MONTRÉAL - Même s’il disputera son premier combat de championnat du monde depuis le début de sa carrière, samedi soir au Centre Bell, Adonis Stevenson entend s’amener sur le ring avec la sagesse d’un vétéran.

Stevenson affrontera le champion des poids mi-lourds du WBC Chad Dawson, et alors que les preneurs aux livres le négligent jusqu’à sept contre un, le Québécois âgé de 35 ans a simplement hâte de savourer et surtout saisir une chance qui ne se présentera peut-être pas deux fois.

« Vous (les journalistes) m’avez tellement mis de pression à mon dernier combat (contre Darnell Boone) que maintenant en championnat du monde, je ne peux être que calme et reposé », a blagué Stevenson avant un entraînement tenu lundi après-midi dans un hôtel du centre-ville de Montréal. « Je suis allé m’entraîner à l’extérieur (du Québec) pour vivre ce moment-là. J’ai vraiment hâte de me battre pour montrer ce dont je suis capable. »

Stevenson a beau être gonflé à bloc et surtout être encore entouré de l’équipe qui lui a permis de devenir le meilleur aspirant chez les super-moyens au monde en moins d’un an, il y aura quand même une grande part d’inconnu pendant son duel contre Dawson (31-2, 17 K.-O.).

Après s’être battu à 168 livres pendant la quasi-totalité de sa carrière, le Longueuillois monte chez les mi-lourds à 175 livres. Étant donné que sa force de frappe a été la principale clé de son succès jusqu’à présent, sera-t-il en mesure de l’amener dans cette nouvelle catégorie de poids?

« C’est sûr et certain! », a promis Stevenson. « J’ai mis les gants avec des poids lourds et ils pourraient vous dire à quel point mes coups sont puissants. »

« Mais j’aime aussi bien vous le dire tout de suite, je ne compte pas sur ma puissance pour battre Dawson. Je suis capable de boxer. »

« Nous avons encore une fois travaillé sur les bases fondamentales de la boxe », a ajouté son entraîneur Javon Hill. « Adonis se devra d’utiliser son jab contre un gaucher comme Dawson. »

Reste que Stevenson a enregistré ses 10 dernières victoires par knock-out et que d’arrêter les adversaires avant la limite a toujours été la signature des boxeurs du mythique Kron Gym. En insistant un peu, Stevenson finit par admettre que c’est ce qui arrivera.

« Je suis un artiste du knock-out! », a lancé le cogneur. « Je vais laisser aller mes mains et ça va venir tout seul. J’ai déjà visualisé tout ça. »

Stevenson pense également que l’avantage du ring pèsera très lourd dans ses chances de succès. Il n’a pas non plus manqué de souligner que Dawson présente un dossier perdant en combats de championnat du monde à Montréal.

« La première fois qu’il est venu avec une ceinture, il l’a perdue. Il revient une deuxième fois, il va la perdre encore », a conclu Stevenson. « La foule va me donner encore plus de puissance et d’énergie. »

Espérons pour Stevenson que ses partisans seront particulièrement bruyants, puisque de 4000 à 6000 personnes seulement sont attendues pour ce premier combat de championnat du monde dans la métropole en près de deux ans.

Un environnement sain

En installant son camp d’entraînement à Traverse City, localité située à plus de 400 kilomètres au nord-ouest de Detroit, Stevenson a mis toutes les chances de son côté pour l’emporter, mais a également permis à Hill de réaliser un rêve.

« Tommy Hearns y était allé en 1981 et j’avais toujours souhaité y amener mes boxeurs en préparation d’un combat de championnat du monde », a avoué le neveu de feu Emanuel Steward. « L’air de Traverse City est pur et frais. Toute la nourriture y est cultivée localement. »

« Et dire qu’Adonis voulait s’entraîner à Big Bear Lake en Californie. J’y étais déjà allé il y a longtemps, mais c’est loin de tout. Avec le décalage horaire, je pensais que le Michigan était beaucoup mieux. »

Les entraînements de Stevenson étaient divisés en deux : une portion axée sur la stratégie et la technique en avant-midi et des séances de sparring en après-midi. Conscient de l’enjeu du combat de samedi, le Québécois était particulièrement attentionné dans tous ses exercices.

« Je n’avais jamais besoin de le pousser. De toute façon, je ne suis pas là pour jouer à la gardienne », a expliqué Hill. « Ce qui est plaisant avec Adonis, c’est qu’il est toujours en forme. »

« Nous pouvons commencer à penser au combat dès le premier jour. Il n’a pas à perdre du poids pendant les premières semaines. Je crois que ça contribue énormément à son succès. »

Hill croit d’ailleurs que son protégé a tout ce qu’il faut pour suivre les traces de George Foreman et Bernard Hopkins, qui sont devenus champions du monde dans la quarantaine avancée. Stevenson a toujours pris un soin jaloux de sa santé et en retire les bénéfices aujourd’hui.