MONTRÉAL - Après qu'une kyrielle d'adversaires eurent refusé de se mesurer à lui, le Montréalais d'adoption Artur Beterbiev a enfin trouvé un boxeur pour son combat éliminatoire des mi-lourds de l'International Boxing Federation en la personne de Karo Murat, qui a accepté jeudi de relever le défi.

Beterbiev (9-0, 9 K.-O.), deuxième aspirant au titre IBF détenu par le Russe Sergey Kovalev, affrontera l'Arménien Murat (27-2-1, 17 K.-O.), qui est classé 14e aspirant par la fédération.

Groupe Yvon Michel souhaite présenter ce combat le 28 novembre, au Centre Vidéotron de Québec, sur une carte déjà bien remplie avec le combat de championnat du monde des super-moyens de la IBF entre Lucian Bute (32-2, 25 K.-O.) et le champion James DeGale (21-1, 14 K.-O.), ainsi que le combat éliminatoire du World Boxing Council entre Eleider Alvarez (18-0, 10 K.-O.) et Isaac Chilemba (24-2-2, 10 K.-O.).

Le vainqueur de ce dernier duel deviendra l'aspirant obligatoire au titre des mi-lourds détenu par Adonis Stevenson.

Murat est l'actuel champion IBF International des mi-lourds. Il a remporté ses deux derniers duels après avoir rivalisé durant 12 rounds avec le légendaire américain Bernard Hopkins, le 26 octobre 2013 à Atlantic City, alors qu'il était son aspirant obligatoire. En carrière, il compte également des victoires sur Gabriel Campillo et Tommy Karpency, que Stevenson a facilement défait à sa dernière défense de titre.

Murat est le huitième boxeur approché par le clan Beterbiev et la IBF pour livrer ce combat éliminatoire. Yunieszki Gonzalez, classé 11e et qui vient de subir une défaite controversée aux mains de Jean Pascal, est le dernier en lice à avoir refusé le combat. Pascal (no 7) estime ne pas avoir besoin de se frotter à Beterbiev pour disputer un championnat du monde; Sullivan Barrera (no 8) ne peut entrer au Canada pour des raisons de visa; Andrej Fonfara (no 5) doit affronter Nathan Cleverly le 16 octobre; tandis que Hopkins (no 3, mais est-il toujours actif?) et Sean Monaghan (no 6) ont décidé de passer leur tour.

« Dans le cas de Gonzalez, le combat ne l'intéressait tout simplement pas, a déclaré Yvon Michel, président de GYM, le promoteur de Beterbiev. Il estime qu'il n'a pas besoin de passer par Beterbiev pour obtenir un combat de championnat du monde. »

« Quant à Barrera, nous étions prêts à livrer le combat aux États-Unis avec une offre similaire, mais Kathy Duva (la présidente de Main Events) nous a dit qu'elle ne pouvait pas offrir les mêmes conditions, puisqu'elle n'avait pas de réseau de télévision intéressé à le présenter, pas plus qu'un site pour tenir le gala. »

« Il restait Erik Skoglund (no 4), mais son gérant nous a dit qu'il est trop jeune pour s'embarquer dans un combat comme ça. »

Patience

Même s'il devait l'emporter contre Murat, Beterbiev devra s'armer de patience avant de pouvoir affronter Kovalev (28-0-1, 25 K.-O.).

« Kovalev a jusqu'au 25 février pour livrer une défense optionnelle de son titre de la IBF et c'est seulement après cette date qu'il sera forcé d'affronter son adversaire obligatoire, a expliqué Michel. Ce qui signifie qu'Artur ne pourrait pas l'affronter avant mars ou avril 2016, mais ça pourrait aussi être aussi tard qu'à l'automne prochain. »

Et encore là, Kovalev pourrait se défiler.

« Mais seulement à deux conditions, prévient Michel. S'il livre un combat d'unification - face à Stevenson - ou s'il demande une dérogation pour livrer un autre combat que la IBF jugerait plus intéressant qu'un affrontement contre Beterbiev. »

C'est ce qui avait permis à Pascal d'affronter Kovalev, le Russe étant en mesure de repousser sa défense obligatoire contre le Français Nadjib Mohamedi de quatre mois.

Beterbiev disposera toutefois d'un autre incitatif pour forcer Kovalev à l'affronter: il deviendra, à compter de la fin octobre, son adversaire obligatoire pour la ceinture de la World Boxing Organization.

« On nous a demandé de devenir l'aspirant no 1 de la WBO parce que l'actuel no 1, l'Allemand Dominic Boesel, n'est pas intéressé à devenir l'aspirant obligatoire à Kovalev. Il se satisfait de défendre localement son titre de champion intercontinental WBO. Nous avons donc accepté. »

Il sera donc difficile pour Kovalev d'éviter plus longuement Beterbiev, qui sera l'aspirant no 1 de deux de ses trois titres, tandis qu'il se retrouve au troisième échelon pour sa ceinture de la World Boxing Association.