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RÉSULTATS

Poursuite de Haney contre Garcia et Golden Boy, un impact majeur en boxe

Ryan Garcia et Devin Haney - Getty
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Mise à jour

COLLABORATION SPÉCIALE

La nouvelle la plus significative cette semaine est la poursuite au civil du champion WBC des super-légers Devin « The Dream » Haney (31-0, 15 K.-O.) contre Ryan « King Ry » Garcia (24-1, 20 K.-O.).

Haney demande une compensation, une somme non divulguée, pour coups et blessures, fraude et bris de contrat, en lien avec le test positif à l'ostarine de Garcia qui a été révélé suivant leur combat au Barclays Center de Brooklyn le 20 avril dernier.

On se souvient qu'à la surprise générale, Haney a perdu une décision majoritaire après avoir visité le tapis à trois reprises dans les rounds 7, 10 et 11 de leur affrontement de 12 rounds.

Garcia a été suspendu pour 1 an par la Commission athlétique de New York et condamné à remettre 1,2 million $ de sa bourse à son promoteur Golden Boy. Le résultat a par la suite été changé par un verdict sans décision, étant pour ainsi dire effacé de la fiche des boxeurs.

Cette dernière décision est courante, mais ridicule. Le combat a eu lieu et n'a pas à être effacé. Une disqualification aurait été un verdict plus logique qui aurait ajouté une victoire à Haney et une défaite à Garcia. C'est la position qu'a prise la Commission athlétique de Washington dans le combat de Lucian Bute contre Badou Jack en 2016.

Le 1,2 million de la bourse de Garcia n'est qu'une petite part de sa bourse globale qui consistait en un pourcentage des recettes générées aux guichets et à la télévision à la carte qui s'élèvent à plusieurs dizaines de millions. Mais pourquoi l'avoir remise au promoteur? Pourquoi pas à Haney? C'est lui qui a été pénalisé et non Oscar De La Hoya.

La poursuite contre Golden Boy concerne justement ce montant de 1,2 million de la bourse de Garcia que le promoteur a récupéré pour donner suite à la décision de la Commission de New York.

Comme le contrat du champion avec le promoteur de la Californie stipule qu'il a droit à 47 % de tous les revenus nets de l'évènement, Haney considère que le montant de la pénalité devrait faire partie des revenus engendrés et il réclame sa part, ce que réfute le promoteur.

Advenant une condamnation de Garcia, le résultat de cette poursuite pourrait avoir un impact majeur sur toute l'industrie des sports de combat et ses participants.

Dans bien des sports, le fait qu'un athlète soit dopé ne provoque pas d'impact sur la santé physique de ses adversaires, il ne met que sa propre santé en péril. Pour le reste on efface les résultats, on remet la médaille au suivant et ce n'est pas plus grave que ça.

Aux Jeux olympiques de Séoul en 1988, le Canadien Ben Johnson a remporté la médaille d'or au 100 mètres grâce à un temps record de 9,79 secondes devant l'Américain Carl Lewis et l'Anglais Linford Christie.

Après avoir été déclaré positif au stanozolol, on a effacé son temps du livre des records et remis sa médaille d'or au second, Carl Lewis, et personne n'a été blessé.

Avant son affrontement avec Garcia, Haney, qui n'avait jamais perdu un combat, avait remporté 10 batailles de championnat du monde, dont des décisions sur Vasyl Lomachenko et Regis Prograis, deux excellents cogneurs. Il n'avait jamais visité le plancher.

Contre « King Ry », il a visité le tapis trois fois. Ces trois chutes ont vraisemblablement fait la différence entre la victoire ou la défaite à en juger par les pointages de 112-112, 114-110 et 115-109 des trois officiels autour du ring.

La question à 1 million que devra déterminer le magistrat qui va juger la cause sera à savoir si l'ostarine détectée dans le système du Californien a été un facteur qui a contribué à ces chutes et, si oui, à quel niveau?

Depuis cette défaite, « The Dream » n'est pas remonté sur le ring et il n'y a rien de prévu en ce moment dans son calendrier. Est-ce qu'il va être en mesure de démontrer que cette défaite lui a infligé des dommages physiques et mentaux causant une incapacité à poursuivre sa carrière?

Il va également alléguer que cette défaite lui a fait perdre un énorme pouvoir de négociations ayant pour résultat des pertes financières majeures.

Actuellement, les peines, amendes et suspensions pour un combattant ayant déclaré positif à des substances illicites sont sensiblement équivalentes aux autres sports. Est-ce normal?

Le boxeur poids lourd Jarrell Miller, 36 ans, a été suspendu trois fois pour avoir échoué à des tests antidopage. Pourtant il évolue toujours dans le circuit de la boxe professionnelle, demeure actif et est classé par la WBA comme 13e aspirant mondial.

Un autre poids lourd, Dillian Whyte, 36 ans également, a été déclaré positif trois fois lui aussi dont une fois avant le combat qu'il a livré contre le Québécois Oscar Rivas en 2019. La dernière fois, c'était avant son combat contre Anthony Joshua en 2023, mais cette fois-ci le duel n'a pas eu lieu.

Aux dernières nouvelles, Whyte devrait remonter sur le ring très bientôt.

Il est évident que les suspensions infligées aux tricheurs et même à ceux qui récidivent ne sont pas assez sévères et n'ont qu'un effet mitigé sur la prévention.

À ma connaissance, la suspension la plus sévère en boxe n'avait rien à voir avec l'ingestion de produit illicite. Elle est reliée au combat entre le jeune espoir américain de 21 ans Billy « Irish » Collins Jr. (14-0, 11 K.-O.) contre le Portoricain de 28 ans Luis Resto (20-8-2, 8 K.-O.) au Madison Square Garden le 16 juin 1983 et présenté en direct à Wide World of Sports sur ABC.

Collins Jr. était sous les projecteurs car on voyait en lui une future grande vedette de la boxe professionnelle chez nos voisins du sud.

Le combat ne s'est pas déroulé comme prévu et Collins Jr., pratiquement défiguré au terme des 10 rounds, a perdu une décision.

Une enquête a révélé que les gants de Resto avaient été trafiqués avant le combat par son entraîneur Panama Lewis, qu'une incision avait été pratiquée sur les deux gants pour leur enlever du rembourrage et ainsi rendre les coups plus dévastateurs.

En plus, les mains bandées de Resto avaient été trempées dans du plâtre pour les rendre aussi dures que du métal.

Panama Lewis et son boxeur ont été reconnus coupables d'agression, possession criminelle d'une arme et conspiration. Lewis a été condamné à 6 ans de prison, et Resto 3 ans.

Les deux ont été suspendus à vie par la Commission athlétique de New York et le résultat du combat a été changé en verdict sans décision, comme si ce dernier n'avait jamais eu lieu. La bonne décision ici aurait été la disqualification pour les mêmes raisons évoquées plus tôt.  

Collins a souffert d'une déchirure de l'iris de l'œil et d'une vision floue de façon permanente, mettant fin à sa carrière de boxeur. Il est mort le 6 mars 1984, lorsqu'il a percuté sa voiture dans un ponceau près de chez lui à Antioch, dans le Tennessee.

Dans l'exemple de Collins le méfait a été puni selon la gravité des faits. Je ne dis pas que tous les cas de dopage sont identiques. Je sais qu'il faut évaluer chaque situation, mais comme la Dr Christine Ayotte le dit, chaque athlète doit être responsable de ce qui se retrouve dans son système.

Qu'on triche en trafiquant les gants dans un combat ou qu'on le fasse en s'injectant des stéroïdes, à mon avis, ça se ressemble. Dans les deux cas, on cherche illégalement un avantage majeur qui risque de faire mal, de blesser l'adversaire voire peut-être même de lui faire perdre la vie!

Voilà ce qui distingue les sports de combat des autres sports.

Maintenant on va suivre avec énormément d'intérêt la poursuite intentée par Haney contre son adversaire d'avril dernier.

Comme l'industrie refuse d'infliger des peines qui pourraient décourager les délinquants, une condamnation au civil de Garcia à devoir dédommager, à coup de millions, Devin Haney pour les dommages causés sur le ring par l'amélioration performances grâce à des produits illicites pourrait jouer le rôle requis. Les boxeurs en ont besoin pour être adéquatement protégés.

LUCIAN BUTE ET RUSS ANBER EN NOMINATION POUR UNE POTENTIELLE INTRONISATION À CANASTOTA

Deux personnalités de chez nous viennent de passer une étape importante en lien avec une potentielle intronisation au « International Boxing Hall of Fame » situé à Canastota dans l'État de New York.

En effet, l'ancien champion du monde IBF des super-moyens Lucian Bute, qui a fait frémir et enthousiasmer les fans du Québec durant ses 5 années en tant que champion et ses 10 défenses, apparait pour la première fois sur la liste des nominations pour la cohorte 2025 des intronisés.

L'ineffable Russ Anber, « cutman » de réputation internationale, propriétaire et concepteur d'excellents produits de boxe très prisés par de nombreux champions du monde, la marque Rival, dont le siège social est toujours à Montréal, fait aussi partie de la liste des candidats.

La prochaine étape est le scrutin des membres du bureau de suffrage qui sera dévoilé au début décembre. Ceux qui auront reçu le nombre requis de votes seront intronisés en juin 2025.

Je tiens à leur souhaiter bonnes chances à tous les deux, ils méritent certainement ce grand privilège.

Il n'y a que quatre Québécois qui ont mérité ce grand honneur et ont été intronisés :

Lou Brouillard (107-29-2, 66 K.-O.) de St-Eugène
Arturo Gatti (40-9-, 31 K.-O.) de Montréal
Jack Delaney (77-12-2-2-2, 44 K.-O.) de Saint-François-du-Lac
Guy Jutras de Montréal, arbitre et juge international

JANIBEK ALIMKHANULY CONTRE ANDREI MIKHAILOVICH AU PAYS DES KANGOUROUS

À surveiller aujourd'hui, le vendredi 4 octobre, le champion IBF et WBO des moyens Janibek Alimkhanuly (15-0, 10 K.-O.) du Kazakhstan affronte son aspirant obligatoire IBF, le Russe Andrei Mikhailovich (21-0, 13 K.-O.), à The Star, à Sydney en Australie.

Vous vous souvenez, je vous avais raconté l'appel d'offre remporté par le promoteur de l'aspirant No Limit Boxing Promotions d'Australie par 1000 $ sur celle de Top Rank et Bob Arum.

Le Kazakh est le favori pour l'emporter, mais son aspirant est invaincu, et en ce sens on ne connaît pas encore ses limites. La qualité de ses adversaires laisse à désirer, mais il les a tous vaincus de façon décisive.

Janibek doit être considéré comme le meilleur poids moyen au monde présentement, mais c'est une division qui est un peu en perdition et ses champions peu populaires. Je regarde la liste de ses victoires et il n'y a pas non plus grand-chose pour être excitant, mais on sait qu'il est excellent dans une division qui n'a pas assez de talent pour lui permettre de briller.

Les autres champions sont le Cubain Erislandy Lara (31-3-3, 19 K.-O.), 41 ans, qui s'est bruyamment fait conspuer à sa dernière défense de son titre WBA. Le champion WBC est le Dominicain Carlos Adames (24-1, 18 K.-O.), rien d'exceptionnel.

Le boxeur qui pourrait amener beaucoup d'intérêt et qu'il faudrait surveiller de près est le jeune Britannique de 25 ans Hamzah Sheeraz (21-0, 17 K.-O.) qui a fait sensation à Wembley le 21 septembre dernier.

En attendant, le meilleur poids moyen doit défendre ses couronnes au pays des kangourous, ça en dit long sur l'engouement généré.

On est vraiment très loin des légendes de la division comme les Marvin Hagler, Carlos Monzon ou Bernard Hopkins

BETERBIEV/BIVOL, C'EST LA SEMAINE PROCHAINE À RIYAD!

C'est la semaine prochaine le combat tant attendu entre Artur Beterbiev et Dmitri Bivol. Je ne sais pas pour vous, mais je ne tiens plus en place.

C'est sans aucun doute le meilleur combat possible, actuellement, toutes divisions confondues.

On a déjà prévu un rassemblement chez des amis, on va être nombreux et ça va être excitant!

Je vous en jase davantage dans ma prochaine chronique du vendredi!

Bonne semaine!