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RÉSULTATS

Au Ghana, les futurs champions de boxe se forment dans les ruelles de Jamestown 

Ghana Une ruelle au Ghana. - Getty
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Le sol en béton poussiéreux, les gants usés et les sacs de frappe abîmés du club de boxe d'Attoh Quarshie, dans un petit quartier d'Accra la capitale ghanéenne, ne paient pas de mine. 

Pourtant, des dizaines de boxeurs s'y retrouvent chaque jour, tout comme dans les clubs de boxe avoisinant pour s'entraîner plusieurs heures, faisant de Jamestown, un quartier populaire et historique, la « Mecque » de la boxe au Ghana. 

À seulement quelques mètres de la salle fondée par Attoh Quarshie, une figure marquante de la vie politique ghanéenne passionné de boxe et décédé en 2019, le club de boxe Will Power Boxing pousse ses membres à se dépasser en affichant sur sa porte: "Go Hard or Go Home" ("Travail dur ou rentre chez toi").

Au total, une dizaine de clubs consacrés au noble art se côtoient dans les ruelles sinueuses de Jamestown et de son quartier voisin Bukom, près d'un port de pêche qui fait face à l'océan Atlantique. 

Plusieurs champions de boxe ghanéens ont fréquenté les clubs de Jamestown et leurs photos ornent les murs. A l'image d'Azumah Nelson surnommé "The Professor" que beaucoup considèrent comme le plus grand boxeur africain, mais aussi John Laryea surnommé "The Expensive Boxer" ("Le Boxeur Onéreux"), ancien champion ghanéen de boxe.

Jamestown: une nouvelle génération émerge

Aujourd'hui, à Jamestown, une nouvelle génération de champions est en train d'émerger.

« La boxe ghanéenne c'est tout ce qui fait Jamestown », explique John Zile, 24 ans, professionnel qui a gagné plusieurs combats et qui s'entraîne au Bronx Boxing Gym. 

« Si vous voulez être un grand, vous devez venir ici », ajoute-t-il, lui qui a quitté le nord du Ghana pour s'installer au coeur du  fief des boxeurs ghanéens. 

Pour les entraîneurs de boxe, la pratique de ce sport a émergé à Jamestown et Bukom en raison des difficultés économiques que connaissent les quartiers et villages de pêcheurs du Ghana, principales populations de ces districts, mais aussi en raison d'une tradition locale consistant à régler les différends par une démonstration de force.

« Il est devenu évident que la boxe appartient à cette partie du pays » affirme Lawrence Carl Lokko, entraîneur et propriétaire du Bronx Boxing. 

Le sport permet aussi de mener une vie disciplinée, loin des rues de Jamestown où les opportunités sont rares, a-t-il ajouté.

Non loin de là, un gymnase organise régulièrement des tournois entre les clubs du quartier populaire, et les photos de ces évènements sont fièrement placardées, comme dans la salle d'Attoh Quarshie. 

Face aux affiches accrochées sur les  murs rouge et jaune écaillés, les entraîneurs d'Attoh Quarshie soumettent les boxeurs trempés de sueur à des enchaînements sur les sacs de frappe, avant qu'un sifflet ne marque une pause entre les rounds.

À l'intérieur du ring, deux boxeurs se déplacent et frappent dans les pattes d'ours de leur sparring partner. 

« Ils vous entraînent bien », explique entre deux rounds Akimos Ampiah, un boxeur  professionnel bien connu du milieu au Ghana. 

« La boxe. C'est une tradition ici » conclut-il. 

Près de l'entrée, un panneau en bois rappelle avec humour les deux règles du gymnase: « Règle numéro 1. L'entraîneur n'a jamais tort. Règle numéro 2. Si vous pensez que l'entraîneur a tort, référez-vous à la règle numéro 1. »