Un résultat qui risque de changer les plans de Christian Mbilli
Eye of the Tiger Management s'attendait à recevoir dans les prochains jours une directive formelle du World Boxing Council (WBC) pour que Jaime Munguia affronte Christian Mbilli pour le titre intérimaire des super-moyens. La défaite surprise du Mexicain contre le Marseillais Bruno Surace, samedi, à Tijuana, a tout changé.
«J'attends sous peu un appel du WBC pour voir quelle direction tout ça va prendre, mais la défaite de Munguia nous laisse dans l'inconnu, a déclaré Camille Estephan, président d'EOTTM, rejoint par La Presse Canadienne lundi. Je serais très surpris que Surace remplace Munguia. Je ne vois pas comment un gars qui n'était pas classé remplacerait celui qui venait au deuxième échelon.»
Alors qu'il était en retard sur toutes les cartes de pointages après cinq rounds, le Français Surace (26-0-2, 5 K.-O.) a surpris Munguia (44-2, 35 K.-O.) d'une retentissante droite à la tempe. Munguia n'a pas été capable de battre le compte de l'arbitre et le combat a été stoppé à 2:36 du sixième round.
Mbilli (28-0, 23 K.-O.) est l'aspirant no 1 du WBC, dont la ceinture est détenue par Saul «Canelo» Alvarez. Peut-être que le clan Mbilli devra, à court terme, se tourner vers d'autres options. Estephan a évoqué des plans potentiels du côté de l'International Boxing Federation (IBF), où Mbilli est le troisième aspirant au titre détenu par William Scull. La position d'aspirant no 1 y est vacante. Estephan y voit des possibilités, mais il préfère ne pas s'avancer pour le moment.
«La boxe, c'est tellement imprévisible, que ce soit pour les boxeurs ou les promoteurs, a noté Estephan. Un coup de poing samedi soir a tout changé pour les prochains mois.»
Le St-Denis, nouveau joueur
Quand EOTTM a dévoilé la semaine dernière qu'Erik Bazinyan et Steven Butler allaient s'affronter en mars dans l'un des bons duels de boxe locale depuis de nombreuses années, il s'agissait là d'une belle surprise. Après tout, voir deux boxeurs de la même écurie s'affronter, c'est chose rare au Québec.
Mais il y avait une deuxième surprise dans ce communiqué, soit celle au sujet de la salle où se déroulera le gala — le théâtre St-Denis.
La salle de quelque 2000 places n'est pas reconnue pour accueillir des événements sportifs. Cela pourrait cependant changer au cours des prochaines années.
«C'est une belle salle, qui permet des événements de plus grande envergure qu'au Cabaret du Casino, où on ne peut vendre que 500 ou 600 billets, a expliqué Estephan. Jacques Aubé (ancien no 1 chez evenko) est maintenant le patron là-bas. C'est un gars qui aime le sport, la boxe, et qui a une vaste expérience.
«Les salles de moyenne envergure, ce n'est pas facile de les trouver à Montréal. Il y a la Place Bell ou encore le Centre Bell en petite configuration. On aurait pu faire Bazinyan-Butler au Centre Bell, mais je trouve ça difficile de mettre de l'ambiance dans un aréna de 20 000 sièges quand tu en occupes 3000. (...) Je préfère que l'offre soit plus petite que la demande.»
Mise au point
Estephan a aussi profité de l'occasion pour faire une mise au point sur les récentes déclarations d'Yvon Michel, président de Groupe Yvon Michel, au sujet de la façon dont EOTTM finançait ses événements au Casino.
Le 4 décembre dernier, Michel déplorait que son groupe soit comparé à EOTTM, estimant qu'il ne se bat pas à armes égales avec le groupe d'Estephan.
«Nous sommes dans un marché où nous avons un promoteur bien nanti qui accepte de financer les évènements au Casino et on nous compare à lui. (...) On peut produire Céline Dion au Casino ou Éric Lapointe. Mais les deux n'auront que 600 billets à vendre, il n'y en a pas plus. Je n'aurais pas pu faire Adonis Stevenson contre Chad Dawson (au Casino)», avait-il dit.
«Je trouve ça un peu réducteur et ce n'est pas du tout pour envoyer une flèche à Yvon Michel, a fait valoir Estephan. Je trouve ça dommage pour toute l'équipe qui travaille d'arrache-pied pour que l'entreprise connaisse les succès qu'elle connaît.
«C'est évident qu'on ne travaille pas de la même façon. De notre côté, on estime que tous les galas n'ont pas à être profitables. Une carte comme celle de Mbilli contre Carlos Gongora, ça n'est pas profitable d'un point de vue de vente de billets, mais nous avons plusieurs autres mécanismes qui nous permettent de rentabiliser à long terme l'ensemble de nos galas», a-t-il ajouté.
L'un de ces moyens est la plateforme de visionnement en continu 'PunchingGrace.com', qui apporte des revenus récurrents au groupe. Un autre est de produire pour la télévision l'ensemble des galas d'EOTTM.
«Nous produisons nos événements pour 'PunchingGrace', mais aussi pour ESPN, qui a acheté nos 15 derniers galas. Nous produisons également pour TVA Sports, en plus de vendre les droits à ESPN Latino, en Pologne, en Allemagne, en France et dans une douzaine de pays en tout, excluant l'Amérique du Sud.
«Nous avons un commanditaire majeur en Vidéotron, en plus de plusieurs autres partenaires. Nous rencontrons quelque 50 compagnies par mois afin de leur vendre des abonnements pour nos galas, car nous ne vendons pas qu'un gala à la fois», a précisé le grand patron d'EOTTM.
Estephan a également noté qu'il agit comme promoteur avec Top Rank sur d'importants événements, notamment les deux derniers galas à Québec, dont les finales ont été assurées par Artur Beterbiev et Mbilli. Finalement, il a souligné que l'apport financier de placer des boxeurs sur d'immenses cartes internationales, comme Arslanbek Makhmudov et Simon Kean en Arabie Saoudite, Butler au Japon ou aux États-Unis en championnats du monde, ou encore Bazinyan face à Munguia en Arizona, rapporte énormément à EOTTM.
«Ce n'est pas juste moi qui mets la main dans mes poches pour financer notre 'business'. D'ailleurs, avec le plan d'affaires que nous avons, mon implication financière dans le fonctionnement d'Eye of the Tiger est grandement diminuée», a-t-il conclu.