« C'est le fun de rêver! »

QUÉBEC – À sa première chance de mettre la main sur un titre mineur – celui international des poids super-plumes de la WBO – Leïla Beaudoin a globalement joué de prudence et la stratégie a rapporté gros, puisque la boxeuse originaire de Témiscouata l'a emporté par décision unanime des juges face à l'Argentine d'origine bolivienne Lizbeth Crespo, samedi soir au Centre Vidéotron.

Les trois juges ont remis des cartes de 100-90, 99-91 et 98-92 en faveur de Beaudoin (12-1), qui s'est particulièrement illustrée en défense, alors qu'elle est parvenue à empêcher Crespo (15-8) –  tout au long des dix assauts – de lancer des combinaisons en rafales, sa marque de commerce.

« J'ai connu un début de combat exceptionnel, je l'amenais où je voulais, s'est félicitée Beaudoin après sa victoire, de très loin la plus importante depuis le début de sa carrière. J'ai ensuite senti tout son désespoir en fin de combat et je suis contente d'avoir mordu dans mon mouthpiece. »

Tirant de l'arrière 60-54 sur les cartes des trois juges après six rounds, Crespo a désespérément ouvert la machine dans l'objectif de faire craquer Beaudoin, mais cette dernière a brillamment su gérer ses énergies, ce qui n'était pas forcément toujours le cas dans un passé pas si lointain.

« Je suis contente d'avoir continué à être technique malgré la fatigue, a mentionné Beaudoin. Mais je me suis entraînée fort en vue de ce combat. Il ne faut pas oublier que j'ai eu deux camps d'entraînement (le duel contre Crespo aurait normalement dû avoir lieu en juin dernier, NDLR).

« Ce n'est peut-être pas la fin de combat dont je suis la plus fière, mais globalement, c'est la prestation dont je suis la plus fière. Je me suis encore blessée à la main droite ce soir et je suis juste fière d'avoir poussé. Il y a deux ou trois ans, j'aurais peut-être simplement abandonné. »

Classée 12e au WBC et 8e à l'IBF chez les 130 livres, Beaudoin intégrera le classement de la WBO lors de la prochaine mise à jour de ce dernier. Elle rêve maintenant de championnat du monde.

« Nous allons voir ce qui va arriver avec la championne incontestée Alycia Baumgardern, a-t-elle expliqué. Nous sommes un peu à la merci de ce qu'elle va décider [après son combat prévu face à Delfine Persoon le 27 septembre. Je suis prête à affronter n'importe qui. C'est le fun de rêver! »

Pour la première fois qu'il est associé à Eye of the Tiger, Osleys Iglesias (12-0, 11 K.-O.) a passé plus d'un round dans le ring, mais cela ne veut pas dire qu'il s'est éternisé pour autant. Il s'est en effet rapidement débarrassé du Ghanéen Sena Agbeko (28-4) en le battant par arrêt de l'arbitre à 1:16 du 2e round.

L'Allemand d'origine cubain a ainsi un peu mieux fait que l'espoir invaincu américain d'origine cubaine David Morrell, qui avait dû « attendre » à 1:43 du 2e round pour disposer d'Agbeko en décembre dernier. Iglesias, actuel champion des super-moyens de l'IBO, en était déjà à une troisième sortie avec Eye of the Tiger depuis son embauche en novembre 2023.

Mathieu corrige Galovar

Exactement comme l'avait fait Mehmet Nadir Ünal en mars à Montréal, Wilkens Mathieu (10-0) a servi une correction à l'Argentin Facundo Nicolas Galovar (15-12-2) avant de l'emporter par décision unanime (60-54, 60-54, 60-54) au terme de 6 rounds pendant lesquels il a eu l'occasion de déployer toute l'étendue de son arsenal. Ayant dépassé de 3 livres la limite renégociée de 178 livres à la pesée, Galovar a paru lent et la quasi-totalité de ses plates attaques a manqué la cible.

C'est maintenant devenu une habitude que certains observateurs pourraient qualifier de mauvaise : Thomas Chabot (11-0) a été impliqué dans une autre guerre pendant laquelle il a reçu autant de coups qu'il en a donnés. Cela ne l'a pas empêché de vaincre l'Argentin Matias Ezequiel Guenemil (10-4-1) par décision unanime (80-72, 80-72 et 79-73), mais le boxeur de Thetford Mines n'a pas cherché à cacher que le combat ne s'est pas déroulé comme il l'espérait.

« Ce n'était pas ça le plan de match, a avoué Chabot, qui a été coupé au front à la suite d'un coup de tête pendant l'affrontement. Je suis un guerrier, mais c'est certain que j'ai des choses à retravailler. En même temps, je n'ai jamais eu peur de montrer tout ce que j'ai dans le ventre. »

En lever de rideau, le léger bélarusse Dzmitry Asanau (8-0) a bien commencé son association avec Eye of the Tiger en battant l'Argentin Alexis Gabriel Camejo (8-4-2) par décision unanime (80-72, 80-72 et 80-72). Double olympien qui avait disputé ses sept premiers combats chez les professionnels en Allemagne, Asanau a aisément dominé Camejo grâce à la vitesse de ses mains.

Dans les autres duels, les Américains Jahi Tucker (12-1-1) et Abdullah Mason (15-0, 13 K.-O.) ont respectivement pris la mesure de Santiago Fernandez (8-2-1) et Mike Ohan fils (19-3). Quatrième membre d'une fratrie originaire de l'Ohio, Mason est souvent comparé à Floyd Mayweather fils.