MONTRÉAL – Il suffisait d’un coup d’œil moindrement attentif vers Johny Hendricks mercredi pour comprendre qu’il n’était pas venu à Montréal pour y jouer les touristes.

Hendricks ne courait aucun risque en entrant dans l’octogone de fortune érigé en plein milieu d’un centre commercial du centre-ville. Quelques étirements, une courte séance de boxe simulée et ensuite on enlève les gants. Une apparition publique de routine, rien de plus compliqué. Mais à travers l’épaisse barbe noire qu’il arbore avant chacun de ses combats, son sourire charismatique laissait dévoiler une demi-lune bleue dont on était en droit de questionner l’utilité.

Un protecteur buccal. Clairement, c’était le début d’un voyage d’affaires pour celui que plusieurs considèrent comme l’aspirant numéro un à la ceinture de champion des mi-moyens présentement accrochée à la taille de Georges St-Pierre.  

Mais si Hendricks s’était préparé à encaisser des coups, c’est peut-être parce qu’il savait qu’il avait l’intention d’en porter quelques-uns. Et ses premières salves ont été lancées peu après qu’il eut enlevé sa dernière pièce d’équipement.

« Si je défais Carlos Condit, plus personne ne sera dans mon chemin. GSP ne peut se cacher éternellement », a-t-il laissé tomber sur un ton accusateur.

Peut-être une mise en contexte s’impose-t-elle?

Hendricks était à Montréal il y a quatre mois. Dans les jours précédant le UFC 154, il était de notoriété publique qu’une victoire aux dépens de Martin Kampmann ferait de lui le prétendant logique au titre des mi-moyens qu’allaient se disputer St-Pierre et Condit. 

Hendricks n’aurait pu remplir sa part du marché de façon plus convaincante ce soir-là. Un K.-O. en 46 secondes, une cinquième victoire de suite. Pas de doute, il serait de retour avant que la neige ne soit fondue. Et il ne s’était pas trompé! Mais c’est plutôt Condit, la plus récente victime de GSP, qu’il se prépare à affronter en se demandant encore pourquoi le champion a plutôt insisté pour donner sa chance à Nick Diaz.

« Je ne sais pas à quoi il pense, s’est questionné l’Américain de 29 ans. Je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête, mais j’aimerais simplement qu’il me le dise. S’il préfère affronter Diaz parce qu’il a dit de mauvaises choses à son sujet, soit. Mais qu’il ne vienne pas insinuer que je ne suis pas un aspirant légitime parce que je ne méritais pas telle ou telle victoire. C’est ce qui me fâche dans toute cette histoire. »

« J’ai accompli plus que GSP, avance même « Bigg Rigg ». Tous ceux qu’il a battus, je les ai battus en plus d’en mettre deux K.-O. J’ai fait ce que j’avais à faire et maintenant j’ai besoin qu’on me donne ma chance. »

Les attaques de Hendricks peuvent sembler rancunières et personnalisées, mais il assure qu’il n’en est rien. La seule et unique raison pour laquelle il porte autant d’attention aux paroles et aux gestes de l’homme qu’il accuse de l’éviter, c’est qu’il possède la seule chose qu’il convoite depuis qu’il a fait son premier pas dans une cage de combat.

« Je veux la ceinture, simplifie celui qui affiche un dossier de 9-1 au UFC. Je me fous de Georges St-Pierre, mais c’est lui qui détient la ceinture, alors c’est lui que je veux. S’il gagne et décide de changer de division, devinez quoi? Je m’en fous. Si Diaz gagne, ça me fera plaisir d’aller lui coller mes jointures au visage. Je me fous de tout le monde, à l’exception de celui qui a cette chose accrochée autour de la taille. C’est ça que je vise et rien d’autre. »

Plus qu’une grosse gauche

Johny Hendricks

Hendricks est conscient que toutes ses aspirations, tout le mérite qu’il a accumulé avec sa puissante gauche, tout ça pourrait s’écrouler comme un château de cartes samedi s’il ne parvient pas à s’imposer contre Condit, un adversaire auquel il a dû s’ajuster au cours du dernier mois après qu’une blessure à Rory MacDonald soit venue chambouler l’ordre de la carte du UFC 158.

« Condit est un combattant exceptionnel. Je l’avais à l’œil avant même de faire mon entrée dans le WEC (en 2008), alors le simple fait d’être en compétition avec lui dans l’octogone est un accomplissement en soi pour moi. Je crois qu’il me forcera à utiliser certains atouts que personne n’a vus encore et j’ai bien hâte de vous montrer tout ça. »Hendricks sait qu’il commence à être précédé par sa réputation. Le mot se passe plutôt rapidement quand votre main arrière pourrait vous permettre d’abattre un arbre d’un seul coup de poing. Jon Fitch pourrait vous en glisser un mot. Kampmann aussi.

Prévisible, alors, Johny Hendricks? C’est exactement ce qu’il veut que vous pensiez.

« À quand remonte la dernière fois où vous m’avez vu utiliser ma lutte?, demande le double champion amateur de la première division de la NCAA à l’Université Oklahoma State. Personne ne sait comment je prépare mes amenées au sol, personne ne sait quoique ce soit sur mon jiu-jitsu. On sait ce que je peux faire avec mes poings, mais on ignore beaucoup de choses à mon sujet. Vous pouvez visionner autant de vidéos que vous voulez, ça ne veut pas dire que ça vous sera d’une grande aide. »

Hendricks ne dévoilera pas immédiatement ses secrets quant à la stratégie qu’il entend utiliser pour contrer Carlos Condit, mais ce qu’il compte faire une fois que ce sera fait est aussi subtil que sa grosse main gauche.

« Un seul combat me sépare maintenant de mon objectif et je ne donnerai pas à Georges la satisfaction de me voir le perdre. S’il passe Diaz, il n’aura nulle part d’autre où aller que vers moi et je n’en peux plus d’attendre cette journée. »

 

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