Bonjour chers internautes. Je suis très heureux de partager mes émotions avec vous, à la suite de la conquête de la Série mondiale par mon équipe, les Angels d'Anaheim! Évidemment, je suis très heureux de ce prestigieux titre de champion du monde. J'ai regardé le dernier match dans un restaurant de "La Cage aux sports" avec mon père et un ami.

Nous étions à peine six dans l'établissement mais maudit que c'était incroyable. Nous avons passé tout le match debout et on criait sans cesse.

C'est un grand élément de fierté que d'appartenir à cette organisation. Je suis très content pour l'équipe et pour les joueurs. Plusieurs me disent que j'aurais pu me retrouver à Anaheim avec mes coéquipiers et vivre l'euphorie d'être champion. Il est vrai que j'aurais pu être là-bas mais il y a longtemps que je me suis fait une raison. Je savais toutefois qu'il était impossible que j'y sois.

J'ai subi l'opération Tommy John il y a 16 mois et je ne me suis pas retrouvé avec l'équipe de toute la saison puisque je suis encore en période de réhabilitation. Donc, j'essaie de ne pas trop me tracasser l'esprit avec le fait que je n'étais pas sur place. Les choses auraient sans doute été différentes si j'avais commencé la saison avec les Angels et que je m'étais blessé en cours de route, la pilule aurait été plus difficile à avaler. Je sais que je fais partie de l'équipe quand même.

Je dois tout de même avouer que j'y pense un peu. D'autant plus que plusieurs personnes et plusieurs journalistes me le rappellent constamment! Même mon bon ami me disais, "hey! t'aurais pu être là". À force de se le faire dire, on finit par se le dire aussi. Mentalement, les choses vont bien, je suis heureux pour les gars et je ne les jalouse pas. Je pense notamment à mes bons "chums" comme John Lackey, qui a commencé le septième match, et à Brendan Donnelly.

J'ai joué avec plusieurs des jeunes joueurs des Angels et je l'ai est vu grandir au sein des filiales de l'équipe. Ils ont travaillé fort pour se rendre là. Je suis très heureux pour eux. Je n'ai pas eu le temps d'entrer en contact avec les gars, je vais les laisser fêter encore avant de téléphoner.

Donnelly a joué pendant 11 ans dans les ligues mineures et c'est la première fois qu'il joue dans les ligues majeures et il gagne la Série mondiale. Disons qu'il a bien choisi son moment. Je vais communiquer avec lui dans quelques jours, quand la poussière sera retombée un peu.

En attaque, l'équipe des Angels est plutôt jeune. Il n'y a pas de Barry Bonds au sein de la formation. Ce sont tous des mini Barry Bonds. C'est comme au hockey, si tu comptes sur une très bonne première ligne mais que les autres trios ne sont pas à la hauteur, tu ne gagneras pas. Chez les Angels, les joueurs sont tous bons à valeur égale. Ça bien beau être mon équipe, mais c'est une des bonnes formations que j'ai vues.

J'ai été impressionné par les prouesses en attaque de l'équipe. Elle n'a jamais ralenti. David Eckstein, comme premier frappeur, a été en mesure de se retrouver sur les buts de façon régulière et de provoquer des choses. Darin Erstad a toujours placé la balle en jeu et ne se faisait jamais retirer sur des prises. Tim Salmon, qui est avec l'équipe depuis 12 ans et qui n'a frappé que pour 150 l'an passé, a maintenu une moyenne de plus de 300 en séries. Troy Glaus, Scott Spiezio, Adams Kennedy, avec ses trois circuits contre les Twins, ont tous contribué à leur manière.

À tous les matchs, un joueur différent prenait la relève en attaque et la pression était répartie sur les épaules de tous les gars. Il suffit de penser à Garret Anderson dimanche avec son double de trois points. On parle peu de ce joueur, mais il est le meilleur frappeur de son équipe et un des meilleurs de la ligue. Pourtant il est méconnu. Il a produit 120 points au cours des trois dernières saisons.

Le jeune releveur Francisco Rodriguez a été étincelant aussi, lui qui n'est âgé que de 20 ans seulement. Nous avons des amis communs hors terrain. Je ne le connais pas personnellement toutefois.

Glaus avec sa moyenne de 385 et ses trois circuits méritait le MVP. Personnellement, je ne l'aurais pas donné à Barry Bonds puisque son équipe a perdu. Je pense que ce titre doit revenir à un membre de la formation championne. Même si Bonds avait frappé pour 800, je ne lui aurais pas donné parce que les Giants n'ont pas gagné. De toute façon, je suis convaincu aussi qu'il n'en n'aurait pas voulu de ce trophée dans une cause perdante.

Je ne pense pas participer aux festivités de l'équipe. J'ai tenté d'obtenir des billets pour assister aux matchs contre les Yankees à New York et la direction de l'équipe m'a fait comprendre qu'il valait mieux rester à Montréal et de poursuivre mon programme de remise en forme. Je n'ai que 24 ans et j'aurais sûrement la chance de vivre ces émotions compte tenu que le noyau de l'équipe devrait rester le même dans les prochaines années. L'équipe est encore jeune. Il y a peut-être Salmon qui prendra sa retraite dans quelques années mais des gars comme Glaus, Eckstein et Erstad sont âgés que de 25 à 28 ans.

Le directeur général Bill Stoneman, l'ancien des Expos, est très apprécié à Anaheim. Les joueurs le respectent beaucoup. Il a fait du très bon travail et il sait dénicher les bons talents. Il suffit de penser à mon bon ami Donnelly, qui s'est fait virer deux fois en plus de se retrouver dans des ligues indépendantes. Croyez-moi, il faut revenir de loin pour passer d'une ligue indépendante aux ligues majeures.


Ma réhabilitation

Les choses vont bien pour moi. Je fais de la physiothérapie le mardi et le jeudi alors que je lance le lundi, mercredi et le vendredi. Je ne ressens pratiquement plus de douleur à mon coude droit, 16 mois après mon opération.

Je m'entraîne en gymnase à Longueuil. Je vais me rendre à Phoenix en Arizona du 8 au 18 novembre pour rencontrer les thérapeutes de l'équipe et pour voir comment ça se passe pour moi. Après ça, je vais retrouver Stéphane Lepage à Édouard-Monpetit.

Je devrais être en mesure de participer au camp d'entraînement des Angels en février. Je vais commencer la saison dans les ligues mineures et y aller progressivement. Quand tu es lanceur partant et que tu reviens d'une opération comme la mienne, tu effectues des sorties de deux manches, puis de quatre, puis de six jusqu'à ce que tu sois en mesure de revenir au niveau des majeures.

Il faudra voir la réaction de mon bras lors d'un match pour déterminer le chemin qu'il me faudra parcourir pour revenir dans les Ligues majeures. Si tout se déroule bien, je n'aurais que perdu 16 mois. Je dois dire toutefois que mon bras est faible jusqu'à maintenant mais il me reste encore quelques mois avant le début du camp.

Je suis encouragé par les progrès de la médecine. Plusieurs lanceurs sont passés par là par le passé et sont revenus au jeu avec succès. Pensons entre autres à John Smoltz des Braves d'Atlanta, qui malgré ses 37 ou 38 ans, lance encore plus fort. Alors c'est encourageant.

À bientôt,

Steve.

*Propos recueillis par RDS.ca