Clarifions d'abord la situation. Un peu plus de douze heures après mon combat de championnat du monde contre Bernard Hopkins, je ne vois aucune controverse dans le verdict qui a été rendu et je crois sincèrement que j'ai donné une assez bonne prestation pour mériter la victoire.

J'ai eu échos des commentaires émis par le clan Hopkins après le combat, propos que je considère comme étant de la pure fantaisie. Mais ce n'est pas une situation singulière, puisqu'à chaque fois que les Américains ne sont pas contents d'une décision, ils doivent toujours trouver le moyen de créer une controverse.

Si on considère que le juge américain a mis Hopkins gagnant par un round et que ses homologues ont établi un verdict nul, alors je ne vois vraiment pas comment on peut parler de décision controversée, les trois juges étant pas mal sur la même longueur d'onde.

Tout ça n'est qu'une mise en scène pour faire valoir que Bernard Hopkins mérite un combat revanche. Il n'y a pas de controverse. J'ai gagné les trois premiers rounds, rounds au cours desquels Hopkins a visité le plancher à deux reprises. Cela veut donc dire que je menais par cinq rounds au terme des trois premiers engagements. Aux dires du juge américain, j'aurais donc perdu tous les autres rounds. Je ne suis vraiment pas d'accord avec cette décision. Oui, Hopkins a gagné des rounds après le troisième, mais j'en ai gagnés aussi. Tout comme il y en a eu des plus serrés. Mais ces rounds serrés, il faut normalement les donner au champion.

Je ne partage pas l'opinion du juge américain donc, mais je ne m'en plains pas. Ça fait partie de la boxe. Si Dieu le veut, Bernard et moi aurons un match revanche et je le battrai de façon convaincante afin de dissiper tous les doutes. C'est sûr que j'aimerais que cette revanche ait lieu le plus rapidement possible, mais avant d'entreprendre des pourparlers, je dois d'abord respecter mes engagements avec le clan de Chad Dawson. Je suis un gagnant, et c'est bien évident qu'un match nul ne me satisfait pas. C'est d'ailleurs pour cela que je paraissais déçu à la fin du combat.

Mais au final, même si je n'ai pas offert ma meilleure performance, je retire tout de même un certain nombre d'aspects positifs du combat que j'ai livré samedi au Colisée Pepsi de Québec.

Au cours de toute la carrière de Hopkins dans la boxe professionnelle, je suis probablement le seul à l'avoir martelé de la sorte et cela me procure beaucoup de satisfaction. Le fait d'avoir échangé des coups avec une légende vivante de la boxe m'aura aussi permis d'acquérir beaucoup d'expérience, ne serait-ce qu'au chapitre de la gestion de l'action sur un ring lors d'un combat d'envergure.

Techniquement parlant, j'ai aimé la manière avec laquelle j'ai surpris Hopkins lors des premiers rounds avec ma vitesse et mes explosions. En début de combat, je me suis appliqué à garder Hopkins à distance pour lui envoyer des coups droits.

Reste que Bernard est un vieux renard qui en a vu d'autres et son expérience lui a permis de trouver une façon de contrer quelques aspects de ma stratégie à partir du cinquième round.

Avec du recul, j'ai peut-être eu tendance à bouger un peu trop et cela lui a laissé le temps de reprendre son souffle, surtout que je considère qu'il était en difficulté lorsque je fonçais vers lui et que je feintais.

J'avais dit dans les jours précédant le combat que j'appréhendais les coups à la tête de Hopkins et celui-ci ne s'est pas gêné pour en distribuer beaucoup lors des trois premiers rounds. Cela m'a amené à être un peu plus craintif lorsque venait le temps de lancer mes coups puisque je voulais éviter de me faire couper ou de me faire sonner par un coup de tête. C'est qu'il a la tête dure, monsieur Hopkins.

J'ai beaucoup appris, donc, et je regarde vers l'avenir avec beaucoup d'enthousiasme. Je vais revenir plus fort, de la même manière que je l'ai fait après mon combat contre Carl Froch.

Un gros merci

J'aimerais profiter des dernières lignes de cette chronique pour remercier la ville de Québec et les amateurs de boxe qui sont venus assister au combat. Vous avez fait régner à l'intérieur du Colisée de Québec une ambiance exceptionnelle et je vous remercie de votre support.

Ce n'est que le début, croyez-moi sur paroles. Je suis un champion. Je suis un guerrier. Je n'ai peur de personne, je suis le meilleur, et je continuerai d'affronter les boxeurs les plus dangereux pour le prouver.

*Propos recueillis par Guillaume Rivest