Une victoire historique pour Tammara Thibeault lors de ses débuts professionnels
On savait que Tammara Thibeault allait livrer son premier combat professionnel sur une carte de Most Valuable Promotions (MVP). Maintenant, la boîte du promoteur, boxeur et influenceur Jake Paul a fait de la Québécoise l'une de ses boxeuses attitrées.
MVP, qui compte notamment la Portoricaine Amanda Serrano en ses rangs, a annoncé vendredi que Thibeault se joignait à son équipe.
Originaire de Shawinigan, la boxeuse de 27 ans a réussi ses débuts professionnels quelques heures plus tard, au Caribe Royale d'Orlando, contre la Canadienne Natasha Spence (8-7-2, 6 K.-O.), classée 10e aspirante au titre des moyennes de la World Boxing Association (WBA).
Thibeault (1-0) et Spence sont devenues les premières femmes à disputer des rounds de trois minutes chez les moyennes, chez les professionnelles. Et pour l'occasion, Thibeault a totalement dominé l'affrontement de quatre rounds, touchant la cible 61 fois contre 14 seulement pour son adversaire.
Thibeault a obtenu un score parfait de 40-36 de la part des trois juges.
« Je suis si fier d'elle, elle a écrit l'histoire ce soir, elle est le futur de la boxe féminine », a déclaré Jake Paul sur le ring, après le combat.
« Je suis super contente, je suis vraiment excitée, a-t-elle déclaré à La Presse Canadienne au cours d'un entretien téléphonique. C'est la première fois de l'histoire que ça se produit lors de débuts professionnels et c'est un honneur de faire partie de l'histoire comme ça. Pour moi, c'est la norme: ça fait des années que je fais des trois minutes. »
Thibeault a représenté le Canada aux Jeux olympiques de Tokyo et de Paris. Après avoir atteint les quarts de finale des 75 kg à Tokyo, en 2021, la grande favorite du tournoi parisien a été surprise dès son premier combat, s'inclinant par décision partagée devant Cindy Winner Djankeu Ngamba, de l'équipe olympique des réfugiés.
Cette défaite est venue mettre fin à une séquence de trois années aux cours desquelles elle a remporté des médailles d'or aux Championnats du monde amateurs IBA 2022, aux Jeux du Commonwealth 2022 et aux Jeux panaméricains 2023.
Nonobstant ce revers inattendu aux JO, les négociations étaient bien entamées avec MVP.
« Ça fait environ un an que je négocie avec MVP. Peu importe le résultat aux JO, MVP était intéressé, a raconté sa gérante, Katia Banel. J'ai vu [le directeur de la division boxe chez MVP] Mike Leanardi il y a quelques mois et une autre fois avant de prendre notre décision.
« Par rapport aux autres offres, que ce soit Matchroom ou Boxxer, c'était leur première offre qui était toujours la plus élevée monétairement et ce sont eux qui l'avaient présentée en premier. Ils offraient quelque chose qui est incomparable: un énorme boni à la signature. Les olympiens sans médaille n'ont pas accès à ce genre de boni. Ils offrent aussi les plus grosses paies en boxe féminine, même pour des quatre ou six rounds. C'est du jamais vu. C'est comme si tu étais payée pour un 10 rounds. »
MVP compte bien tirer le maximum de sa nouvelle protégée, qui boxera un minimum de quatre fois par année pour les trois ans que dure le contrat paraphé vendredi.
« Ce qui est bien avec MVP, c'est qu'on peut négocier les bourses à la hausse pour chaque combat, a souligné Banel. Ils ont été très ouverts sur la négociation de chacune des clauses. »
Angleterre, USA et... Québec?
Thibeault est récemment déménagée à Sheffield, en Angleterre, où elle complète une maîtrise en design et en planification urbaine à l'Université de Sheffield après avoir obtenu son baccalauréat en études urbaines à l'Université Concordia. Là-bas, elle s'entraîne sous la gouverne de Pierce Gudgeon au Steel City Gym.
C'est toutefois un coin tout québécois qui l'accompagnera vendredi à Orlando, alors que Vincent Auclair, son entraîneur au cours des deux dernières années, remplacera à pied levé Gudgeon. Il sera accompagné par Samuel Décarie-Drolet.
« Comme la conjointe de Pierce vient d'accoucher, il n'était pas disponible, c'est pourquoi Vincent sera là », a indiqué Thibeault, qui n'estime pas que de négocier sa vie en Angleterre et de représenter un promoteur qui, pour l'instant, travailler majoritairement aux États-Unis constituera un problème.
« Pour l'instant je suis là. Mais on verra, car ma priorité c'est ma maîtrise. Lorsque j'aurai une décision à prendre, ça arrivera quand ça arrivera. »
MVP a l'habitude d'organiser des événements à grand — très grand! — déploiement, ce qu'on ne voit plus en boxe au Québec depuis quelques années. Peut-on tout de même espérer voir Thibeault se battre au Québec ou au Canada prochainement?
« Mais oui! Mais oui! Mais oui!, s'est exclamée Banel au bout du fil. C'est très important et ça a été discuté. Déjà, ils ont [l'Ontarien] Lucas Bahdi sous contrat et maintenant Tamm. Le but c'est d'amener des galas au Canada et au Québec. C'est très important pour eux. Ils savent que le bassin d'amateurs de boxe est très important ici et c'est quelque chose qu'on va faire avec eux. »
« C'est dans nos plans, a confirmé Leanardi. Je pense que notre premier événement aura lieu en Ontario avec Lucas dans le combat principal ou en demi-finale, mais, dès que Tamm aura un peu plus d'expérience, qu'elle sera en mesure d'assurer une finale ou une demi-finale, nous voudrons venir à Montréal, qui est un excellent marché de sports de combat. »