MONTRÉAL - Si Bermane Stiverne ne réalise pas encore pleinement l'ampleur de l'exploit qu'il a accompli en défaisant Chris Arreola pour le titre des lourds de la WBC, samedi, un appel lui a permis de comprendre qu'il joue maintenant dans les grandes ligues.

« Tard lundi soir, j'ai reçu un appel de Mike Tyson, qui m'a félicité. Je ne peux pas demander mieux que ça, a indiqué le Montréalais d'origine haïtienne au cours d'une téléconférence, mardi. J'ai le titre que (Lennox) Lewis avait, que (Mohammed) Ali, avait, que Tyson avait... Tous ces grands boxeurs. »

À cette liste, il aurait pu ajouter les Sonny Liston, Joe Frazier, George Foreman et Vitali Klitschko, pour ne nommer que ceux-là. En remportant ce titre par arrêt de l'arbitre au sixième round, Stiverne (24-1-1, 21 K.-O.) a gravé son nom dans la riche histoire de la boxe.

« Je ne l'ai pas encore réalisé, a-t-il admis. Je ne dis pas que je m'attendais à courir partout et à sauter de joie, mais je croyais que je serais un petit peu plus heureux que je ne le suis présentement. »

C'est probablement pourquoi la suite des choses est encore floue dans sa tête. Si son agent, Camille Estephan, d'Eye of the Tiger Management (EOTTM), a bien reçu quelques appels, les plans d'avenir ne sont pas encore définis pour le boxeur de 35 ans.

« Pour le moment, je ne pense qu'à savourer ma victoire. En temps et lieu, Camille s'occupera de cela. »

« Nous avons eu beaucoup d'appels de plusieurs boxeurs, incluant les Klitschko - Wladimir détient les titres IBF, IBO, WBA et WBO des lourds - qui sont intéressés par un combat, a fait valoir Estephan. Nous sommes toujours sur un nuage et nous espérons retomber sur Terre bientôt pour reprendre le travail, mais je voulais m'assurer que Bermane ait un peu de temps pour savourer cela. Nous avons travaillé fort pendant très longtemps, c'était ardu, physiquement et mentalement. »

Stiverne, alors aspirant obligatoire, a dû patienter pendant plus d'un an pour affronter Vitali Klitschko, l'ex-champion de la WBO. Mais une blessure à la main de l'Ukrainien, suivi de sa décision de se lancer en politique chez lui a constamment repoussé ce combat. À son âge - le même où Adonis Stevenson est devenu champion du monde - Stiverne ne ressent toutefois pas d'urgence pour la suite de sa carrière.

Toujours sur un nuage

« Pas du tout. Je me suis mis tard (19 ans) à la boxe et je n'ai jamais été impliqué dans des guerres au cours de mes combats. Alors je ne me sens pas usé. »

EOTTM et lui sont maintenant dans le siège du conducteur.

« Ce titre met notre compagnie sur la carte. Il y a des promoteurs qui travaillent des années et des années sans jamais pouvoir goûter à la victoire et, nous, nous l'avons fait en peu de temps, a admis Estephan, qui a fondé EOTTM en 2008 seulement. On compte garder ce titre pour longtemps et en ajouter d'autres.

« Nous avons une très bonne réputation maintenant et les organisations de boxe ailleurs dans le monde savent que nous sommes une organisation sérieuse, qui est là pour rester. »

Stiverne, qui réside à Las Vegas, n'a pas boxé à Montréal depuis novembre 2010. Il avait alors vaincu le faire-valoir Ramon Hayes (qui avait une fiche de 15-31-1) dès le premier assaut de ce combat présenté au Théâtre Corona. Mais Estephan croit que son poulain jouit maintenant de la notoriété nécessaire pour présenter un combat au Centre Bell.

« C'est sûr, si la possibilité se présente, nous allons le faire. Je peux même dire que nous n'attendrons pas que cette opportunité se présente, nous allons la provoquer. Est-ce que ce sera lors de son prochain combat? C'est possible, je ne sais pas. »

Citoyenneté américaine?

Des médias américains ont avancé cette semaine que Stiverne songeait à demander la citoyenneté de son nouveau pays de résidence. Quand on l'a questionné à cet effet, on l'a senti mal à l'aise.

« Pour le moment, c'est ici que je réside, a-t-il dit après une longue pause ponctuée de rires gênés. Ma maison, c'est ici. je vis ici aux États-Unis. Je réfléchis encore là-dessus. »

Le boxeur ne pouvait pas dire s'il s'agit d'une question d'affaires ou personnelle.

« Ce n'est pas vraiment important pour moi pour le moment. Ce n'est pas pressant. Je suis en mode réflexion. »