Christian Mbilli a franchi une autre étape dans sa marche vers un titre mondial, samedi après-midi, au Casino de Montréal, de manière étincelante.

 

Le Montréalais d'adoption a réalisé l’un des K.-O. les plus exceptionnels des dernières années en sol québécois contre son compatriote français Nadjib Mohammedi. Même si le boxeur de 36 ans a rapidement retrouvé ses esprits, il a tout de même été conduit dans un hôpital par mesure préventive.

 

« Christian vient d'envoyer un message puissant à la division des 168 livres, affirmait après le gala son promoteur Camille Estephan. La difficulté sera maintenant de trouver quelqu'un qui veut l'affronter, puisqu'on ne se fera pas inviter en combat de championnat du monde. »

 

Le combat s’est révélé intense dès le premier round, avec un fort volume de coups échangés entre les deux boxeurs. Mohammedi avait bien amorcé le 2e round, avant que le protégé de Marc Ramsay ne le termine en puissance, d’abord avec des crochets de droite au corps, mais surtout avec une gauche au visage dans les derniers instants de la 6e minute.

 

Mohammedi s’est démarqué au 3e round par son travail acharné et précis des deux mains. Deux des juges lui ont d'ailleurs accordé le round. Mais au 4e, l’ancien aspirant mondial a été solidement ébranlé à l’aide de lourdes frappes, particulièrement à la toute fin du round. 

 

Mbilli a poursuivi ses attaques de la même manière au début du 5e round, encore dévastateur avec le crochet de gauche. Puis à 15 secondes de la fin de l'engagement, Mbilli a trouvé l’ouverture parfaite pour décocher une puissante bombe de la gauche au visage de Mohammedi qui est alors tombé tel un arbre. L’arbitre Steve St-Germain n’a eu d’autre choix que d’arrêter immédiatement le combat.

 

« C'était un combat difficile », avouait Mbilli après sa victoire, sa 19e par K.-O. et une 21e victoire en autant de combats. « Il donnait beaucoup de petits coups, c'était gênant. Mais sinon, j'ai fait ce que j'avais à  faire. J'ai su au 4e round que je devrais en faire plus, car il ne casserait pas tout de suite. »

 

Le protégé de Eye Of The Tiger a avoué que ce le duel était parfois frustrant, mais son entraîneur Marc Ramsay était heureux de constater que « Solide » a su garder sa concentration tout au long du combat, sans tomber dans le piège de sombrer dans l'émotivité lors de ce combat suivi dans l'Hexagone d'outre-mer.

 

Marc Ramsay souhaite maintenant voir Christian Mbilli livrer ses prochains combats contre des boxeurs qui appartiennent réellement à l'élite de la division des 168 livres. Camille Estephan estime que les revenus générés en France par la web-diffusion du combat permettront de financer un affrontement contre un boxeur du top-5.

 

Par contre Ramsay et Estephan souhaite que Mbilli profite d'une pause, lui qui a été l'un des boxeurs les plus actifs avec 5 combats au cours des 15 derniers mois.

 

Nouvelle ceinture chez les Tigres

 

Artem Oganesyan (13-0) a signé la victoire à son retour à la compétition après une absence de plus d'un an et met la main sur la ceinture NABF des super-mi-moyens.

 

Mais la victoire contre Stephen Danyo (20-5-3) n'a pas été facile à obtenir. L'espoir de Eye Of The Tiger s'est retrouvé au tapis au 1er round, même  s'il a imploré l'arbitre Alain Villeneuve qu'il s'agissait d'une glissade. Dommage pour lui puisqu'il a tout de même malmené le Néerlandais, qui n'avait pas rempli ses obligations la veille, lors de la pesée en raison d'un important surpoids.

 

On à plus tard compris que c'est une blessure à une jambe qui a probablement empêché Danyo de présenter le poids réglementaire. Le médecin a ordonné la fin du duel 15 secondes après le début du 5e round, devant l'impossibilité de Danyo de bien se défendre par ses déplacements. Entre-temps, Danyo avait visité le tapis et encaissé les nombreuses frappes puissantes d'Oganesyan qui aurait préféré l'emporter d'une manière plus éclatante.

 

La " Mike Tyson " de la boxe féminine

 

Dans le premier combat féminin de la soirée, Mary Spencer a remporté le premier duel qu'elle disputait pour son nouveau promoteur. Et disons que ce fut une entrée en matière vraiment spectaculaire, autant sinon plus que celle de Christian Mbilli!

 

Spencer, qui est la toute première athlète à avoir représenté le Canada en boxe féminine lors des Jeux olympiques de 2012, a dominé sa rivale mexicaine Beatriz Aguilera (7-7-1) à l’aide d’une multitude de crochets de gauche au corps de sa rivale. Vingt-trois secondes seulement après le début du combat, et après une autre gauche, cette fois au visage, Aguilera s’est retrouvée au tapis.

 

Après sa victoire, Spencer se disait consciente du message qu'elle venait d'envoyer au monde de la boxe féminine, avec une 3e victoire par K.-O. en 4 combats. Radieuse après sa victoire, la gauchère de 37 ans entend progresser rapidement pour se retrouver en combat de championnat du monde dès que l'occasion se présentera. Marc Ramsay et Camille Estephan abondent dans le même sens. « Nous allons pourchasser n'importe quelle championne dans les catégories de 147 et 154 livres. Spencer, c'est de la dynamite, on a trouvé notre Mike Tyson » s'extasiait le promoteur, jamais à court de comparaisons.

 

D'ici là, Mary Spencer va continuer de s'entraîner à Montréal en compagnie de Jessica Camarra, sous la gouverne de l'entraîneur Ian McKillop.

 

Dans l'autre combat féminin, la québécoise Leila Beaudoin (5-0) a remporté sa 2e bataille de l'année 2022, par décision unanime 60-54, 58-56 et 58-56, contre la Mexicaine Estafania Gonzalez Franco (2-5). Beaudoin savait qu'elle affrontait une boxeuse dangereuse lorsque l'on veut s'approcher d'elle au corps-à-corps, comme en témoignait d'ailleurs son visage après le combat. La droitière de 25 ans a donc apprécié ce combat qu'elle qualifie de jeu d'échec, où elle devait marquer des points en contre-attaque avant de s'éloigner de sa rivale.

 

Le Montréalais Christopher Guerrero a eu l'honneur de disputer le premier combat de la carte devant la salle comble du Casino.

 

Guerrero en a eu plein les bras contre Marco Chino Villa lors des 2 premiers rounds, mais a réussi à s'ajuster au 3e assaut, qu’il a dominé. Villa n’avait pas dit son dernier mot et, par deux fois, a atteint le Québécois à l’aide de puissante droite au 4e round. Au final, les juges ont accordé la victoire à Guerrero avec des pointages identiques de 39-37.

 

Notons aussi les victoires d'Alexandre Gaumont par décision unanime et de Joshua Fraser par k.-o. au 1er round.