Olivier Aubin-Mercier se prépare à affronter un « Rocky Balboa » lors d'UFC 206
UFC jeudi, 8 déc. 2016. 09:06 jeudi, 12 déc. 2024. 04:40TORONTO – Les membres de l’entourage d’Olivier Aubin-Mercier étaient sans doute motivés par de nobles intentions quand ils ont cru bon, après étude des bandes vidéo, de lui donner leurs premières impressions sur les forces et faiblesses de son prochain adversaire.
Mais dans le domaine d’expertise du jeune poids léger – celui où l’on gagne sa vie en tentant d’infliger plus de dommage physique que l’on en subit - il n’y a pas de place pour les sentiments. Aubin-Mercier s’est fait un devoir de leur rappeler.
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« J’ai vraiment des mauvais amis! », s’exaspérait Aubin-Mercier avec son sens de l’humour habituel mercredi à Toronto. « Ils me disaient tous qu’il n’était pas bon, que j’allais gagner facilement. Mais là je regardais ça et je me disais : ‘Tabarouette, je m’attendais à pas mal pire!’ »
S’il y a une conclusion à laquelle le combattant québécois est arrivé en observant lui-même les combats de Drew Dober, c’est que celui qu’il affrontera samedi en sous-carte de l’UFC 206 est un athlète qui n’est pas reconnu à sa juste valeur et dont il devra assurément se méfier.
L’Américain de 28 ans a fait ses débuts à l’UFC quelques mois seulement avant qu’Aubin-Mercier n’y fasse à son tour son entrée, mais il possédait déjà beaucoup plus d’expérience que son contemporain canadien lors de son accession aux ligues majeures. Actif en arts martiaux mixtes depuis 2009, le natif du Nebraska compte 24 combats à sa fiche contre seulement dix pour l’ancien judoka de Saint-Bruno.
Avec une fiche de 3-3 (en plus d’une décision renversée après sa défaite controversée contre Leandro Silva), Dober n’a rien cassé à l’UFC, mais il a testé ses habiletés contre des vétérans aguerris comme Jamie Varner et Efrain Escudero. Aubin-Mercier (8-2, 4-2 à l’UFC) ne peut en dire autant.
Le cliché est gros comme le bras dans le jargon des arts martiaux mixtes, mais sa pertinence est ici indiscutable : le « Québec Kid » change de calibre d’adversaire avec Drew Dober, qu’il voit comme le plus gros test de sa jeune carrière.
« Il est 17-7 et je pense que ses sept défaites, ce n’est pas représentatif puisqu’il a surtout perdu en début de carrière et une fois rendu à l’UFC, note celui qui a battu le Français Thibault Gouti à sa dernière sortie, en juin dernier à Ottawa. Il a connu des bonnes séquences, il a battu des anciens champions. C’est vraiment un bon adversaire. Je le comparerais à David Michaud, que j’avais affronté à Montréal, mais en gaucher. Donc ça ajoute un petit degré de difficulté. »
Même si celui-ci compte plus de la moitié de ses victoires par soumission, Aubin-Mercier, qui a lui-même fait de l’étranglement arrière sa spécialité, ne voit pas nécessairement dans son prochain adversaire une grande menace au sol. En fait, la plus forte impression qui s’est dégagée de l’étude des habitudes de Drew Dober n’a rien à voir avec ses qualités athlétiques. C’est sa mentalité et son attitude qui ont surtout attiré l’attention d’OAM.
« Il a beaucoup de cœur, je crois que c’est l’une de ses grosses forces. Il se fait frapper, il se fait envoyer au sol et il revient tout le temps. Je l’ai vu se faire dropper trois fois et gagner son combat, ça n’a comme pas rapport! C’est vraiment opportuniste, un gars tough avec un gros cardio. Un Rocky Balboa! »
Afin de pouvoir survivre au rythme qu’il s’attend à se faire imposer, Aubin-Mercier, qui est notamment reconnu pour sa forte musculature, confirme qu’il s’est aminci au cours des derniers mois.
« On a fait beaucoup de pliométrie. C’est un de ces mots intelligents que je laisse normalement à mes entraîneurs, mais on a beaucoup travaillé en explosion, en sprint. J’ai aussi prolongé mes séances de cardio », explique celui qui comptera sur les conseils de Firas Zahabi, Richard Ho et Lévis Labrie dans son coin samedi.
« Je pense que c’est quelque chose que je vais continuer à faire à l’avenir parce que je me sens vraiment bien. À l’entraînement, je me sentais extrêmement bien, plus rapide. Et je n’ai pas vu de différence avec ma force tandis qu’avec mon poids, ma rapidité et mon cardio, j’en ai vu une grosse. »
Le plan suit son cours
Depuis qu’il a quitté le monde du sport amateur pour tenter sa chance en arts martiaux mixtes, Aubin-Mercier est vu comme le plus bel espoir québécois de sa discipline. La remarque le fait sourire. « Je trouve que c’est surtout un mot qui vend beaucoup de journaux », dit-il en haussant les épaules.
Aubin-Mercier n’est pas intéressé à s’encombrer du poids des attentes des autres, mais ça ne veut pas dire que les siennes ne demeurent pas élevées. Le sympathique Montarvillois a toujours clamé qu’il souhaitait apprendre à marcher avant de courir, sans brûler les étapes, et trois ans après avoir fait le saut chez les pros en participant à l’émission de téléréalité L’Ultime Combattant, il se dit heureux de la trajectoire que suit sa carrière.
« Je ne suis pas content de la défaite que j’ai subie cette année, mais sinon je suis content de la façon dont ça avance. Je ne suis pas un Conor McGregor, je ne me fais pas d’illusion. J’ai commencé le sport sur le tard, donc je dois prendre mon temps. »
Mais le nom du champion n’arrive pas par hasard dans la conversation. Pour l’instant, Aubin-Mercier est fort conscient qu’il n’a pas les outils pour rivaliser avec la crème de sa division, les Khabib Nurmagomedov, Tony Ferguson et Eddie Alvarez de ce monde. Mais c’est un groupe dont il aspire toujours à faire partie.
« J’ai toujours été posé par rapport à ça, mais j’aimerais ça, dans deux ans, y aller pour la ceinture », lance avec confiance celui qui aura 28 ans en février.
« Présentement, mon horaire est un peu difficile, surtout avec ma fille. Mais elle va commencer l’école l’année prochaine et je pense qu’à partir de là, je vais pouvoir me concentrer sur le titre. Surtout que présentement, à chacun de mes combats, je me sens de plus en plus à l’aise dans l’octogone. »