Le Canadien jouera gros
Hockey mercredi, 4 janv. 2012. 11:02 vendredi, 15 nov. 2024. 10:47
On nous a raconté des choses un brin insensées dans le dernier point de presse de Pierre Gauthier.
D'un strict point de vue de directeur général, Gauthier a dit les bonnes choses. Il a reconnu que toute l'équipe, joueurs, personnel d'entraîneurs et directeur général, a ses torts. Il a blâmé l'inertie des vétérans qui exercent une pression indue sur les jeunes par leur incapacité à effectuer le travail pour lequel ils sont richement payés. Il a même tenté de générer de l'espoir en refusant de baisser les bras sur une saison désastreuse. Une saison qui est en train de faire la démonstration que le Canadien n'est pas, à moyen ou même à long terme, un candidat logique à la coupe Stanley, comme on a souvent tenté de nous le faire croire.
Pour les excuses, ça s'est arrêté là. Quand les choses vont vraiment mal, la direction du Canadien a plutôt tendance à nous en mettre plein les oreilles. Ça vient de se produire encore. J'ai sursauté quand Gauthier a affirmé que la performance de l'équipe avait été meilleure au cours des deux ou trois derniers matchs. Non, mais...
Sans vouloir lui soutirer tout le crédit qui lui revient, Randy Cunneyworth a remporté son unique victoire à Ottawa quand les deux gardiens des Sénateurs se sont tranformés en passoires.
À Tampa, deux jours plus tard, contre un adversaire qui en arrache autant que le Canadien et qui était d'ailleurs posté derrière lui dans le classement, l'équipe menait 3-2 après 40 minutes avant de s'écraser une nouvelle fois en troisième période. Défaite de 4-3.
Finalement, le Canadien a perdu son dernier match contre les Panthers après avoir accordé 35 tirs, dont 14 durant une autre troisième période difficile. Il me semble que dans les circonstances, Pierre Gauthier devrait se garder une petite gêne et ne pas trop insister sur les améliorations qu'il dit avoir constatées.
Il affirme entrevoir de meilleurs jours parce que sa troupe disputera 11 des 15 prochains matchs à domicile. Pourtant, si on en juge par son rendement de la saison à la maison (cinq victoires en 18 présences), pas sûr qu'il faille y voir un avantage.
Pour lui, les solutions passent par trois étapes, notamment celle du renfort qui s'en vient. Du renfort, monsieur Gauthier? Où ça? Quand ça? Brian Gionta, qui connaît une mauvaise saison, est sur le point de revenir, mais on est sans nouvelle de Scott Gomez. Andrei Markov, lui, jouera peut-être à Pâques. Or, pour que le Canadien participe aux séries, compte tenu de l'immense retard à combler, il faudrait que ces trois-là soient dans la formation dès ce soir. Quand ils seront tous de retour, le Canadien sera occupé depuis longtemps à tuer le temps avant que sa sixième exclusion des séries en 13 ans soit confirmée.
Selon lui, cette relance doit aussi passer par les joueurs qui doivent tous s'impliquer totalement. Tu parles. Comment pourraient-ils tous mettre la «switch à ON» quand ils patinent comme des 60 watts depuis des semaines? Comment pourrait-on faire appel à la fierté des joueurs quand une bonne partie d'entre eux ne donnent pas l'impression d'être embarrassés par leur 13e place dans l'Est et leur 26e position dans la ligue?
La fierté n'est pas un élément qu'on obtient sur commande. Le caractère ne se forge pas dans un claquement de doigts. On pourrait peut-être prétendre que cette équipe petite et frileuse a perdu son identité en cours de route, mais on n'a jamais pu établir clairement quelle était cette identité au cours des dernières années.
Il faut changer la mentalité
Pour une raison qu'on ignore, la complaisance s'est installée dans le vestiaire cette saison. Dès le départ, au lieu de mettre les bouchées doubles pour remplacer adéquatement Markov, comme les Penguins de Pittsburgh l'ont toujours fait durant l'absence de Sidney Crosby et d'Evgeni Malkin, on s'est contenté de l'attendre, de sorte qu'à mi-chemin dans la saison, les chances du Canadien de participer aux séries sont maintenant presque nulles.
Il faudra revoir la composition de ce groupe disparate formé de joueurs représentant neuf nationalités différentes qui ne semblent pas tous avoir les mêmes objectifs. Faudra établir où se situe le caractère, qui est capable de jouer avec émotion et qui respecte suffisamment le logo pour mériter de le porter?
Il y a tellement de travail à accomplir avant que le Canadien redevienne une formation respectable et respectée. Il ne faudra surtout pas que M.Molson se laisse endormir par son personnel hockey quand, dans le bilan de fin de saison, on lui expliquera que les blessures ont privé l'équipe d'une participation aux séries. On l'a trop souvent entendue, celle-là. Toutes les équipes sont frappées durement à un moment ou un autre. Certaines réagissent avec beaucoup de caractère. D'autres s'écroulent lamentablement.
Personnellement, j'ai confiance en Geoff Molson. C'est un homme déterminé qui a de grands objectifs financiers à rencontrer. Il a commis une erreur en laissant un entraîneur unilingue anglophone prendre place derrière le banc, mais j'ai bien l'impression qu'il n'est pas prêt de se laisser influencer une autre fois de cette façon.
J'aime la détermination de Randy Cunneyworth qui, pour sauver sa peau, s'est mis à l'étude du français, mais le grand coup de balai dont le Canadien a besoin ne sera pas complet tant que cette question n'aura pas été réglée d'une façon définitive.
Il faut que ça cesse
Pour repartir à neuf et pour changer l'ambiance dans une équipe actuellement sans âme, le Canadien doit revenir l'automne prochain avec des têtes dirigeantes respectées qui proposeront un mode de gestion différent. Les joueurs, qui sont confortablement installés dans leur zone de confort, ne donnent pas l'impression de craindre quoi que ce soit en ce moment.
Il faut que ça cesse. Cette incapacité chronique à reconstruire l'équipe sur du solide après des décennies de succès ternit l'image d'une organisation qui n'a de brillant que son histoire. Sam Pollock doit se retourner dans sa tombe en constatant pareil gâchis.
Si on laisse passer cette occasion unique de changer la mentalité de l'équipe d'une façon radicale, les amateurs n'auront peut-être d'autre choix que celui de prendre leur distance avec une équipe qu'ils ont toujours beaucoup aimée. Ça s'est déjà vu des foules fidèles qui ont déserté des stades. Dans le monde du sport professionnel, il n'y a pas 10 façons de se faire respecter comme consommateur. Ou tu achètes ou tu n'achètes plus.
Le Canadien jouera gros l'été prochain. Très gros.
D'un strict point de vue de directeur général, Gauthier a dit les bonnes choses. Il a reconnu que toute l'équipe, joueurs, personnel d'entraîneurs et directeur général, a ses torts. Il a blâmé l'inertie des vétérans qui exercent une pression indue sur les jeunes par leur incapacité à effectuer le travail pour lequel ils sont richement payés. Il a même tenté de générer de l'espoir en refusant de baisser les bras sur une saison désastreuse. Une saison qui est en train de faire la démonstration que le Canadien n'est pas, à moyen ou même à long terme, un candidat logique à la coupe Stanley, comme on a souvent tenté de nous le faire croire.
Pour les excuses, ça s'est arrêté là. Quand les choses vont vraiment mal, la direction du Canadien a plutôt tendance à nous en mettre plein les oreilles. Ça vient de se produire encore. J'ai sursauté quand Gauthier a affirmé que la performance de l'équipe avait été meilleure au cours des deux ou trois derniers matchs. Non, mais...
Sans vouloir lui soutirer tout le crédit qui lui revient, Randy Cunneyworth a remporté son unique victoire à Ottawa quand les deux gardiens des Sénateurs se sont tranformés en passoires.
À Tampa, deux jours plus tard, contre un adversaire qui en arrache autant que le Canadien et qui était d'ailleurs posté derrière lui dans le classement, l'équipe menait 3-2 après 40 minutes avant de s'écraser une nouvelle fois en troisième période. Défaite de 4-3.
Finalement, le Canadien a perdu son dernier match contre les Panthers après avoir accordé 35 tirs, dont 14 durant une autre troisième période difficile. Il me semble que dans les circonstances, Pierre Gauthier devrait se garder une petite gêne et ne pas trop insister sur les améliorations qu'il dit avoir constatées.
Il affirme entrevoir de meilleurs jours parce que sa troupe disputera 11 des 15 prochains matchs à domicile. Pourtant, si on en juge par son rendement de la saison à la maison (cinq victoires en 18 présences), pas sûr qu'il faille y voir un avantage.
Pour lui, les solutions passent par trois étapes, notamment celle du renfort qui s'en vient. Du renfort, monsieur Gauthier? Où ça? Quand ça? Brian Gionta, qui connaît une mauvaise saison, est sur le point de revenir, mais on est sans nouvelle de Scott Gomez. Andrei Markov, lui, jouera peut-être à Pâques. Or, pour que le Canadien participe aux séries, compte tenu de l'immense retard à combler, il faudrait que ces trois-là soient dans la formation dès ce soir. Quand ils seront tous de retour, le Canadien sera occupé depuis longtemps à tuer le temps avant que sa sixième exclusion des séries en 13 ans soit confirmée.
Selon lui, cette relance doit aussi passer par les joueurs qui doivent tous s'impliquer totalement. Tu parles. Comment pourraient-ils tous mettre la «switch à ON» quand ils patinent comme des 60 watts depuis des semaines? Comment pourrait-on faire appel à la fierté des joueurs quand une bonne partie d'entre eux ne donnent pas l'impression d'être embarrassés par leur 13e place dans l'Est et leur 26e position dans la ligue?
La fierté n'est pas un élément qu'on obtient sur commande. Le caractère ne se forge pas dans un claquement de doigts. On pourrait peut-être prétendre que cette équipe petite et frileuse a perdu son identité en cours de route, mais on n'a jamais pu établir clairement quelle était cette identité au cours des dernières années.
Il faut changer la mentalité
Pour une raison qu'on ignore, la complaisance s'est installée dans le vestiaire cette saison. Dès le départ, au lieu de mettre les bouchées doubles pour remplacer adéquatement Markov, comme les Penguins de Pittsburgh l'ont toujours fait durant l'absence de Sidney Crosby et d'Evgeni Malkin, on s'est contenté de l'attendre, de sorte qu'à mi-chemin dans la saison, les chances du Canadien de participer aux séries sont maintenant presque nulles.
Il faudra revoir la composition de ce groupe disparate formé de joueurs représentant neuf nationalités différentes qui ne semblent pas tous avoir les mêmes objectifs. Faudra établir où se situe le caractère, qui est capable de jouer avec émotion et qui respecte suffisamment le logo pour mériter de le porter?
Il y a tellement de travail à accomplir avant que le Canadien redevienne une formation respectable et respectée. Il ne faudra surtout pas que M.Molson se laisse endormir par son personnel hockey quand, dans le bilan de fin de saison, on lui expliquera que les blessures ont privé l'équipe d'une participation aux séries. On l'a trop souvent entendue, celle-là. Toutes les équipes sont frappées durement à un moment ou un autre. Certaines réagissent avec beaucoup de caractère. D'autres s'écroulent lamentablement.
Personnellement, j'ai confiance en Geoff Molson. C'est un homme déterminé qui a de grands objectifs financiers à rencontrer. Il a commis une erreur en laissant un entraîneur unilingue anglophone prendre place derrière le banc, mais j'ai bien l'impression qu'il n'est pas prêt de se laisser influencer une autre fois de cette façon.
J'aime la détermination de Randy Cunneyworth qui, pour sauver sa peau, s'est mis à l'étude du français, mais le grand coup de balai dont le Canadien a besoin ne sera pas complet tant que cette question n'aura pas été réglée d'une façon définitive.
Il faut que ça cesse
Pour repartir à neuf et pour changer l'ambiance dans une équipe actuellement sans âme, le Canadien doit revenir l'automne prochain avec des têtes dirigeantes respectées qui proposeront un mode de gestion différent. Les joueurs, qui sont confortablement installés dans leur zone de confort, ne donnent pas l'impression de craindre quoi que ce soit en ce moment.
Il faut que ça cesse. Cette incapacité chronique à reconstruire l'équipe sur du solide après des décennies de succès ternit l'image d'une organisation qui n'a de brillant que son histoire. Sam Pollock doit se retourner dans sa tombe en constatant pareil gâchis.
Si on laisse passer cette occasion unique de changer la mentalité de l'équipe d'une façon radicale, les amateurs n'auront peut-être d'autre choix que celui de prendre leur distance avec une équipe qu'ils ont toujours beaucoup aimée. Ça s'est déjà vu des foules fidèles qui ont déserté des stades. Dans le monde du sport professionnel, il n'y a pas 10 façons de se faire respecter comme consommateur. Ou tu achètes ou tu n'achètes plus.
Le Canadien jouera gros l'été prochain. Très gros.