Même si la décision a choqué plusieurs partisans, je n'ai été nullement surpris d'apprendre que le Canadien avait décidé de renvoyer Maxim Lapierre avec les Bulldogs de Hamilton. Dans ce genre de situation, on doit voir plus loin que les simples performances offertes par le joueur et penser à tout ce que les dirigeants de l'équipe doivent prendre en considération avant de prendre une telle décision.

C'est certain que si on s'arrête à ce que Lapierre nous a montré sur la patinoire depuis son rappel, personne ne veut le voir redescendre les échelons, pas plus Guy Carbonneau et Bob Gainey que tous les partisans qui sont tombés sous son charme.

Les hommes qui dirigent le Club de Hockey Canadien savent ce qu'ils font et sont au courant de tout ce qui se passe au sein de l'équipe. Ils savent très bien que leur jeune espoir a donné tout ce qu'il avait à donner et qu'il mérite de rester avec le grand club. Depuis le début de la saison, les décideurs du Canadien prennent leurs décisions en fonction du mérite. Ce n'est donc qu'une question de temps avant Lapierre reprenne l'avion en direction de Montréal.

Pour moi, Lapierre a montré au dernier camp d'entraînement qu'il avait sa place avec cette équipe. C'est le joueur qui m'avait le plus impressionné après Guillaume Latendresse. Pendant son rappel, il a tout fait pour épater la galerie, pour qu'on le remarque. Il est arrivé avec l'intention de se faire une place et c'est exactement ce qu'il a fait.

Il reste maintenant à voir la stratégie que le Canadien empruntera pour faire une place au joueur de 21 ans. La période des Fêtes donnera à l'équipe le temps d'évaluer la situation. Le Tricolore a présentement une belle profondeur et se retrouve en quelque sorte avec un surplus de joueurs, mais il ne faut pas oublier que des blessures peuvent survenir à tout moment et que la malchance de l'un pourra faciliter les décisions à prendre.

Si tout le monde demeure en santé, toutefois, le scénario le plus probable est que Garth Murray ou Aaron Downey écope. Lequel de ces deux joueurs est le moins utile au Canadien? C'est la question que l'équipe devra se poser.

Évidemment, les deux devront passer par le ballottage si on décide de les envoyer dans les mineures et je crois que Murray a beaucoup plus de chances de trouver preneur s'il passe par cette voie. Downey, parce qu'il est plus âgé et qu'il a des antécédents de commotions cérébrales, ne devrait pas être réclamé s'il était disponible. Mais le Canadien veut-il, et peut-il, se priver d'un gars comme lui, qui est capable de rivaliser aux poings avec les meilleurs pugilistes du circuit? Son rôle est-il vraiment nécessaire à une époque ou de moins en moins de durs à cuir ont un emploi dans la LNH?

Une chose est sûre, les réponses à ces questions seront connues assez rapidement. Le Canadien n'a pas l'intention de se priver de Lapierre bien longtemps et c'est un cas qui sera réglé bientôt. Mais, je le rappelle, il suffit d'une malchance, comme celles qui ont frappé Higgins, Bouillon ou Dandenault cette saison, et la question ne se pose même plus.

On peut aussi s'attendre à ce que les hommes de hockey du Canadien prennent une décision éclairée et sensée, comme ils l'ont fait depuis le début de la saison. Gainey et Carbonneau n'en sont pas à leurs premières décisions qui font sursauter les amateurs depuis le début de la saison, mais l'avenir leur a toujours donné raison. L'équipe gagne, tout va bien, et tout ce qu'ils touchent se transforme en or présentement.

Trop tôt pour les comparaisons

Je n'embarque pas dans le jeu des comparaisons auquel ont commencé à s'adonner les médias depuis quelques jours : l'édition actuelle du Canadien est-elle meilleure que celle qui a remporté la dernière coupe Stanley de la concession en 1993?

Des comparaisons aussi hâtives se retrouvent la plupart du temps faussées par toutes sortes d'événements. Tellement de choses peuvent se produire d'ici les séries, et même une fois qu'on y est, la ligne est très mince entre la victoire et la défaite. Il suffit d'une étincelle pour qu'une équipe favorite ne s'écroule.

Qui se méfiait des Hurricanes de la Caroline au milieu de la saison dernière? Qui pensait que les Red Wings de Detroit, qui avaient connu la meilleure saison de leur histoire, se feraient éliminer dès la première ronde? Combien de fois est-ce arrivé que la meilleure équipe au classement général soulève la coupe en juin? Alors s'il vous plaît, laissons les prédictions et les comparaisons de côté.

Il faut toutefois comprendre les partisans de s'emporter et de s'enflammer. Il faut être réaliste, il y a longtemps que leur équipe n'a pas été si bonne. Gardons les deux pieds sur terre, mais force est d'admettre que leur position au classement et le fait qu'ils se battent pour les positions de tête plutôt que pour le huitième rang n'a rien d'un hasard.

Il y a un mois, on m'avait demandé si on pouvait dire qualifié le Canadien d'équipe dangereuse. J'avais répondu par l'affirmative parce que c'est une formation qui peut te battre de plusieurs façons, qui a plusieurs armes dans son arsenal.

La plus importante se trouve entre les deux poteaux. Cristobal Huet est venu - pas mêler les cartes- mais simplement répéter ce qu'il nous avait montré l'an dernier. Si lui est hot, l'équipe est hot. Les défenseurs se permettent de prendre un peu plus de chance parce qu'ils ont confiance au gars derrière eux. Les attaquants sont frais et dispos parce que Carbonneau joue à quatre trios. Le Canadien a un excellent mélange de vétérans et de recrues et tout le monde se complète à merveille.

Une tuile sur les Penguins

Avec le refus de l'État de la Pennsylvanie d'accorder un permis de machines à sous à Isles of Capri Casino, Gary Bettman se retrouve en quelque sorte dans l'eau bouillante. On sait que tous les espoirs des Penguins de Pittsburgh de se bâtir un nouvel aréna résidaient dans cette décision. Il y a deux semaines, le commissaire de la Ligue nationale de hockey avait dit qu'il n'était pas question d'envisager une solution alternative.

En d'autres mots, si Isles of Capri n'obtenait pas son permis, il n'y avait pas de plan B. Maintenant, si on veut que l'équipe reste à Pittsburgh, ça va en prendre un.

L'équipe se cherche un propriétaire, n'est pas plus avancé pour la construction d'un nouvel amphithéâtre… Il sera intéressant de voir comment Bettman conduira le dossier et s'il endossera les décisions que prendra Mario Lemieux.

Ça serait dommage que les choses ne fonctionnent pas à Pittsburgh, surtout pour les partisans, qui auront toute une équipe sous les yeux au cours des prochaines années. Même s'ils ont eu la chance de gagner deux coupes Stanley au début des années 1990, ça fait quelques années qu'ils paient le prix avec des équipes moribondes et c'est sur le point de rapporter.

Si l'équipe devait déménager, c'est certain que je prêcherai pour ma paroisse et que je vous dirai que j'aimerais la voir à Québec. Comme amateur de hockey, on ne pourrait demander meilleur scénario. Mais ça prendrait d'abord des propriétaires prêts à construire un aréna qui remplit les exigences du hockey d'aujourd'hui et prêts à s'investir dans une vision à long terme.

On peut toujours rêver, mais pour ce qui est du retour de la LNH à Québec, permettez-moi d'en douter.

*Propos recueillis par RDS.ca