We will… We will… Rock You! Non, ce n’était pas le chant victorieux du Canadien contre les Bruins de Boston. Non, c’était la même toune mais à des milliers de kilomètres plus loin. À Macao, en Chine pour être précis.

Lorsqu’on avait fait l’annonce du combat de championnat entre le All American Boy Chris Algieri et Manny Pacquiao, tout de suite les preneurs aux livres ont dit : « Incroyable… Les cotes vont être aux alentours de 50 contre un en faveur du Pacman. »

Ils avaient vu juste. À l’intérieur du stade rempli à craquer de l’hôtel Venitian de Macao, une chasse aux lièvres se préparait. Un lièvre de 143 livres.

Permettez-moi de traiter ce supposé combat de boxe en chasse aux lièvres. En somme, il n’y vraiment jamais eu de duel de boxe. C’était un peu comme dans le temps des gladiateurs avec un chasseur et un chassé. D’ailleurs, c’est très rare qu’une décision soit rendue avec une différence de 17 points dans un match de championnat.

Personnellement, j’ai eu le cœur tendre. J’ai donné le cinquième round à Algieri. Non pas qu’il avait vraiment gagné le round, mais après s’être relevé du tapis au quatrième, je trouvais qu’il avait fait beaucoup mieux. Deux juges ont remis le même score que moi (119-103) mais le troisième a été sans pitié (120-102). Je lui lève mon chapeau. C’est lui qui avait raison.

Ce que j’avais prévu ne s’est pas totalement matérialisé. Je croyais qu’enfin, Pacman parviendrait à gagner un combat par K.-O., pour la première fois depuis novembre 2009. Mais non, il lui a fallu se contenter d’une décision presque parfaite.

Pourtant, ce n’est pas parce que Pacquiao n’a pas tenté le coup. Six fois il a envoyé l’Américain au tapis, mais chaque fois il s’est relevé. On aurait dit qu’il avait un ressort dans le corps. J’admets que comme boxeur, Algieri est médiocre, mais comme encaisseur, il se retrouve parmi les meilleurs.

En somme, ce combat n’aurait jamais dû avoir lieu. C’est par la peau des fesses et par un score douteux qu’Algieri s’était assuré ce droit de se battre en championnat contre Pacquiao. Ce qui s’est passé à Macao n’est que la continuité de l’affrontement entre Algieri et Ruslan Provodnikov, sauf que Pacquiao est un meilleur boxeur que Provodnikov.

La meilleure de la soirée

Pendant le 10e engagement, l’analyste de HBO Max Kellerman s’est rendu dans le coin d’Algieri pour demander à son entraîneur : « Nous avons entendu parler d’un plan de match pour Chris. Après deux rounds on vous a entendu dire 'Deux de plus. Deux de plus.' Cela voulait dire quoi au juste ? »

« Nous voulions attendre que Pacquiao se fatigue », de répliquer Tim Lane.
« Allons-nous voir quelque chose de différent », de continuer Kellerman.
« Oui... »
« Qu’est-ce qui va changer? »
« Je vous le dirai plus tard. .. Il va l’endormir dans quelques minutes… »
« Il va lui passer le K.-O.? »
« C’est ça! »

Au même moment, Algieri s’étendait de tout son long sous les coups de Pacman pour une sixième fois en 10 rounds. Comme prédiction de la part de Tim Lane, ce n’était pas tellement fort.

Contre Porodnikov

Imaginez ce qu’aurait été le combat si l’adversaire de Pacquiao avait été Rusland Provodnikov. Une chose est certaine, le match n’aurait pas duré douze rounds et le Pacman n’aurait pas passé la soirée à courir après son rival.

Contre Chris Algieri, Pacquiao a prouvé qu’il était en grande forme et il n’a pas manqué de dire qu’il avait l’intention d’affronter Floyd Mayweather en 2015.

« Je veux vraiment me mesurer à Mayweather, a-t-il raconté après le combat. Les amateurs de boxe veulent et méritent un tel affrontement. »

Personnellement, je n’ai pas l’impression que Money va accepter le défi. Avant même de commencer les négociations, il veut une bourse de beaucoup supérieure à celle de Pacquiao car il prétend que c’est lui la tête d’affiche. Mayweather exige aussi des tests sanguins à sa façon et bien d’autres petites choses que nous ignorons pour le moment. Disons qu’il va exiger tellement de petits à-côtés que l’affrontement va tomber à l’eau et il pourra se retirer paisiblement au Temple et compter son argent.

Pourtant, je persiste à croire qu’il est un meilleur boxeur que Pacquiao.

De plus, il ne lui reste plus que deux combats à livrer avant de se retirer le 15 septembre 2015 et présentement des négociations sont toujours en cours pour un duel avec Amir Khan pour le Cinco de Mayo.

Or, après le combat du mois de mai, il ne lui restera plus qu’un seul autre affrontement avant de tirer sa révérence pour de bon. Pacquiao est-il ce dernier pugiliste qui lui fera face le 15 septembre prochain? J'en doute toujours.

C’est ici qu’entre en ligne de compte Danny Garcia, le champion WBC et WBA des 140 livres.

Après la victoire de son protégé, Freddie Roach a déclaré que c’était la dernière fois que l’on voyait son boxeur combattre à plus de 140 livres. Or, si jamais Mayweather se montre trop gourmand, trop arrogant, il n’est pas impossible que l’on voit Pacman affronter Garcia en mars ou avril prochain à un poids aux alentours de 140 livres.

L’avenir d'Algieri

Maintenant qu’il a subi la raclée de sa vie face à Manny Pacquiao que va-t-il arriver au All American Boy?

Je doute qu’on le revoie à la télé payante. Il n’a tout simplement pas le style du boxeur capable d’attirer des amateurs de boxe. En somme, son style est celui d’un pugiliste qui se bat continuellement sur la pointe des pieds et qui ressemble beaucoup plus à une ballerine qu’à un boxeur. Sa force de frappe est pratiquement inexistante en contre-attaque (seulement 8 K.-O. en 21 combats) et il passe son temps à se réfugier dans les câbles. En somme, son atout principal, est sa force à absorber des coups.

Un bon mot pour Shiming

On prétend qu’entre 200 et 300 millions de personnes ont vu le combat à la télévision en Chine grâce surtout à leur vedette olympique Zou Shiming. Même s’il s’en et tiré avec un œil amoché et une entaille au front au cours de la rencontre, il n’a fait qu’une bouchée du vétéran Kwanpichit Onesongchaigym, qu’il a terrassé quatre fois au cours d’un duel très intéressant.

La rapidité de ce Chinois de 30 ans, qui en était à son septième combat chez les pros est étonnante. Il a des mains ultra rapides et on dirait qu’il sourit continuellement quand il est sur le ring.

Vers la fin du combat, Onesongchaigym s’est montré plus précis dans ses coups, notamment au 11e engagement quand il a atteint Shiming d’une solide droite. Pour toute réaction, le Chinois s’est mis à sourire encore plus sans ne jamais broncher.

Pour l’année 2015, Shiming a l’intention de combattre pour le titre IBF des poids mouches et de se mesurer au titulaire Amnat Ruenroeng. On se souviendra qu’en demi-finale des Jeux asiatiques, Shiming avait eu le meilleur sur ce même Ruenroeng.

Bonne boxe!