MONTRÉAL - Tavoris Cloud est enfin sorti de son mutisme, après s’être fait plutôt discret depuis l’annonce de son combat contre Adonis Stevenson. L’ancien champion des poids mi-lourds de la IBF est devenu un tantinet exaspéré en raison des multiples déclarations de son adversaire.

Mais plutôt que de répliquer directement aux attaques de Stevenson pendant la dernière conférence de presse faisant la promotion de leur duel de samedi soir au Centre Bell, Cloud a attendu d’être entouré de journalistes pour déverser son fiel sur le boxeur québécois.

Un peu comme il l’avait fait avant son combat contre Chad Dawson, Stevenson a promis qu’il ne ferait qu’une bouchée de son rival qu’il ne juge pas à sa hauteur en plus de lui glisser quelques mots doux à l’oreille pendant la prise de photos du traditionnel face-à-face.

« Il me disait des niaiseries, je lui ai répondu que je ne les comprenais pas », a expliqué Cloud.

« Je le narguais, je lui ai demandé s’il voulait ma ceinture », a précisé Stevenson. « Je lui ai également demandé s’il pensait me passer le knock-out. Je lui ai dit que ce serait moi qui le ferais. Je sais qu’il est intimidé. Je sais pertinemment qu’il sait que je frappe très fort. »

Stevenson n’a d’ailleurs pas manqué de marteler que Cloud a perdu sa dernière sortie face à Bernard Hopkins, insistant sur le fait que ce dernier était âgé de 48 ans. L’Américain n’a pas cherché à se défiler en répondant qu’il assume ce qui s’est produit en mars plus tôt cette année.

« J’ai pris mes responsabilités », a riposté Cloud. « J’ai été dominé cette soirée-là. Mais après une défaite, un boxeur n’a pas le choix de se retrousser les manches et de retourner au travail. Je n’ai pas à m’excuser pour ce qui est arrivé. C’est aussi simple que ça. »

« Et je le comprends de mettre l’accent sur ma défaite contre Hopkins, parce que c’est la seule chose qu’il a à dire à mon sujet. Stevenson ne pourra jamais me battre. Ça lui donne confiance de répéter ça, alors laissez-le faire. »

Le pugiliste de 31 ans est surtout irrité par le manque de décorum du champion des mi-lourds du WBC. Stevenson lance sur toutes les tribunes qu’il va l’emporter par knock-out, des propos qui iraient à l’encontre de l’esprit même du sport qu’ils pratiquent.

« À la base, un boxeur ne peut pas passer le knock-out à tous ses adversaires », a fait remarquer Cloud. « Stevenson essaie d’être drôle et ne fait que répéter ce que ses entraîneurs lui disent de faire. C’est désolant pour un sport où les gens sont censés être authentiques. »

Détenteur de la ceinture de la IBF pendant trois ans et demi, Cloud est plus que jamais convaincu que l’expérience sera un facteur déterminant dans l’issue du combat. Il pointe notamment les cinq combats qu’il a disputés et qui se sont rendus à la limite pendant son règne.

« J’ai défendu mon titre contre des adversaires relevés pendant des années, alors que ce sera la première défense de Stevenson », a rappelé Cloud. « Il n’a jamais fait dans le passé ce qu’il s’apprête à faire. Je sais ce que j’ai à faire. Je sais ce qui va arriver. Pas lui. »

« J’ai effectué des séances de sparring avec les meilleurs champions du monde entier. Ça fait très longtemps que je suis dans le métier », a répliqué Stevenson. « C’est bien beau de faire des combats de 12 rounds, mais contre quelle sorte de monde? Hopkins? Gabriel Campillo? Glen Johnson? Tous ces gars-là, je les aurais arrêtés. »

« J’espère qu’il a un bon cutman »

Le duel de samedi marquera également la réunion de Cloud avec son entraîneur de la première heure Al Bonani. Les deux hommes s’étaient séparés avant le choc contre Hopkins.

« À l’époque, je l’avais renvoyé parce qu’il me tapait sur les nerfs », a blagué Cloud. « Tout le monde sait qu’Al Bonani est le meilleur entraîneur au monde. Avec lui, je suis imbattable. »

« Je ne veux pas spéculer, mais notre séparation a probablement été provoquée par son gérant et son promoteur », a ajouté Bonani. « Ce sont des choses qui arrivent dans le sport professionnel, mais ça m’a bouleversé. En plus, ma copine française m’a ensuite largué! »

Contrairement à Stevenson, Bonani croit que la défaite face à Hopkins était davantage un concours de circonstances qu’une tendance à venir. Cloud n’était plus du tout le même boxeur qu’il avait connu à ses débuts.

« Nous étions ensemble depuis son cinquième combat chez les professionnels », a indiqué Bonani. « Il s’est entraîné en Californie pour ce combat, alors que nous avions toujours établi notre camp en Floride. Ç’a fait une énorme différence. »

Bonani croit finalement que les partisans qui s’attendent à une victoire expéditive risquent d’être déçus le soir du duel.

« Dawson avait l’air endormi lorsqu’il a affronté Stevenson », a analysé Bonani. « Si Tavoris perd, ce ne sera pas parce qu’il aura eu mal. Il n’a jamais été arrêté chez les amateurs et les professionnels. »

« Je vais exploiter toutes ses faiblesses », a conclu Stevenson. « J’espère qu’il a un bon cutman. »