La nouvelle saison de la NBA débute ce soir et c’est avec plaisir que je vous accompagnerai tout au long de celle-ci sur le RDS.ca avec des chroniques régulières. En temps normal, le premier article aurait servi à vous parler des équipes qui peuvent prétendre au titre, les forces émergentes ou en déclin, les joueurs qui risquent d’éclore, etc. Bien que je promette d’aborder certains de ces aspects un peu plus bas dans ce texte, ne faisons pas semblant que c’est une saison comme les autres qui s’apprête à commencer. Un seul contrat de joueur autonome signé au cours de l’été aura réussi à faire complètement basculer l’univers de la NBA et à forcer une réévaluation complète de l’état des forces dans le circuit Silver.

À moins que vous ayez été contraint de passer les quatre derniers mois dans une grotte ou sur une île déserte, vous savez maintenant que Kevin Durant a choisi de quitter le Thunder d’Oklahoma City afin d’évoluer dorénavant avec les Warriors de Golden State. Oui, les mêmes Warriors qui viennent de rééditer le livre des records à 25 nouveaux endroits grâce à saison folle de 73 victoires et seulement 9 défaites. Plusieurs partisans et experts ont donc crié à l’injustice quand Durant a annoncé son choix. Profitons de l’occasion pour remettre quelques pendules à l’heure. Même si Durant s’est soudainement (et injustement) métamorphosé d’employé modèle à vilain par excellence aux yeux de plusieurs, il n’a rien fait de mal dans cette histoire. Après neuf saisons dans les rangs professionnels, il avait 100% le droit de profiter de son autonomie complète et de se joindre à l’équipe de son choix. Bien que plusieurs souhaitent le voir rester dans l’Oklahoma, dans le but de mener cette équipe de petit marché aux plus grands sommets, il n’était pas particulièrement étonnant de le voir quitter Oklahoma City pour des cieux plus excitants. Après avoir été courtisé intensément par une vingtaine de clubs, presque personne n’avait envisagé toutefois qu’il se joindrait à Curry, Thompson et Green en Californie afin de former la nouvelle ‘super équipe’ de la ligue. Plusieurs m’ont d’ailleurs posé la question : comment les Warriors ont-ils pu se permettre d’offrir un contrat maximal à Durant malgré la présence de trois vedettes déjà sur leur masse salariale? La raison est simple : le contrat de Steph Curry. Ayant signé un pacte de 44 millions pour quatre saisons en 2013, alors que ses problèmes de cheville empêchaient encore son talent de pleinement se manifester, Curry représente aujourd’hui l’aubaine par excellence de la NBA pour une dernière saison. Ensuite, il frappera assurément le gros lot. C’était donc l’occasion ou jamais pour les Warriors d’incorporer un autre gros contrat. À pareille date en 2017, l’acquisition de Durant par Golden State serait devenue impossible.

Cette décision de Durant, est-ce une catastrophe pour la NBA et sa fameuse parité? Selon moi, non. Ouvertement, les dirigeants du circuit aiment bien quand les petits marchés ont autant de chances de soulever le trophée que les New York, Los Angeles et Boston de ce monde. Mais dans les faits, ils savent que des équipes polarisantes et bourrées de talent font encore plus jaser et attirent davantage de buzz autour de leur produit aux quatre coins du globe. Ne croyez-vous pas que chaque rencontre des Warriors cette saison représente maintenant un rendez-vous incontournable? Du « must see TV » comme on dit. Exactement comme c’était le cas avec les Bulls lors des belles années de Jordan-Pippen-Rodman. Du Heat quand LeBron avait rejoint ses amis Wade et Bosh à Miami en 2010. Des Lakers quand Nash et Howard s’étaient joint à Gasol et Kobe en 2012. Même si les résultats ne sont pas toujours concluants, tout le monde parle de ces équipes. Et tout le monde souhaite voir ces équipes dominer l’adversaire ou se faire battre contre toute attente. Les médias ont beau se plaindre quand ces super-clubs se forment, ils ne peuvent nier que leur travail devient drôlement plus intéressant quand ils existent.

Tout cela étant dit, il y a un facteur que Durant avait probablement sous-estimé dans cette histoire : peu importe ce qui arrive aux Warriors cette saison, la perception du public à son endroit sera négative. Si Golden State remplit les attentes et soulève le trophée, tout le monde dira que ça allait de soi. Qu’il s’est joint à une équipe déjà fantastique et qu’il a peu de mérite dans l’obtention de sa première bague. Qu’il aurait été mille fois mieux servi de tenter l’exploit avec l’équipe qu’il a bâti depuis neuf saisons en Oklahoma. Et dans l’éventualité où les Warriors se font surprendre ou surclasser en séries, ce serait la catastrophe. Les gens diront que l’équipe était peut-être plus forte, plus homogène ou plus équilibrée avant son arrivée. Bref, selon moi, KD ne peut pas vraiment gagner...

En ce qui concerne la ligue dans son ensemble, voici quelques observations de ma part, dans aucun ordre particulier :

-Sur papier, les Cavaliers seront intouchables dans l’Est, et meilleurs que l’an dernier. Le noyau demeure en place et l’expérience acquise en 2015-2016 n’a pas de prix. Les champions en titre ont également acquis Mike Dunleavy, qui leur apportera encore plus d’équilibre autour du périmètre. Ma seule crainte : le sentiment d’urgence qui habitait LeBron, l’organisation des Cavs et la ville de Cleveland au grand complet ne sera plus au rendez-vous pour les pousser de l’avant. La motivation devra venir de l’intérieur.

-Les Raptors finiront encore dans le top 4 dans l’Est, surtout en raison du retour de Demar DeRozan et son contrat historique. Mais ça prendrait l’émergence de Jonas Valanciunas ou l’éclosion inespérée d’un jeune ou deux pour oser déloger la bande à LeBron. Le seul ajout significatif cet été aura été Jared Sullinger, qui commencera la nouvelle saison sur la liste des blessés.

-Les Celtics représentent l’équipe la plus apte à déloger les Raptors au 2e rang du classement dans l’Est. Ils sont jeunes, rapides, affamés et bourrés de talent. Leur entraîneur (Brad Stevens) a une réputation exceptionnelle. Et l’arrivée d’Al Horford via Atlanta apportera une présence intérieure aux deux bouts du terrain qui fera une énorme différence.

-Je ne crois pas que les acquisitions flamboyantes réalisées par Phil Jackson pour tenter d’améliorer les Knicks cet été étaient sages. Joakim Noah et Derrick Rose amènent avec eux de Chicago une renommée, des gros salaires et des corps fragiles. New York remportera sans doute plus de matchs que les 32 victoires de la saison dernière,  mais le potentiel de croissance à moyen et long terme est minime. Et une participation aux séries de 2017 n’est même pas garantie. Kristaps Porzingis a délogé Carmelo comme pierre angulaire du club l’an dernier et ils se devaient de l’entourer avec un ou deux bons jeunes avec qui il pourrait progresser. Ils ont opté pour le chemin inverse.

-Les Bulls représentent l’autre cas que j’arrive mal à expliquer. En soi, les acquisitions de Dwyane Wade et Rajon Rondo ne sont pas horribles. Mais Wade a beau être natif de la Ville des vents, il est quand même âgé de 34 ans, avec des problèmes de genou, et sera payé 23 millions cette année. De plus, ni Wade, ni Rondo, ni Jimmy Butler ne peuvent être considérés comme des francs-tireurs. Loin de là. Dans la NBA d’aujourd’hui, tes gardes vedettes doivent avoir l’habileté d’étirer les défensives. Doug McDermott est mieux d’être en forme cette saison. Sinon, le manque d’équilibre offensif pourra couler les Bulls au final.

-Les partisans des Nets et des Sixersvont trouver le temps long, une saison de plus.

-Les Spurs et les Clippers seront les plus féroces rivaux des Warriors pour la suprématie dans l’Ouest. L’arrivée de Pau Gasol à San Antonio aidera à faire oublier la retraite de Tim Duncan. Et Gregg Popovich demeure le meilleur entraîneur dans la NBA. À Los Angeles, la fièvre du « Lob City » est encore présente, mais les alley-oops seront lancés moins haut et moins fréquemment. Le noyau mené par Chris Paul et Blake Griffin gagne en maturité, mais la fenêtre pour atteindre les plus hauts sommets commence tranquillement à se refermer.

-Mon club favori pour faire un pas de plus vers le haut : les Blazers de Portland. La paire de Damian Lillard et C.J. McCollum est fantastique. À 26 et 25 ans respectivement, ils constituent peut-être le duo de gardes le plus sous-estimé et émergent de la ligue. Souvenez-vous à quel point Portland avait tenu tête aux Warriors après avoir vaincu les Clippers en première ronde la saison dernière.

-Un peu de contenu canadien pour finir? Andrew Wiggins poursuivra son bon cheminement au Minnesota et pourrait permettre aux Wolves de se faufiler (pourquoi pas?) à une première participation aux séries depuis 2004. Et la nouvelle recrue canadienne à éclore? Jamal Murray, avec les Nuggets de Denver. Un talentueux franc-tireur aux aptitudes athlétiques étonnantes.