Lucian Bute est serein.

Et pour cause. À l’aube du combat de championnat du monde qui l’opposera samedi soir à James De Gale sur le ring du Centre Videotron, Lucian se retrouve dans le meilleur état global pour nous en mettre plein la vue.

Il suffit de jaser avec lui de tout et de rien – ce que j’ai fait au fil des dernières semaines – pour le constater. Je ne dis pas que cette confiance renouvelée lui assure une victoire automatique et de reconquérir le titre IBF des poids super-moyens qui lui a appartenu pendant près de cinq ans. Là n’est pas ma prédiction.

Ce dont je suis persuadé par contre, c’est que Lucian a fait la paix avec lui-même et avec ce qui s’est passé contre Carl Froch d’abord, puis contre Jean Pascal. Après avoir pris tout le temps requis pour mettre sa carrière en perspective et trouvé chez les frères Grant ce dont il avait besoin, Bute a visiblement renoué avec l’état physique et mental lui permettant de bien gérer et utiliser toutes ses habiletés.

Le blocage mental qui lui a tellement causé de tort et dont nous avons amplement parlé dans le passé semble avoir été chassé de son esprit. Il était à l’époque tellement mêlé et perdu dans la forêt qu’il ne voyait même plus les arbres. Tellement que son cerveau et son corps ne communiquaient plus bien ensemble, ce qui n’était pas dû à une défaillance neurologique.

Lorsque les gens arrivent habituellement à ce point, c’est qu’ils sont en proie à un burn-out, voire une dépression. Je ne dis pas que Lucian a souffert de cela, mais plutôt que ledit blocage ne lui permettait pas d’être heureux dans ce qu’il faisait et de s’accomplir totalement.

Grâce à ses entraîneurs Otis et Howard Grant, Lucian n’est désormais plus dans cet état d’esprit. Dans le gymnase de ceux-ci, le Montréalais d’origine roumaine a trouvé l’oreille et les ressources dont il avait besoin pour remettre sa carrière sur les rails.

En l’emportant contre Andrea Di Luisa par arrêt de l’arbitre au quatrième round en août dernier après une pause de plus d’un an et demi, Bute a pu mettre à l’épreuve cette nouvelle association et ainsi confirmer qu’il avait le bon entourage pour aller de l’avant et tenter à nouveau sa chance en combat de championnat du monde.

Cette décision de faire confiance aux frères Grant, elle ne lui a pas été imposée. Lucian l’a prise en connaissance de cause. Si Lucian était complètement dominé par De Gale samedi, et bien ce sera uniquement parce que son opposant était meilleur. Point final.

De Gale est débarqué à Québec la semaine dernière avec pour objectif d’ajouter une victoire de plus à sa fiche contre un ancien champion du monde dans l’espoir de mettre la table à un combat d’unification contre Badou Jack, le détenteur de la ceinture WBC des poids super-moyens.

Je ne sais pas sur quoi s’est basée la préparation de De Gale en vue de ce duel, mais s’il s’est concentré uniquement sur les performances de Lucian contre Froch et Pascal, il risque d’être surpris.

Il y a longtemps qu’on n’a pas vu Lucian faire usage de l’uppercut du gauche qui lui a donné tant de succès dans le passé. Il n’a pas été en mesure de le faire contre Pascal parce que ce dernier s’était brillamment préparé à le contrer. Face à Froch, le combat n’a simplement pas été assez long pour qu’il puisse l’utiliser.

Mais cette fois, je sais que Lucian et son clan ont la ferme intention de tester le corps de De Gale tôt dans le combat.

Le boxeur britannique est bon, habile, polyvalent et c’est sans aucun doute le meilleur talent brut auquel se sera mesuré Bute chez les professionnels. Or, malgré sa récente victoire par décision unanime contre Andre Dirrell, De Gale n’a pas disputé énormément de combats faisant de lui un boxeur aguerri. Après avoir visionné beaucoup de ses combats, je peux affirmer qu’il jamais affronté un boxeur comme Bute, qui va le frapper davantage, et ce avec plus d’autorité.

Face à un boxeur aussi imprévisible, Bute se devra d’être celui qui applique la pression. De Gale aime prendre son temps et attendre l’occasion parfaite avant de lancer des coups qui peuvent faire mal. Bute et son équipe sont prêts à faire face à la gauche qui a envoyé Dirrell au plancher. C’est le genre de coup que Lucian devrait voir venir.

De Gale a de plus tendance à toujours connaître un certain passage à vide à un moment ou à un autre du combat. Une faiblesse que Lucian se devra d’exploiter, lui qui gagne généralement en efficacité à mesure que le duel avance.  

Pour ce faire, il se devra toutefois d’être plus hargneux, ce que plusieurs lui ont reproché dans le passé. C’est pourquoi les frères Grant ont entrepris de chasser le côté trop « gentleman » de Bute sur le ring. Une stratégie qui semble pour l’instant avoir eu ses effets puisque Lucian a envoyé au tapis chacun de ses partenaires d’entraînement en vue de combat.

Si Lucian survit à un début de combat qui s’annonce dangereux, j’ai bien l’impression qu’il gagnera en confiance, ce qui me pousse à croire en ses chances.

Bizier à Québec?

Par ailleurs, nous avons appris aujourd’hui de la bouche de la IBF qu’elle avait contraint son champion des poids mi-moyens à affronter le Québécois Kevin Bizier.

Brook devait au départ livrer un combat optionnel contre Diego Chaves, mais le duel a été repoussé en deux occasions par le champion en raison de blessures.

Ne recevant pas de nouvelles du clan de Brook quant à ses plans d’avenir, la IBF lui a finalement ordonné d’affronter Bizier. Je suis depuis entré en contact avec le promoteur de Brook, Eddie Hearn pour amorcer les discussions.

Ce dernier semble pour l’instant ouvert aux possibilités et nous devons d’ailleurs nous rencontrer cette semaine à Québec, lui qui est en ville pour accompagner De Gale, un autre de ses clients.

Puisque Hearn semble intéressé à présenter le combat à Québec, l’occasion sera également idéale pour rencontrer tous les intervenants de la Vieille Capitale susceptibles de contribuer au projet et de permettre à Bixier de combattre chez lui, devant les siens, idéalement en mars prochain.

À suivre...

*Propos recueillis par Mikaël Filion