BOSTON - Scott Gomez avait prévenu ses dénigreurs. Ce petit quelque chose qui flotte dans l'air à l'arrivée des séries éliminatoires lui fait généralement le plus grand bien.

Sa performance lors du premier match de la série entre le Canadien et les Bruins lui a donné raison. Auteur de seulement 31 mentions d'aide en saison régulière, son plus faible total depuis son arrivée dans la Ligue nationale, Gomez a préparé les deux buts de Brian Gionta dans une victoire de 2-0.

« Je vous l'avais bien dit », aurait-il pu répéter au terme du match, mais l'énigmatique attaquant n'a pas voulu enfoncer le clou.

« Je n'ai pas vraiment d'explication, a calmement déclaré Gomez au terme de son premier match de plus d'un point depuis le 21 janvier. Je l'ai dit, je me sens bien quand les séries arrivent, c'est une période de l'année au cours de laquelle on a une foule de raisons d'être enthousiaste. Tout le monde qui s'intéresse au hockey regarde dans la même direction. »

« Mais ce n'est pas important qui marque, qui met son nom sur la feuille de pointage, s'est ensuite empressé d'ajouter la troisième étoile du match. L'important, c'est de gagner. »

Caché derrière son humilité, Gomez pouvait compter sur Mathieu Darche, qui a passé plus de 17 minutes sur la glace à ses côtés, pour l'encenser.

« Scott ne parlait pas à travers son chapeau quand il disait qu'il était un joueur de séries. Il a été à l'origine de nos deux buts et il a même essayé de me rejoindre une couple de fois », a-t-il dit à la blague.

« Aujourd'hui, je me suis surtout concentré sur Gio. Demain, on verra ce qu'on peut faire avec lui », s'est défendu Gomez avec un sourire plutôt mal dissimulé en parlait de l'ailier québécois.

Gionta, un marqueur naturel

L'unique marqueur du match a lui aussi offert son meilleur effort pour rediriger l'attention vers ses compagnons de trio, s'empressant notamment de se porter à la défense de son joueur de centre.

« Souvent, la ligne est mince entre le succès et l'échec, a fait remarquer Gionta, sous-entendant que Gomez ne jouait pas aussi mal que ses statistiques pouvaient le laisser croire. Parfois, un beau jeu passera inaperçu simplement parce que son dénouement n'est pas celui recherché et nous nous retrouverons exposés à la critique. Si le jeu fonctionne, la perception des gens change automatiquement. »

Justement, Gionta a peut-être changé la perception de bien des observateurs sur les chances de son équipe de battre les Bruins quand il a ouvert la marque dès la troisième minute. C'est Gomez qui l'a trouvé à l'embouchure du filet de Tim Thomas après avoir intercepté une tentative de sortie de zone le long de la rampe.

Puis il restait à peine trois minutes au troisième vingt quand Gomez a subtilisé le disque à Milan Lucic à la ligne bleue des Bruins. Le temps de faire quelques enjambées, il l'a refilé à Gionta qui s'est assuré de confirmer la victoire des visiteurs.

Gionta a maintenant cinq buts à ses trois derniers matchs.

« Brian est un marqueur naturel, a vanté Gomez. Même quand il connaît une léthargie, on sait qu'il va s'en sortir, parce que c'est ce qu'il fait depuis le début de sa carrière. C'est comme ça qu'il paie ses factures. »

Price fait oublier Halak, rappelle plutôt Roy

Entre les deux buts du capitaine, ce sont les Bruins qui ont été les plus menaçants, mais de la façon dont Price gardait le filet, aussi bien dire que les carottes étaient cuites pour les locaux.

Si jamais les souvenirs de Jaroslav Halak traînaient encore dans la mémoire de certains nostalgiques, Price n'aurait pu s'y prendre de meilleure façon pour les effacer. Tout lui a semblé facile jeudi soir. Même quand les Bruins l'ont poivré de 18 lancers en deuxième période, Price, grâce à un positionnement impeccable, n'a jamais paru dans le pétrin.

Il est le premier gardien du Canadien depuis Patrick Roy, en 1992, à réussir un jeu blanc pour commencer les séries éliminatoires.

« Carey a cette présence devant son filet. Que vous le vouliez ou non, il place la barre très haute pour chacun de ses coéquipiers. Il faisait partie de nos succès l'an passé, même s'il jouait moins, mais cette année il a vraiment élevé son jeu à un autre niveau », a constaté Gomez.

« Les Bruins ont passé beaucoup de temps dans notre zone, mais je ne crois pas qu'ils aient eu de très grosses chances de marquer, évalue Darche. On a su les garder à l'extérieur des zones critiques, on a joué en comité de cinq. On a eu des moments de faiblesse et il nous reste bien des choses à corriger, mais Carey était toujours là pour éviter que ça nous coûte cher. »

Et Carey, devinez ce qu'il a fait? Il a repoussé les compliments avec autant d'efficacité que les rondelles.

« On voulait sortir fort, obtenir le premier but et obtenir la première victoire. Les gars ont fait du bon travail et nous avons atteint notre premier objectif. Peu importe ce qui s'est passé en saison régulière, ça n'a plus d'importance maintenant. »

« C'est juste un match, a également souligné sobrement Gomez. C'est bon d'avoir une victoire, mais demain, tout recommence à zéro. »