Passer au contenu principal

RÉSULTATS

De retour après sa défaite contre Patrice Volny, Steven Butler admet s'être trop fié à sa puissance

Publié
Mise à jour

Quand Russ Anber avait confirmé qu'il mettait un terme à son association avec David Lemieux, il y a de cela plus d'une dizaine d'années, le très respecté homme de boxe avait alors expliqué que son ancien élève souffrait de ce qu'il appelait « la maladie du cogneur ».

Comme Joe Louis, Mike Tyson, George Foreman et bien d'autres avant lui, Lemieux était tombé en amour avec sa puissance. Il ne ressentait plus nécessairement le besoin de « faire un round de plus dans le gymnase ou encore courir un autre mille », avait mentionné Anber.

Si personne n'a jamais soulevé le moindre doute sur tous les efforts qu'il peut déployer à l'entraînement, Steven Butler est aujourd'hui le premier à reconnaître qu'il s'est beaucoup, beaucoup trop fié à sa formidable force de frappe depuis le commencement de sa carrière.

La dernière fois, c'était en juin dernier contre Patrice Volny. Déterminé à lui servir une correction, Butler est complètement passé à côté de l'essentiel, c'est-à-dire vouloir gagner. Volny en a ainsi profité pour l'emporter par arrêt de l'arbitre au neuvième round et infliger à Butler sa cinquième défaite. Un revers que le principal intéressé a très durement encaissé.

« Je suis certain que mon combat contre Volny, c'est moi qui l'ai perdu », a expliqué Butler, mardi, à deux jours de son combat de retour qu'il s'apprête à disputer jeudi soir en demi-finale de l'événement qu'Eye of the Tiger présentera au Cabaret du Casino de Montréal.

« Sans absolument rien lui enlever, il était juste plus prêt que moi mentalement à vouloir gagner le combat, a-t-il enchaîné. J'étais là pour lui passer le knock-out. Je n'étais pas là pour essayer de gagner, mais pour faire un statement. Je m'étais mis énormément de pression sur les épaules en raison de l'engouement qu'il y avait autour de de combat-là.

« C'était une erreur d'amateur, surtout avec l'expérience que j'accumule depuis des années. La même erreur que j'avais commise avec Brandon Cook où je sentais que je devais le knockouter, alors que j'aurais pu le boxer. Avec de la confiance, j'aurais gagné le combat. »

Mais à l'aube de la trentaine et avec maintenant quarante combats derrière la cravate, Butler jure avoir compris qu'il est condamné à changer, sans quoi il n'aura aucune chance de remporter ces fameux affrontements qui permettent de séparer le bon grain de l'ivraie.

« Trop souvent, j'ai joué la game de mes adversaires plutôt que de jouer ma game, a précisé Butler. Tout cela est maintenant derrière moi, c'est pourquoi je suis devant vous aujourd'hui.

« Je suis confiant et je suis surtout confiant en l'avenir. Il faut juste que dorénavant, je sois déterminé à gagner mes combats et non pas donner un show. Nous ne sommes pas à la lutte. Je sais que je vais être spectaculaire dans n'importe quelles circonstances. Vous ne m'entendrez plus jamais mentionner que je vais passer le knock-out à mon adversaire. »

Évidemment, ce changement de paradigme a été le fruit d'une longue réflexion qui a été encouragée par les membres de son entourage : son père Clinton Butler en tête, mais également son promoteur Camille Estephan et son plus grand confident, Mathieu Germain.

« J'ai beaucoup parlé avec Mathieu et il m'a cité [l'ancien champion des poids super-plumes, légers et super-légers] Gervonta Davis en exemple, a raconté Butler. C'est un boxeur qui est extrêmement patient, mais qui est spectaculaire quand le moment arrive.

« Ce n'est pas un gars qui essaie de passer le knock-out à ses adversaires dès le premier round, mais il finit par tous les knockouter, parce qu'il a la puissance pour le faire. Je me suis vu en lui. Il faut que je garde ma force de frappe pendant tout le combat et pas juste dans les premiers rounds. Il faut que je puisse mettre un terme au combat à tout moment. »

Butler sait qu'il est capable de grandes prestations – contre Steve Rolls, notamment – et que ce n'est évidemment pas son duel de jeudi soir face à Fernando Ezequiel Farias – un adversaire de remplacement – qui parviendra à changer la perception à son égard. S'il remonte sur le ring, c'est d'abord et avant tout pour reprendre confiance et préparer l'avenir.

« Après toutes mes défaites, je suis tout le temps revenu plus fort, a rappelé Butler. Je ne suis pas du tout là pour remettre les points sur les i. Ma défaite contre Volny est derrière moi. »