C’est ce soir à Mulvane au Kansas que le Québécois Rémy Bussières fera ses débuts dans la prestigieuse organisation américaine Bellator face à Blake Pool.

C’est le tout nouveau casino Kansas Star qui sera l’hôte de cet événement et je suis bien sûr sur place avec Rémy et son entraîneur Yanick Bergeron. Jamais mon rôle d’agent d’athlète n’aura été aussi facile, Rémy est déjà un vrai professionnel même s’il est un nouveau venu sur la scène internationale. Avec une fiche de deux victoires et aucune défaite chez les professionnels – ses deux victoires ayant été obtenues par K.-O. – c’est le style agressif et spectaculaire de Rémy ainsi que son impressionnante force de frappe qui m’aura permis de le vendre aussi tôt dans sa carrière aux bonzes de Bellator. Et avec la préparation qu’il a eue, je suis convaincu qu’ils ne seront pas déçus.

Gros changement de carrière

Rémy est passé à travers un long processus avant de se retrouver finalement dans la cage ce soir – son dernier combat remonte au 29 juin 2012, à Montréal. Il y a eu les négociations avec Bellator puis la décision de poursuivre sa carrière chez les 155 livres, ce qui n’était pas une mince tâche puisque Rémy est quelqu’un qui à l’époque pesait environ 195 livres dans la vie de tous les jours et combattait aux alentours de 180 livres. Afin de s’assurer que tout allait bien se passer dans cette catégorie de poids, nous avons fait une simulation. Rémy a donc suivi une diète alimentaire stricte pour abaisser son poids dans la vie de tous les jours au niveau optimal. Nous avons fixé une date fictive de combat afin de simuler une pesée officielle et un combat le lendemain. À une semaine de la fameuse date, Rémy a suivi le même programme de coupe de poids que l’Américain Brandon Thatch, un bon ami à nous qui est aussi le meilleur coupeur de poids dans le sport aujourd’hui.

Vu que c’était une première fois, la coupe de poids a été pénible, mais il a tout de même réussi à atteindre l’objectif : 155 livres. Le lendemain, afin d’avoir une simulation parfaite, nous avons organisé un « sparring » aux alentours de 20 h 30, heure habituelle d’un vrai combat. Au menu pour Rémy : trois rounds de cinq minutes contre trois adversaires différents et frais afin de tester au maximum le niveau d’énergie de Rémy. C’est bien beau atteindre les 155 livres, mais il faut surtout être en mesure d’être au maximum le lendemain pour le combat.

Cette séance d’entraînement nous a convaincus : Rémy était en mesure de performer et de dominer chez les 155 livres.

Le camp d’entraînement

S’est ensuite amorcé un très long camp d’entraînement. Rémy devait faire ses débuts chez Bellator aux alentours du mois de juin, mais l’annulation de la plupart des événements estivaux de Bellator a eu comme répercussion de remettre les débuts de l’athlète québécois dans l’organisation américaine à l’automne.

Le bon côté des choses par contre aura été une préparation supérieure et le temps de travailler sur de nouveaux aspects du combat. La majorité du camp d’entraînement s’est fait avec son entraîneur-chef depuis la première heure, le Drummondvillois Yanick Bergeron. Il était alors entouré de ses partenaires d’entraînement Strahinja Gavrilovic, Alex Laramée, Francis Charbonneau et Virgil Beaulieu. Au programme, de la boxe, du kickboxing, de la lutte et beaucoup de séances de « sparring » d’arts martiaux mixtes. Afin de peaufiner sa préparation et de passer à un autre niveau, il a aussi participé brièvement au camp d’entraînement de Georges St-Pierre pour son combat contre Johny Hendricks. Lors de ses passages au Tristar, il a eu l’occasion de mettre les gants avec Georges St-Pierre, Rick Hawn et Abdel Medjedoub sous la supervision de l’entraîneur Firas Zahabi.

La « vraie » coupe de poids

Étant donné que la simulation de coupe de poids avait été relativement pénible, il est évident que nous avons apporté des ajustements en vue du combat de ce soir.

Dans les derniers mois, Rémy a suivi une diète alimentaire stricte sous les directives de la nutritionniste québécoise Cynthia Benoit, ce qui a permis à Rémy de descendre son poids dans la vie de tous les jours à 180 livres – une nette amélioration comparativement à 195 livres lors de la simulation. Lorsque nous sommes arrivés à Mulvane mardi, Rémy avait déjà commencé la « diète Thatch » et c’est à 170 livres que s’est amorcé le dernier sprint vers l’objectif de 155 livres. C’est graduellement dans les journées de mardi et mercredi que le poids de Rémy s’est abaissé à 161 livres à l’heure de sa dernière nuit de sommeil avant la pesée.

Afin de couper ces neuf livres, outre l’alimentation restreinte, Rémy a fait du sauna et des bains de sel d’Epsom. Au réveil jeudi matin, le poids de Rémy était de 159,2 livres, donc il ne restait que 3,2 livres à perdre puisque les commissions athlétiques permettent aux athlètes d’avoir une livre supplémentaire. Pour couper les dernières livres, Rémy n’a eu que trois bains de sels d’Epsom à prendre et le tour était joué.

Par contre, la commission athlétique du Kansas avait fixé à 17 h l’heure de la pesée officielle, ce qui a rendu la tâche très ardue à tous les combattants puisque lors de la journée de la pesée, les athlètes ne peuvent boire ni eau ni manger ne serait-ce que quelques cuillères de pâte de protéine afin de rester déshydraté. Normalement les pesées officielles se font aux alentours de 14 h, ce qui donne plus de temps aux athlètes afin de se réhydrater pour leur combat du lendemain.

Rémy a fait osciller la balance à 155,8 livres, le poids parfait pour ses débuts dans cette catégorie. Son adversaire a de son côté présenté un poids de 152,7 livres et Rémy sera assurément nettement plus imposant que lui dans la cage ce soir.

Maintenant, place au combat

Plusieurs me posent la question depuis plusieurs jours au sujet de la nervosité de Rémy étant donné qu’il s’agit de son premier combat sur la scène internationale, mais étrangement, il n’est pas stressé du tout à l’idée de ce premier combat et il a même très hâte que la porte de la cage se referme et que la cloche sonne.

Rémy Bussières est un athlète particulier puisqu’il est toujours très calme, même à quelques instants de monter dans une cage et de participer à un combat d’arts martiaux mixtes. Même s’il se présentera sur la surface de combat aux alentours de 182 livres et qu’il s’agira d’un gros avantage sur son adversaire, jamais il ne faut prendre l’adversaire à la légère. L’Américain du Kansas Blake Pool sera chez lui et bénéficiera du support de la foule. Même s’il s’agit de son premier combat professionnel, Pool a une excellente réputation dans les réseaux amateurs, où il a excellé.

L’Américain a une longue portée et il est très rapide, donc la clé pour Rémy dans ce combat sera de se servir de sa force physique, couper les angles et attendre le bon moment pour placer sa grosse main droite. Cette force de frappe est tout aussi impressionnante au niveau du sol – lorsque Rémy place des coups au sol, il développe beaucoup de puissance.

Pour aujourd’hui, avant l’heure du combat, ce sera très relax pour Rémy. Il prendra du temps pour visualiser le combat tout en continuant de se réhydrater tranquillement. On prendra le temps de se promener autour du site, d’aller faire un tour à la piscine et d’aller faire quelques pas dans la cage en début d’après-midi. Puis, vers les 15 h 30, nous prendrons la direction des vestiaires afin de commencer les derniers préparatifs pour le combat. C’est vers les 20 h que Rémy montera dans la cage et je serai présent dans le coin avec Yanick Bergeron pour ce moment historique pour notre jeune athlète québécois.

Je vous reviendrai dès la fin du combat avec mon analyse et mes commentaires du combat ainsi que quelques commentaires de Rémy!