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RÉSULTATS

Souvenirs de « Big » George Foreman

George Foreman contre Michael MoorerGeorge Foreman contre Michael Moorer - Getty
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COLLABORATION SPÉCIALE

L'ancien double champion du monde George Foreman (75-5-0, 68 K.-O.) est décédé à 76 ans la semaine dernière, paisiblement entouré de sa famille. On n'en a pas mentionné les raisons.

En 1994, à 45 ans et 299 jours, il est toujours le boxeur poids lourd le plus âgé à avoir conquis le titre mondial de la division lorsqu'il a passé le K.-O. à Michael Moorer (52-4-1, 40 K.-O.) à Las Vegas pour lui ravir les titres IBF et WBA.

Cet exploit brisait le record de Jersey Joe Walcott (49-20-1 31 K.-O.) par 8 ans et 1 jour, lui qui en 1951, à 37 ans et 298 jours, passait le K.-O. à Ezzard Charles (95-25-1, 52 K.-O.) à Pittsburgh pour reprendre le titre mondial NBA, l'ancêtre de la WBA.

Ce qui est aussi remarquable pour le Roi du Grill, c'est qu'il est devenu champion WBA/WBC à Kingston le 22 janvier 1973 en pulvérisant Joe Frazier (32-4-1, 27 K.-O.) en 2 petits rounds, et a récidivé plus de 20 ans plus tard, un fait unique. 

La première fois que j'ai rencontré George Foreman c'était au Memorial Sport Arena durant les Jeux olympiques de Los Angeles en 1984 alors que j'étais analyste à la boxe pour Radio-Canada. 

J'avais 29 ans avec la sensation de vivre une aventure incroyable à mes premiers Jeux olympiques. 

Foreman était sur place à tous les jours, dans les ringsides, lui qui avait la charge de l'équipe qui s'occupait du nettoyage du ring et l'approvisionnement en eau dans les coins. 

Après les journées de combats, on avait souvent l'occasion de lui parler. Il était jovial, souriant, accessible et ne se prenait pas pour une vedette. Il était loin de l'image de la terreur des rings au corps ciselé dans le marbre qu'on voyait à la télé. Il devait peser près de 300 livres, mais heureux dans sa peau et sans complexe.

Il avait bien mis une croix sur sa carrière sans intentions de retour parce que sa vie avait pris tout un autre sens dans la foi religieuse.

En 1987, trois ans plus tard, quand il est remonté sur le ring contre Steve Zouski, on a tous cru que son retour tenait plus d'un spectacle de saltimbanque, un peu comme Jake Paul de nos jours, qu'une quête sérieuse au Saint Graal. 

Je l'ai rencontré à nouveau en janvier 1990 à Atlantic City. J'étais sur place pour suivre Matthew Hilton qui affrontait le champion WBO des moyens Doug DeWitt. Le Québécois devait abandonner avant le début du 12e round l'œil droit complètement obturé. 

Foreman, en demi-finale, affrontait le géant de 6'6'' Gerry Cooney à son 20e combat depuis son retour. Chemin faisant, il avait complètement broyé l'opposition, relativement modeste, avec 19 K.-O.

Cooney devait être plus coriace, mais il est resté sur son tabouret à l'annonce du 3e round après avoir été martyrisé durant les deux premiers.

Même si personne ne croit aux chances que « Big George » redevienne champion du monde, on commence à le prendre au sérieux comme aspirant et sa popularité est en pleine croissance. 

Après la soirée je retourne à mon hôtel, au Sheraton l'autre côté de la rue. Je m'installe au comptoir du restaurant et je commande un hamburger. J'aperçois Foreman et son équipe arriver. Ce dernier est encore habillé en boxeur, peignoir, culotte, bottines et une serviette autour du cou.

Il vient s'asseoir à quelques sièges de moi et commande 5 hamburgers au serveur. « C'est pour vous et votre équipe? », je lui demande timidement. « Absolutely not this is for me, I am very big hungry man! » ( Absolument pas, ceci est pour moi. Je suis un très grand homme affamé) qu'il répond avec un sourire fendu jusqu'aux oreilles.

Il ne se souvenait pas de m'avoir rencontré à Los Angeles trois ans plus tôt, mais disait y avoir passé deux semaines rafraichissantes. Nous avons jasé un bon 45 minutes le temps qu'il termine son dernier sandwich. Il était très volubile, pas embêté du tout et alimentait généreusement la conversation.

J'ai gardé un souvenir impérissable de cette rencontre. Je ne l'ai peut-être pas cru alors quand il m'a affirmé qu'il redeviendrait champion du monde, mais je me souviens d'avoir pensé à quel point il était un ambassadeur hors pair pour la boxe et surtout un être humain chaleureux qui fait du bien à rencontrer sur notre route.

Quatre ans plus tard, en 1994 négligé à 3 contre 1, après avoir perdu pratiquement tous les rounds, Jim Lampley va crier » « It happenned, It happenned » (C'est arrivé, c'est arrivé) quand Moorer est étendu au tapis pour le compte au 10e. 

C'est la même année qu'on lui proposa d'endosser le « George Foreman Grill » en échange d'actions de la compagnie. Il les revendra 15 ans plus tard, en 1999 pour 138 millions.

Les témoignages ont été nombreux pour ce personnage plus grand que nature qui a su se redéfinir et devenir un modèle d'inspiration dépassant largement les cadres du sport. 

LA BOXE PROFESSIONNELLE DE RETOUR À CUBA APRÈS 63 ANS 

La boxe professionnelle à Cuba a déjà été très florissante avant la révolution, surtout durant le règne du président Fulgencio Batista, dans les années 1950 alors que l'ile est un véritable terrain de jeu pour les Américains où les casinos pullulent et les soirées de boxe sont populaires auprès des nombreux touristes.

Je n'ai pas connu cette période, mais je connais assez mon histoire pour savoir que le surnom « Kid » était très répandu alors qu'on célébrait les champions du monde cubains, Kid Chocolate, Kid Gavilan, Kid Paret.

Fidel Castro a signé un décret interdisant la boxe professionnelle à compter de 1961. Pour compenser, le gouvernement a investi massivement en boxe amateur. 

Le succès fut phénoménal et le joyau des Caraïbes a récolté pas moins de 80 médailles olympiques, dont 42 d'or, 19 d'argent et 19 de bronze, surtout à compter des Jeux de Moscou en 1972, pour occuper le second rang mondial à ce niveau. 

Au premier rang on retrouve les représentants américains qui ont eu du succès dès le début de la boxe aux JO depuis 1904. Nos voisins du sud dominent la récolte des médailles avec 118 dont 50 premières places.

Les grandes vedettes du pugilisme olympique du pays des fameux cigares de la Havane ont été les Teofilo Stevenson, Felix Savon, Angel Hernandez, Guillermo Rigondeaux entre autres. 

Depuis le bannissement de la boxe professionnelle à Cuba une quinzaine de combattants ayant fui le pays ont entrepris une carrière professionnelle fructueuse, couronnée d'un titre mondial, dont les Yuriorkis Gamboa, Joel Casamayor et Erislandy Lara.

Après la fin de la période de la guerre froide et le démantèlement du mur de Berlin en 1989 tous les pays du bloc de l'Est ont ouvert leurs frontières et leurs boxeurs éduqués et athlétiques ont pris d'assaut le monde capitaliste et les classements mondiaux. Ils ont ainsi bouleversé la domination américaine au sommet de la hiérarchie depuis plus d'un siècle.

Comme exemple frappant, sur les 60 boxeurs poids lourds, des 4 associations mondiales majeures, classés parmi leurs 15 meilleurs aspirants mondiaux, on n'en retrouve que 10 du pays de l'oncle Donald. 

Depuis la levée de l'interdiction de la boxe professionnelle en Norvège en 2014, il ne restait que l'Islande, la Corée du Nord et Cuba où c'était prohibé. 

La dernière fois que je suis allé à Cuba pour la boxe, c'était en avril 1996 alors que je dirigeais l'équipe canadienne au tournoi Cordoba Cardin à Camaguey. 

J'entrainais également Éric Lucas qui se préparait à affronter Roy Jones Jr. chez lui à Jacksonville, le 15 juin suivant pour le titre IBF des super moyens.

Profitant de la situation, j'avais amené Éric avec nous pour lui permettre de se familiariser avec la température chaude et mettre les gants avec des boxeurs locaux.

Comme il n'y avait pas de boxeurs professionnels dans ce pays, l'information qu'il y en avait un dans l'ile suscitait beaucoup de curiosité.

Nous avons passé l'information qu'on offrait la somme de 10$ par reprise à quiconque acceptait de faire des rounds d'entrainement (sparring) avec Éric. Lorsqu'on s'est présenté au gymnase, il y avait plus d'une trentaine de volontaires et on a choisi ceux qui correspondaient le mieux à nos besoins.

Je peux vous assurer que ce sont des partenaires motivés qu'Éric avait à affronter et il en avait plein les bras. Quand il s'est retrouvé face à Jones il était vraiment prêt.

Dans le tournoi Cardin, il y avait des boxeurs qui avaient connu beaucoup de succès sur la scène internationale amateur et aux Olympiques, mais la vedette de la place, à ce moment, était Éric parce que tous étaient fascinés d'être en présence d'un vrai boxeur pro! Pour la majorité, elle n'en avait jamais vu un et c'était particulier.

Alors je suis convaincu que le 11 avril prochain, à Varadero, ce sera un moment spécial pour une communauté qui a adopté la boxe amateure comme sport national, depuis le début des années 1970, alors que pour la première fois en plus de 60 ans on va y présenter la version professionnelle.

Cet événement intitulé « Cuban Boxing Night » sera tenu à l'hôtel Melia International et organisé par le promoteur allemand Ingo Volckmann d'Agon Sports. 

Les principales vedettes seront Arlen Lopez (3-0, 2 K.-O.), deux fois médaillé d'or olympique et Lazaro Alvarez (6-0, 3 K.-O.) trois fois champion du monde et double médaillé de bronze olympique. À noter que ce dernier a été écarté du podium aux Jeux panaméricains de 2023 à Santiago par le Canadien Wyatt Sanford. 

Ce n'est qu'un début, il y a déjà plusieurs autres événements de ce genre qui se dessinent pour cette terre découverte de Christophe Colomb en octobre 1492…à suivre.

Bonne boxe!
 
À la semaine prochaine!