demeure présent puisque les gens aiment toujours le baseball et qu'ils en parlent quand arrive l'été.
« Lorsque les gens cesseront de rêver, on pourra officiellement mettre une croix sur Montréal. En attendant, j'entretiens l'espoir de revoir un match de baseball présenté ici. »
Alou sait pertinemment que de ramener une équipe du baseball majeur à Montréal serait sans doute utopique pour le moment. Cependant, afin de renouveler l'enthousiasme du public montréalais pour le baseball, il ne dirait pas non à une équipe du niveau AAA.
« Pour commencer, ce serait l'idéal. Je me réjouirais d'une telle nouvelle », souligne Alou. « Actuellement, les amateurs de baseball semblent se tourner vers les Red Sox, les Yankees ou les Blue Jays. Pourquoi l'équipe de Montréal ne deviendrait-elle pas la filiale d'une de ces équipes? De cette manière, un certain sentiment d'appartenance se recréerait. Au moins, il y aurait quelque chose de visible à laquelle les amateurs pourraient se rattacher. »
Felipe prévient toutefois qu'avant tout, Montréal doit absolument se doter d'un nouveau bâtiment au centre-ville et non à l'autre extrémité du quartier des affaires. « Sans un stade en plein cœur de Montréal, oubliez ça »
« Il faut permettre aux partisans d'assister aux matchs en après-midi, à l'extérieur, comme c'est le cas dans les autres villes », argumente l'ancien gérant. « De cette manière, ils peuvent passer du bon temps et terminer leur journée au restaurant par la suite ou même retourner travailler à la limite! »
Certains dirigeants du baseball seraient d'ailleurs enclins à revoir une équipe à Montréal, selon lui. Qu'on le veuille ou non, la ville a souvent fait bien paraître le baseball dans son histoire. On n'a qu'à penser à Jackie Robinson pour qui Montréal a été une destination très accueillante.
« Les Royaux étaient la filiale des célèbres Dodgers de Brooklyn, ce n'est pas rien », exprime Alou. « Avec une belle équipe, je suis convaincu que les spectateurs et les médias seraient au rendez-vous. »
Felipe, l'inspiration de plusieurs
Dimanche dernier, Felipe Alou participait à un événement caritatif au Centre Cummings en compagnie de plusieurs membres de l'édition 1994 des Expos.
Pedro Martinez, Marquis Grissom, John Wetteland, Rondell White, Cliff Floyd, Mel Rojas et Denis Boucher ont tour à tour profité de l'occasion pour rendre hommage à leur ancien gérant, qui les a aidés à devenir de meilleurs joueurs, mais aussi de meilleurs hommes. Ce moment a fortement touché Felipe Alou.
« J'étais heureux d'entendre que j'ai été une inspiration pour eux. Je crois que ça faisait partie de mes responsabilités de gérant d'enseigner à ces gars-là les rudiments du baseball, mais aussi de jouer un rôle paternaliste », se souvient le vénérable gérant. « Il ne fallait pas que j'oublie que la plupart des joueurs étaient jeunes et qu'ils avaient quitté leurs familles respectives pour jouer au baseball. Je devais être le meilleur exemple possible et chaque fois que j'avais l'opportunité de leur parler de respect, de bon comportement et de la responsabilité d'être un professionnel sur et en dehors du terrain, je le faisais et ils m'écoutaient. »
Felipe Alou est également allé jusqu'à dire que l'une de ses plus grandes satisfactions, c'est d'avoir vu des joueurs qu'il a dirigés montrer l'exemple dans d'autres uniformes de la MLB. Et aussi, d'avoir pavé la voie à certains de ses entraîneurs, qui sont devenus de bons gérants quelques années plus tard - on n'a qu'à penser à Jerry Manuel, Jim Tracy et Ozzie Guillen, pour ne nommer que ceux-là.
Une fabuleuse carrière récompensée
La consécration de tous les efforts de Felipe Alou aura lieu le 9 avril alors qu'on lui remettra sa bague de la Série mondiale remportée en tant qu'adjoint au directeur général des Giants de San Francisco.
« J'avais perdu espoir de recevoir une telle bague », avoue Alou. « Ce n'est sûrement pas le même feeling que de remporter un championnat en uniforme, mais je vais accepter cet honneur avec joie puisque les Giants représentent la première formation avec laquelle j'ai joué avec mes frères. J'ai hâte de la recevoir et de la porter fièrement. »
Bien qu'il ait été un des meilleurs de sa profession, Alou soutient qu'il ne s'ennuie pas de diriger une équipe dans le baseball majeur. Le lot de responsabilités qu'entraîne le travail de gérant a fini par peser lourd sur les épaules de cet homme qui a consacré de nombreuses nuits blanches pour peaufiner ses ruses.
« Le temps était venu pour que je me retire et à l'heure actuelle, je dois dire que ça ne me manque pas. »
En marge de son passage à L'antichambre - qui sera présenté ce soir dès 21h30 sur les ondes de RDS - le meilleur gérant de l'histoire des Expos a réitéré cette position qu'il avait toujours défendue, tout en admettant qu'il souhaitait revoir une équipe de baseball à Montréal dans un futur rapproché. Certains diront que c'est de la folie, mais Alou n'en démord pas : il y a une absence de taille à Montréal lors de la saison estivale et selon lui, il est grand temps que quelqu'un amène une piste de solution pour un retour éventuel d'une équipe dans la métropole québécoise.
Celui qui a dirigé Nos Amours de 1992 à 2001 sait évidemment de quoi il parle; il a vécu les moments glorieux des Expos, mais aussi les plus sombres. Néanmoins, il affirme n'avoir jamais perdu la foi.
« J'ai toujours pensé qu'il y avait une bonne base de partisans de baseball ici », a mentionné Alou lors d'une entrevue accordée au RDS.ca. « À un certain moment, il n'y avait à peu près pas de promotion pour les Expos, l'équipe était condamnée à partir. Et malgré tout, de 8000 à 12 000 personnes se pointaient le nez au Stade olympique. Je pouvais ressentir que les gens connaissaient le baseball et qu'ils appréciaient le spectacle offert sur le terrain. »
Felipe Alou se rappelle évidemment de l'année 1994 où le baseball a vraiment connu un essor ahurissant au Québec. Les spectateurs étaient alors au rendez-vous au Stade olympique, qui était devenu l'instant d'un été l'endroit le plus dynamique de la ville. Cependant, comme il l'a répété maintes fois, ce stade n'était pas fait pour le baseball. Pas plus que le Parc Jarry d'ailleurs.
« Les partisans n'ont jamais eu le privilège d'assister à un match dans un stade réellement conçu pour le baseball », témoigne Alou. « Même le Parc Jarry ne se voulait qu'une solution temporaire quand les Expos ont vu le jour en 1969. »
Renouveler l'enthousiasme de la population
Grand amateur de pêche - un loisir qui le passionne tout autant que le baseball - Felipe Alou admet qu'il trouve toujours le temps de taquiner la truite dans la Belle Province. Or, à force de discuter avec les citoyens qu'il croise lors de ces voyages, l'homme de 75 ans en est arrivé à un constat très clair.
« Les Québécois s'ennuient du baseball. Que ce soit à Montréal ou dans les Laurentides, les gens me relatent leurs souvenirs de baseball, à quel point ils chérissaient ce merveilleux sport », confie Alou. « De ce que je constate, la flamme est encore bien présente et le fait qu'un vide se soit installé, lors du départ des Expos, ravive beaucoup de nostalgie. »
De son point de vue, Alou croit que l'espoir demeure présent puisque les gens aiment toujours le baseball et qu'ils en parlent quand arrive l'été.
« Lorsque les gens cesseront de rêver, on pourra officiellement mettre une croix sur Montréal. En attendant, j'entretiens l'espoir de revoir un match de baseball présenté ici. »
Alou sait pertinemment que de ramener une équipe du baseball majeur à Montréal serait sans doute utopique pour le moment. Cependant, afin de renouveler l'enthousiasme du public montréalais pour le baseball, il ne dirait pas non à une équipe du niveau AAA.
« Pour commencer, ce serait l'idéal. Je me réjouirais d'une telle nouvelle », souligne Alou. « Actuellement, les amateurs de baseball semblent se tourner vers les Red Sox, les Yankees ou les Blue Jays. Pourquoi l'équipe de Montréal ne deviendrait-elle pas la filiale d'une de ces équipes? De cette manière, un certain sentiment d'appartenance se recréerait. Au moins, il y aurait quelque chose de visible à laquelle les amateurs pourraient se rattacher. »
Felipe prévient toutefois qu'avant tout, Montréal doit absolument se doter d'un nouveau bâtiment au centre-ville et non à l'autre extrémité du quartier des affaires. « Sans un stade en plein cœur de Montréal, oubliez ça »
« Il faut permettre aux partisans d'assister aux matchs en après-midi, à l'extérieur, comme c'est le cas dans les autres villes », argumente l'ancien gérant. « De cette manière, ils peuvent passer du bon temps et terminer leur journée au restaurant par la suite ou même retourner travailler à la limite! »
Certains dirigeants du baseball seraient d'ailleurs enclins à revoir une équipe à Montréal, selon lui. Qu'on le veuille ou non, la ville a souvent fait bien paraître le baseball dans son histoire. On n'a qu'à penser à Jackie Robinson pour qui Montréal a été une destination très accueillante.
« Les Royaux étaient la filiale des célèbres Dodgers de Brooklyn, ce n'est pas rien », exprime Alou. « Avec une belle équipe, je suis convaincu que les spectateurs et les médias seraient au rendez-vous. »
Felipe, l'inspiration de plusieurs
Dimanche dernier, Felipe Alou participait à un événement caritatif au Centre Cummings en compagnie de plusieurs membres de l'édition 1994 des Expos.
Pedro Martinez, Marquis Grissom, John Wetteland, Rondell White, Cliff Floyd, Mel Rojas et Denis Boucher ont tour à tour profité de l'occasion pour rendre hommage à leur ancien gérant, qui les a aidés à devenir de meilleurs joueurs, mais aussi de meilleurs hommes. Ce moment a fortement touché Felipe Alou.
« J'étais heureux d'entendre que j'ai été une inspiration pour eux. Je crois que ça faisait partie de mes responsabilités de gérant d'enseigner à ces gars-là les rudiments du baseball, mais aussi de jouer un rôle paternaliste », se souvient le vénérable gérant. « Il ne fallait pas que j'oublie que la plupart des joueurs étaient jeunes et qu'ils avaient quitté leurs familles respectives pour jouer au baseball. Je devais être le meilleur exemple possible et chaque fois que j'avais l'opportunité de leur parler de respect, de bon comportement et de la responsabilité d'être un professionnel sur et en dehors du terrain, je le faisais et ils m'écoutaient. »
Felipe Alou est également allé jusqu'à dire que l'une de ses plus grandes satisfactions, c'est d'avoir vu des joueurs qu'il a dirigés montrer l'exemple dans d'autres uniformes de la MLB. Et aussi, d'avoir pavé la voie à certains de ses entraîneurs, qui sont devenus de bons gérants quelques années plus tard - on n'a qu'à penser à Jerry Manuel, Jim Tracy et Ozzie Guillen, pour ne nommer que ceux-là.
Une fabuleuse carrière récompensée
La consécration de tous les efforts de Felipe Alou aura lieu le 9 avril alors qu'on lui remettra sa bague de la Série mondiale remportée en tant qu'adjoint au directeur général des Giants de San Francisco.
« J'avais perdu espoir de recevoir une telle bague », avoue Alou. « Ce n'est sûrement pas le même feeling que de remporter un championnat en uniforme, mais je vais accepter cet honneur avec joie puisque les Giants représentent la première formation avec laquelle j'ai joué avec mes frères. J'ai hâte de la recevoir et de la porter fièrement. »
Bien qu'il ait été un des meilleurs de sa profession, Alou soutient qu'il ne s'ennuie pas de diriger une équipe dans le baseball majeur. Le lot de responsabilités qu'entraîne le travail de gérant a fini par peser lourd sur les épaules de cet homme qui a consacré de nombreuses nuits blanches pour peaufiner ses ruses.
« Le temps était venu pour que je me retire et à l'heure actuelle, je dois dire que ça ne me manque pas. »