Superman a dissipé tous les doutes
Boxe dimanche, 29 sept. 2013. 01:28 jeudi, 12 déc. 2024. 00:31Adonis Stevenson devra vraiment être pris au sérieux sur la scène internationale. En moins de quatre mois, il a détrôné un champion du monde et un ancien champion qui n'a jamais visité le tapis durant sa carrière. Chaque fois, il l'a fait d'une façon très convaincante.
Contre Tavoris Cloud, il fait la démonstration que sa gauche n'est pas son unique élément destructeur. Il nous est apparu comme un boxeur plus complet. Peut-être est-ce dû au fait qu'on l'avait très peu vu la dernière fois, durant une soirée de la matraque qui n'avait duré que 76 secondes. Ce soir-là, on n'avait vu qu'une retentissante gauche.
À la lumière de ce qui s'est produit contre Cloud, c'est assez évident que Chad Dawson avait commis l'erreur de ne pas le prendre au sérieux. Cloud était mieux préparé. Il a souvent esquivé la gauche du champion qui s'est bien repris avec un jab efficace en attendant de pouvoir porter ses meilleurs coups. Cloud a été coupé à l'oeil gauche au troisième round avant que la gauche de Stevenson lui fasse une entaille à l'oeil droit au septième round. Le visage couvert de sang, l'ancien champion, dont la vue était sans doute affectée par le sang qui lui inondait le visage, n'a pas répondu à la cloche pour le huitième round.
Le Groupe GYM était surtout satisfait d'une chose. Stevenson a chassé les doutes quant à ses atouts de boxeurs. On disait qu'il était un dur cogneur, mais il y avait toujours un mais. A-t-il ceci? A-t-il cela? On ne savait trop jusqu'où il pouvait aller. On le sait davantage à la suite de cette deuxième victoire spectaculaire.
«Plus personne ne pourra dire qu'il n'a pas battu de grands boxeurs, a fait remarquer Yvon Michel qui a des plans pour sa vedette. L'objectif est de lui permettre de se battre contre des gars qui détiennent des ceintures dans le but d'unifier les titres de sa catégorie. À la boxe, ce n'est pas tout de gagner. Il faut durer longtemps et Adonis à ce qu'il faut pour le faire.»
Le clan InterBox, Jean Bédard, Lucian Bute et Stephan Larouche en tête, assis dans les premières rangées, a pu constater que Stevenson n'est pas un feu de paille. Ce n'est pas un «lucky punch» contre Chad Dawson qui lui a permis de faire les frais de cette finale et de devenir la plus récente coqueluche du réseau HBO.
«Il nous a montré un bel arsenal, a fait remarquer Larouche. Il est en pleine confiance. Il s'est amélioré. Il est capable de faire de la boxe explosive tout en étant en économie d'énergie.»
Il peut attendre la bonne occasion pendant que son adversaire s'épuise à le frapper. Larouche est d'avis que Cloud a voulu lui laisser le centre du ring, mais que Stevenson a profité de la situation pour le dépecer.
«Il est un meilleur boxeur, ajoute le directeur technique d'InterBox. Il utilise davantage ses forces. Sa gauche est plus précise, plus menaçante. Il vit certainement de beaux moments.»
À la suite de ce qui vient de se passer, la boxe montréalaise, qui a connu une baisse d'intérêt depuis les championnats perdus par Pascal et Bute, pourrait connaître un avenir plus intéressant à court et à moyen terme. Il y a plein de combats que le public achèterait avec empressement: Bute-Pascal, Bute-Stevenson et tant qu'à y être, Pascal-Stevenson. Ne riez pas. Il y a deux ans, un combat Bute-Pascal était hors de question. Par ailleurs, jamais on n'aurait cru possible que Stevenson puisse effectuer une percée aussi rapide dans l'élite mondiale.
Stevenson n'avait pas encore quitté le ring après sa victoire qu'il se disait très intéressé par ce qui se passera à l'occasion du combat entre Pascal et Bute. Toutefois, ça devrait rester au stade de l'intérêt pour lui puisque Michel a été très clair sur un point. Bute et Pascal ont des choses à régler. C'est une affaire qui pourrait durer longtemps. L'intérêt s'est transporté ailleurs parce que Stevenson n'a qu'une intention: viser et gagner tous les titres possibles.
«On se posait beaucoup de questions à mon sujet. On n'était pas trop certain de ce que je pouvais accomplir parce qu'on ne me voyait pas longtemps durant mes combats. J'ai fait des rounds ce soir. Je pense avoir fait la preuve que je peux boxer», a souligné la vedette de la soirée.
Un bon entraînement pour Pascal
On n'a pas mis de temps à réaliser que Jean Pascal n'était pas là pour bousiller ses chances d'affronter Lucian Bute dans quelques mois. Bute , qui s'est levé pour applaudir son futur adversaire lors de sa présentation, semblait souhaiter sa victoire afin d'activer l'intérêt pour leur prochain combat.
Son adversaire, George Blades, lent et incapable d'une défense efficace, n'était pas dans la même ligue que son rival. Pascal a étiré le combat jusqu'au cinquième round. S'il l'avait voulu, il aurait terminé ça plus tôt. Pascal, dont c'était le premier combat en neuf mois, a voulu s'envoyer quelques rounds derrière la cravate pour se redonner une certaine contenance dans le ring. Il aurait même pu faire durer le suspense un peu plus longtemps, mais on a senti au cinquième round son empressement à en finir. Pour lui, cette bataille n'a été rien d'autre qu'une petite mise au point dans le cadre de l'entraînement intensif qui devrait le mener au combat tant attendu contre Bute.
Il semblait en feu après sa victoire. J'ai l'impression qu'on va l'entendre beaucoup jaser au cours des prochains jours et des prochaines semaines.
Des victimes faciles
GYM nous fait souvent le coup. Plusieurs de ses jeunes boxeurs bénéficient de la très grande prudence du promoteur en livrant leurs premiers combats chez les professionnels contre des adversaires au passé pas très glorieux.
Quatre des combattants de ce gala totalisaient 54 défaites, dont 22 au dossier de Rayco Saunders, qu'on avait choisi pour protéger la fiche toute neuve de celui qu'on nous annonce comme une vedette montante, la plus récente découverte de GYM, le russe Artur Beterbiev. Saunders, qui n'est pas revenu pour le quatrième round en se plaignant d'une blessure à un genou, était en voie d'en manger toute une quand sa soirée de travail a pris fin.
Si Beterbiev est aussi bon boxeur qu'on le dit, on aimerait bien en avoir la confirmation contre un opposant qui ne vient pas à Montréal uniquement pour encaisser un chèque.
Incidemment, les quatre boxeurs en question ont porté leur total collectif à 58 défaites puisqu'ils ont tous perdu contre Beterbiev, Kevin Bizier, David Lemieux et Eleider Alavarez.
Mais pour le reste, GYM a présenté une soirée intéressante. Faut dire que les victoires de Stevenson et Pascal avaient de quoi satisfaire ceux qui sont impatients de voir deux grands boxeurs locaux régler leur différend en janvier.