Reconnu pour ses points de vue mordants, Guy Lafleur ne trouve rien à reprocher au Canadien, l'équipe Cendrillon des séries éliminatoires de 2010, mais il tient quand même à prévenir ceux qui seraient tentés de célébrer trop vite.

"Gagner des séries, ce n'est pas gagner la coupe Stanley", a répondu Lafleur lorsque questionné sur le travail des joueurs acquis par le Tricolore l'été dernier.

"Je pense que Bob Gainey a pris un gros pari lorsqu'il est allé chercher tous ces joueurs. Ça tourne en sa faveur présentement. (...) C'est bon et c'est le fun, j'espère que ça va continuer. Mais quand on bâtit une équipe comme ça, il ne faut pas penser à court terme, il faut penser à long terme. C'est seulement dans quelques années qu'on va pouvoir mesurer l'efficacité de ses décisions. Mais en ce moment, ce sont des bons choix. Les joueurs se sont regroupés, ils ont pris conscience de l'importance du moment. C'est ce qui compte."

Le Démon blond a beaucoup de plaisir à suivre le parcours du Tricolore depuis le début des séries. Pour la première fois depuis belle lurette, il a la chance d'observer un franc-tireur qui trouve le fond du filet au même rythme qu'il le faisait lui-même dans les années 1970.

"Je trouve ça formidable et j'espère qu'il va poursuivre sur sa lancée, dit Lafleur au sujet de Michael Cammalleri, qui a réussi 12 buts depuis le début des séries. On a besoin d'un gars comme ça. On voit qu'il a du plaisir à jouer et qu'il veut gagner. Ça se reflète sur toute l'équipe."

Et sans aller jusqu'à comparer Maxim Lapierre à Maurice Richard, comme l'ont fait avec humour certains observateurs après que Lapierre eut inscrit le but vainqueur dans le sixième match de la série contre Pittsburgh, l'ancienne comète blonde insiste pour dire que les succès du Canadien sont l'affaire de tous les joueurs qui endossent l'uniforme.

"On en a gagné, des coupes Stanley, et ce n'est pas toujours moi ou Yvan Cournoyer qui marquaient les buts gagnants. Nous avions de bons plombiers comme Pierre Bouchard, Jim Roberts et Rick Chartraw qui ont marqué des buts importants pour nous permettre de sortir vainqueurs de différentes séries. C'est ce qui se passe présentement chez le Canadien. Tout le monde donne 100% pour gagner, on voit leur désir de vaincre. Ils forment une unité, ils jouent en équipe et c'est ce qui fait leur force présentement."

Lafleur a aussi son opinion sur le vent de folie qui souffle, parfois trop fort, sur la ville de Montréal.

"Il y avait un engouement pour nous à l'époque, mais quand tu gagnes quatre coupes Stanley consécutives, les gens s'habituent!, dit-il en riant. Du moins, ils s'attendent à ce que tu gagnes. C'est peut-être pour ça que présentement, les partisans s'exclament plus, fêtent plus. Je trouve par contre désolant qu'on casse des vitrines et qu'on saccage des commerces. Il y a moyen de célébrer sans faire ça."

*D'après une entrevue réalisée par Félix Séguiné