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RÉSULTATS

Emmanuel Clase, la « Faucheuse » du baseball majeur

Emmanuel Clase Emmanuel Clase - Getty
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Mise à jour

Emmanuel Clase fracasse les bâtons et les records à un rythme presque identique. Il est devenu la « Faucheuse » du baseball majeur, la crème de la crème des spécialistes des fins de matchs.

Le droitier des Guardians de Cleveland, doté d'une balle rapide coupée diabolique qu'on n'avait pas vue depuis l'époque dominante de Mariano Rivera avec les Yankees de New York, vit une saison mémorable. Peut-être même une saison où il remportera le Cy-Young dans la Ligue américaine, un tour de force rare pour les releveurs.

Lundi soir, Clase a obtenu son 46e sauvetage — un sommet au baseball majeur et son 33e consécutif depuis le 20 mai — pour égaler le record d'équipe en une saison de José Mesa. Ce faisant, les Guardians se sont rapprochés d'un titre inattendu dans la section Centrale de la Ligue américaine en remportant une victoire 4-3 sur les Twins du Minnesota.

Le match s'est déroulé selon un scénario familier : une autre remontée des Guardians — la 40e du club — suivie d'un sauvetage de la part de Clase.

Le Progressive Field est peut-être le seul endroit dans les Ligues majeures où si la porte de l'enclos des releveurs dans le champ droit s'ouvre pendant la neuvième manche, l'issue du match est réglée. Il en a été ainsi toute la saison.

Andrés Giménez, le joueur de deuxième but des Guardians, connaît la rengaine. Lorsqu'il entend dans le système de sonorisation du stade la chanson qui commémore l'entrée en scène de Clase et qu'il voit son coéquipier courir sur la pelouse du champ extérieur, ses cheveux tressés et colorés rebondissant à l'arrière de sa casquette, il a une bonne idée de ce que la suite lui réserve.

« J'ai l'impression que je vais rentrer tôt à la maison », précise Giménez.

« Honnêtement, cette année et les trois dernières années ont été absolument inouïes. C'est incroyable de sauver 40 matches chaque saison. C'est fou. C'est spécial. »

Fou. Spécial. Inimaginable. Intouchable.

Clase affiche des statistiques qui semblent presque imaginaires. Il n'a accordé que cinq points mérités en 69 1/3 manches, une moyenne de 0,65 qui, avec son pourcentage de conversion des sauvetages (94%), le place fermement dans la conversation pour le trophée Cy-Young dans la Ligue américaine.

Ses statistiques avancées le distinguent également de la plupart des lanceurs, et le fait qu'il ait accompli tout ça pour une équipe qui mène sa section depuis le début du mois d'avril fait de l'artilleur de 26 ans — déjà le leader des sauvetages en carrière chez les Guardians — un candidat encore plus logique.

Mais ça dépasse les simples chiffres avec Clase, qui occuperait probablement le premier rang dans les Ligues majeures pour le nombre de bâtons fracassés, si l'on tenait compte de cette statistique.

Il veut la balle tous les jours. Il est assoiffé. Le mois dernier, après que Clase eut lancé lors de quatre jours consécutifs, le gérant recrue Stephen Vogt l'a fait rester dans l'abri pour qu'il n'y ait aucune chance qu'il lance.

Aucun releveur dans la Ligue américaine n'a gagné le Cy-Young depuis Dennis Eckersley, avec les Athletics d'Oakland, en 1992. Dans la Ligue nationale, le Québécois Éric Gagné a été le dernier à réaliser pareil exploit, après avoir accumulé 55 sauvetages avec les Dodgers de Los Angeles en 2003.

Les journalistes hésitent à voter pour un spécialiste, peut-être l'équivalent pour le baseball d'un joueur défensif remportant le trophée Heisman au football universitaire. Mais Clase s'est constitué un dossier solide qui pourrait mettre fin à la disette.

C'est en tout cas ce que pense Vogt.

« Pour moi, le Cy-Young est comme le joueur le plus utile», explique Vogt. «C'est le lanceur le plus utile, et à cause de ce qu'Emmanuel représente pour nous et pour notre équipe, c'est sûr à 100% qu'il devrait être pris en considération. Mais c'est mon opinion. Je n'ai pas le droit de voter et je suis un peu partial. »

Avec chaque retrait sur trois prises et chaque bâton fracassé, Clase, qui a sauvé 86 matchs lors des deux dernières saisons, a gagné le respect des frappeurs et des gérants des deux ligues.

« Il fait partie de l'élite. Il est l'un des meilleurs du baseball, sinon le meilleur », a déclaré le gérant des Royals de Kansas City, Matt Quatraro, lors d'un récent passage à Cleveland.

« Il n'y a pas grand-chose que l'on puisse dire qu'il ne fait pas bien. Il retire les droitiers et les gauchers. Il provoque des roulants. Il y a très peu de dégâts. Il y a des retraits sur trois prises.»

«Il est clair qu'il aime ce moment. Il ne recule devant aucun moment. Il peut lancer pendant plusieurs manches, s'il en a besoin. Je pense que toutes les équipes aimeraient avoir quelqu'un comme lui.»

Pour sa part, Clase reste humble et ne se laisse pas impressionner par son succès et l'attention qu'il suscite.

« Je considère que c'est mon rôle », a-t-il déclaré par l'intermédiaire de l'interprète de l'équipe, Agustin Rivero.

« Je sais que c'est le moment où je vais devoir lancer, et je dois me préparer à être performant dans ces situations. »

Les spécialistes de fins de matchs sont uniques. Ils travaillent sous une pression énorme sur un fil de fer virtuel où une erreur peut coûter cher. Clase l'a fait pendant des mois, sans broncher.

Quant à savoir s'il mérite des récompenses, c'est à d'autres qu'il appartient de le faire.

« Je pense que les chiffres parlent d'eux-mêmes», a déclaré Clase. «Pour en arriver là, il faut travailler tout au long de la saison. Jusqu'à présent, j'ai été capable de réaliser ce genre de performances. »