Une biographie qui parle à peine des Expos
MLB mercredi, 7 août 2019. 09:56 samedi, 23 nov. 2024. 20:20Cet été, on a pu voir sur les tablettes des librairies la biographie de l'ex-commissaire du baseball, Bud Selig, intitulée : «For the Good of the Game». Compte tenu de sa position lors de moments clés de la fin de l'histoire des Expos de Montréal, il me semblait de mise de passer à travers le document.
D'abord, le document s'inscrit ni plus ni moins dans une tradition où les commissaires rendent publics leurs mémoires. Cela a été le cas particulièrement depuis Happy Chandler, qui était en charge lorsque Jackie Robinson a fait le saut dans le baseball majeur en 1947. Ont suivi des biographies de Ford Frick, Bowie Kuhn et Fay Vincent. Kenesaw Landis et Bart Giammatti ont aussi fait l'objet d'ouvrages, eux qui sont décédés en fonction. Dans le cas de Peter Ueberroth, seul un livre sur les Olympiques de 1984 a été rédigé jusqu'ici, bien avant son passage comme commissaire.
Les amateurs de baseball de Montréal qui s'attendent à en savoir plus sur ce qui s'est passé sous le règne de Selig seront déçus. La référence la plus intéressante est lors du passage de l'équipe dans les mains du baseball majeur après la saison 2001 et encore, il insiste davantage sur son travail concernant les Red Sox de Boston. Rappelons que Jeffrey Loria s'était porté acquéreur des Marlins et que les proprios des Marlins étaient devenus propriétaires des Red Sox, un tour du chapeau orchestré par le baseball majeur. Selig indique brièvement que Montréal avait besoin d'un stade et qu'aucun groupe local de propriétaires ne semblait intéressé. Il faut bien préciser que les amateurs d'ici en avaient assez de se faire berner et qu'il était devenu difficile de réparer les pots cassés.
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Selig raconte ses débuts dans le baseball qui sont ironiquement liés au départ des Braves de Milwaukee vers Atlanta en 1966. Il a alors fait du retour du baseball à Milwaukee sa principale mission. Entretemps, un groupe dont faisait partie Selig a poursuivi le baseball majeur, ce qui n'est certes pas sans rappeler ce qui s'est passé après le départ des Expos. Selig a finalement gagné son pari en formant un consortium et achetant les Pilots de Seattle à la toute fin du camp d'entraînement de 1970 d'un propriétaire qui cherchait désespérément à vendre l'équipe.
Deux autres dossiers retiennent l'attention à mes yeux : la grève de 1994 et le scandale des stéroïdes. Dans le premier cas, on peut se rendre compte que les dirigeants n'étaient probablement pas aussi unis qu'ils le laissaient paraître. En 1993, une réunion fort houleuse semblait avoir créé un schisme irréparable entre les équipes évoluant dans de grands marchés et les autres. Au fil des mois suivants, on en est finalement venu à un compromis en liant un certain partage des revenus à un plafond salarial, ce à quoi les joueurs se sont toujours opposés à ce jour. Le conflit a éventuellement mené à l'annulation de la Série Mondiale de 1994 alors que les Expos connaissaient la meilleure saison de leur histoire. Lors de l'annonce de la fin de la saison en septembre, le président des Expos Claude Brochu tentait bien maladroitement d'expliquer que le plafond salarial était lié au partage des revenus. Il ne pouvait certes admettre qu'il ne pouvait en être autrement sans créer une division importante au sein des propriétaires.
Le scandale des stéroïdes prend une place importante dans le livre de Selig. Il repousse le blâme sur l'Association des joueurs, qui a finalement accepté de s'attarder au problème en raison de la pression publique. L'ex-commissaire se dit très fier du chemin qu'il a parcouru, que ce soit sur le plan individuel ou professionnel à la tête du baseball majeur.
En qualité d'amateur et partisan, on peut certes se questionner sur son critère d'excellence de son passage comme commissaire, revenant constamment sur l'augmentation de la valeur des équipes. D'un autre côté, contrairement à certains de ses prédécesseurs - notamment Fay Vincent et Bowie Kuhn - il connaissait son rôle, celui de regrouper les propriétaires. À cet égard, il a réussi à convaincre plusieurs de ses collègues qu'un meilleur partage des revenus était essentiel à la croissance du sport, même s'il reste encore du travail à faire.
En gros, le livre de Selig est une bonne lecture pour quiconque s'intéresse à l'histoire du baseball. Mais pour ceux et celles qui recherchent un complément d'informations sur les Expos seront laissés sur leur appétit.