MONTRÉAL - Trois boxeurs québécois ont porté le titre de champion du monde en 2015, mais en fin de compte, il n’y a que le mal aimé Adonis Stevenson qui possède toujours une ceinture.

Premier champion de l’histoire d’Eye of the Tiger Management (EOTTM) à la suite de sa victoire sur Chris Arreola en mai 2014, Bermane Stiverne a été détrôné dès la première défense de sa ceinture des poids lourds du WBC par Deontay Wilder le 17 janvier au MGM Grand de Las Vegas.

Stiverne s’est largement incliné par décision unanime des juges, mais peut toujours se consoler en se disant qu’il est le seul boxeur à ne pas avoir été arrêté avant la limite par Wilder à ce jour.

Cela dit, l’athlète d’origine haïtienne a dû attendre jusqu’en novembre pour remonter dans le ring contre Derric Rossy, survivant à une chute au plancher au premier round avant de s’imposer par décision unanime dans un combat qui n’a même pas été présenté à la télévision américaine.

Stiverne a signé un nouveau contrat de trois ans avec son promoteur Don King à la fin du printemps dans l’espoir de redevenir champion du monde. Pourtant, le poids lourd avait eu maille à partir avec le coloré promoteur dans le passé, le poursuivant même pour mettre fin à l’entente qui les unissait. La date de son prochain duel est encore inconnue pour le moment.

Le règne de David Lemieux a également été de courte durée, puisqu’il a dû céder sa couronne des moyens de l’IBF après s’être fait servir une véritable correction par Gennady Golovkin dans un mégacombat d’unification présenté le 17 octobre au mythique Madison Square Garden.

Lemieux était devenu champion à la suite de sa victoire par décision unanime sur Hassan N’Dam en mai au Centre Bell et avait ensuite décidé d’affronter le détenteur des ceintures WBA et WBC intérimaire plutôt que de s’offrir une défense optionnelle contre un rival de moindre envergure.

La dernière année n’a aussi pas été de tout repos pour Lemieux à l’extérieur de l’arène, étant donné qu’il a quitté son promoteur de toujours Groupe Yvon Michel (GYM) afin de joindre Golden Boy Promotions d’Oscar De La Hoya. En février, Yvon Michel a réagi en déposant en Cour supérieure du Québec une requête introductive d’instance pour des dommages de 1 350 000 $.

En plus de Stiverne et Lemieux, deux autres protégés d’EOTTM - Dierry Jean et Ghislain Maduma - ont perdu leur pari de ne pas emprunter le chemin le plus facile. Le premier s’est incliné devant le champion des super-légers de la WBO Terence Crawford le 24 novembre à Omaha au Nebraska et le second a plié l’échine face à Maurice Hooker en sous-carte de Golovkin-Lemieux.

La routine pour Stevenson, des défaites pour Pascal et Bute

Exactement comme cela avait été le cas en 2014, les combats disputés par Stevenson contre Sakio Bika en avril à Québec et Tommy Karpency en septembre à Toronto n’ont pas soulevé les passions. C’est plutôt l’incapacité du détenteur de la ceinture des mi-lourds du WBC d’en venir à des ententes avec le champion unifié Sergey Kovalev et Jean Pascal qui a mobilisé l’attention.

Tandis que la tenue de son choc contre Karpency à Toronto laissait entrevoir la conquête du « Rest of Canada » par le truchement de Calgary et Vancouver, Stevenson a ensuite évoqué la possibilité que la prochaine défense de sa ceinture puisse s’effectuer en Chine. Mais il semble finalement qu’il se mesurera à son aspirant obligatoire Eleider Alvarez au printemps à Montréal.

À défaut d’en découdre avec Stevenson, Pascal s’est tourné vers Kovalev en mars au Centre Bell, lui permettant de livre un premier combat de championnat depuis mai 2011. Le Russe a cependant démontré pourquoi il est considéré comme l’un des meilleurs boxeurs « livre pour livre » de la planète en arrêtant l’ancien champion des mi-lourds du WBC au huitième round.

Après un duel face à Yunieski Gonzalez qu’il a difficilement remporté par décision unanime en juillet à Las Vegas, Pascal obtiendra sa revanche contre Kovalev le 30 janvier prochain au Centre Bell. Pour ce choc - où il est négligé à 15-contre-1 -, le Lavallois s’est payé les services de Freddie Roach à la suite de sa douloureuse séparation avec son entraîneur de toujours Marc Ramsay.

Inactif depuis sa défaite devant Pascal en janvier 2014, Lucian Bute a quant à lui effectué son retour après plus d’un an et demi d’absence en battant le modeste Andrea Di Luisa par arrêt de l’arbitre au quatrième round en août. Flanqué de ses nouveaux entraîneurs Howard et Otis Grant, il a ainsi signé sa première victoire depuis celle sur Denis Grachev en novembre 2012.

Grâce à son association avec l’influent conseiller Al Haymon, Bute a ensuite eu la chance d’affronter le champion des super-moyens de l’IBF James DeGale en novembre dans le premier gala de l’histoire du Centre Vidéotron. Sans surprise, DeGale s’est imposé par décision unanime, mais le Québécois d’origine roumaine a offert une prestation bien au-delà des attentes. Même s’il est maintenant âgé de 35 ans, il n’a aucunement manifesté l’intention d’accrocher ses gants.

Ayant toujours évolué dans l’ombre de son illustre compatriote, Jo Jo Dan a également subi la défaite en combat de championnat du monde, jetant l’éponge après le quatrième round contre le détenteur du titre des mi-moyens de l’IBF Kell Brook en mars en Angleterre. Il a ensuite gagné à son combat de retour en septembre à Toronto et s’entraîne désormais avec les frères Grant.

Alvarez, Beterbiev et Bizier dans l’antichambre d’un combat de championnat

Si certains boxeurs n’ont pas été en mesure de profiter des chances qui s’offraient à eux, d’autres ont sauté à pieds joints sur l’occasion de s’établir sur la scène internationale.

C’est notamment le cas d’Eleider Alvarez, qui est devenu aspirant obligatoire à Stevenson après avoir battu Isaac Chilemba par décision majoritaire en novembre à Québec. Pleinement remis d’une opération au coude gauche subie l’année dernière, le Colombien avait précédemment vaincu Anatoliy Dudchenko en juin à Chicago et Isidro Ranoni Pietro en août à Montréal.

À la croisée des chemins à la suite de ses deux défaites en combat éliminatoire des mi-moyens de l’IBF contre Dan en 2013 et 2014, Kevin Bizier s’est adjugé la position de premier aspirant à Brook en forçant Fredrick Lawson à jeter l’éponge après le 10e round de leur duel présenté en novembre à Miami. Bizier a été pratiquement parfait de la première à la dernière seconde, lui qui avait renoué avec Ramsay après s’être entraîné à Québec ces derniers temps. Sa victoire par décision majoritaire contre Fouad El Massoudi en avril l’avait obligé à se remettre en question.

Même s’il a été limité à deux combats en raison d’une blessure à une épaule qui a nécessité une opération, Artir Beterbiev a trouvé le temps de se hisser à la position de deuxième aspirant au titre des mi-lourds de l’IBF grâce à sa victoire sur Gabriel Campillo en avril à Québec. Beterbiev a ensuite continué son travail de démolition en massacrant Alexander Johnson en juin à Chicago.

Le Russe s’est également associé à Haymon, ce qui a incité son ancienne gérante Anna Reva à le poursuivre. Alléguant une rupture illégale de contrat, elle lui réclame le montant de 75 000 $.

Après avoir relancé sa carrière en 2014, Oscar Rivas a fait écarquiller certains yeux en remportant ses trois combats cette année. Il a d’abord battu Oezcan Cetinkaya en avril à Québec avant d’infliger des raclées à Jason Pettaway en juin à Shelton dans l’État de Washington et Joey Abell en novembre à Québec. Ces deux derniers duels ont été télédiffusés aux États-Unis.

La relève peu active

Du côté de la relève, le faible nombre de galas présentés par les organisations majeures a empêché certains jeunes boxeurs de disputer autant de combats qu’ils l’auraient souhaité.

Le participant aux Jeux olympiques de Londres en 2012 Custio Clayton a remporté ses quatre duels, mais GYM en a fait la tête d’affiche d’une nouvelle série d’événements qui seront tenus au Casino de Montréal à compter de janvier prochain. Cette nouvelle série a incité le promoteur à mettre sous contrat le super-moyen montréalais Erik Bazinyan - un protégé des frères Grant.

Chez InterBox, Yves Ulysse fils et Bogdan Dinu sont demeurés invaincus, alors que David Théroux a subi sa première défaite depuis le début de sa carrière en avril à Sorel.

Du côté d’EOTTM, Steven Butler avait bien commencé l’année en battant Kristian Santa et Felipe De La Paz Teniente, mais a dû se contenter d’un nul majoritaire contre Jaime Herrera en juin. Blessé à une main pendant ce combat, Butler a renoué avec la victoire contre Teemu Tuominen en finale d’un gala de la série « Fight Club », qui a été relancée avec la collaboration d’evenko.

Schiller Hyppolite a remporté quatre combats et est également devenu champion de la Francophonie des super-moyens du WBC. Le boxeur âgé de 29 ans est toujours en attente d’un combat majeur pour obtenir ensuite la chance de se battre en championnat du monde.

Sous contrat chez l’Américain Top Rank, Le Trifluvien Mikaël Zewski a quant à lui subi sa première défaite en s’inclinant devant Konstantin Ponomarev par décision unanime en mai à Las Vegas. L’ex-champion des mi-moyens de la NAF a toutefois rapidement renoué avec la victoire en passant le knock-out à Ayi Bruce au cinquième round en sous-carte de Crawford-Jean.

Enfin un contrat pour Bouchard?

À la recherche d’un promoteur, Sébastien Bouchard pourrait bien être de la série de galas au Casino après avoir passé le knock-out au deuxième round à Giuseppe Lauri en novembre à Québec. Son acolyte de Québec Éric Martel-Bahoéli a gagné en mars à Montréal et affrontera l’ancien champion des moyens, super-moyens et lourds-légers James Toney en janvier à Ottawa.

Le champion canadien des lourds-légers Sylvera Louis s’est incliné dans un combat pour un titre mineur du WBC le 19 décembre en Belgique. Il avait obtenu cette chance inespérée après avoir surpris l’espoir invaincu Cesar Cordoba en lui passant le knock-out en octobre en Espagne.

L’ancien aspirant mondial Renan St-Juste poursuit son petit bonhomme de chemin en disputant des combats à Repentigny. Il aura l’occasion de renouer avec le Centre Bell le 30 janvier, alors qu’il affrontera Francis Lafrenière dans un duel pour une ceinture mineure des moyens de l’IBF.

Le nouveau protégé de l’entraîneur Stéphan Larouche, Batyr Jurembayev, a connu des débuts professionnels inusités en se blessant à un genou. Le RDS.ca avait présenté l’envers du décor.

Finalement, l’ancien champion des super-mi-moyens de la WBA Joachim Alcine a annoncé sans tambour ni trompette sa retraite après avoir disputé 45 combats de mai 1999 à octobre 2015. Son dernier adversaire a été Jermell Charlo, qui l’a arrêté en six rounds à Houston au Texas.