Les combats préliminaires de l'UFC 272 seront présentés sur les ondes de RDS et RDS Direct samedi la 5 mars à 20 h.

COLLABORATION SPÉCIALE

On est habitués de voir des combattants se faire aller la mâchoire avant un combat, essayer de rentrer dans la tête de leur adversaire, faire un spectacle. Mais entre Colby Covington et Jorge Masvidal, d’anciens amis devenus ennemis, l’animosité est bien réelle.

Dans une telle situation, c’est sûr qu’il faut faire attention de ne pas se laisser guider par les émotions. Il y a beaucoup d’émotions entre ces deux anciens partenaires d’entraînement, anciens amis, anciens colocs... Il y a beaucoup de fierté à représenter son équipe. Mais on a entendu dire que Covington a manqué de respect envers celle qu'il représentait auparavant avec Masvidal, American Top Team, et ceux qui l’ont aidé à se rendre au sommet. Ç’a alimenté le conflit.

Ce sont deux combattants qui n’ont pas la langue dans leur poche non plus. Ils sont capables de répondre du tac au tac avec leurs paroles et pas seulement avec leurs poings. Qui va être capable de gérer le mieux ses émotions pour ressortir gagnant?

Je pense qu’ils ont assez d’expérience pour rester concentrés, mais j’ai tendance à pencher du côté de celui qui a traversé le plus d’épreuves dans sa vie. Un gars comme Masvidal est passé par-dessus beaucoup d’épreuves et il va être capable de mieux contrôler ses émotions.

Covington est en général meilleur avec de plus grandes qualités athlétiques, mais dans ce genre de combat un peu « sal », j’ai l’impression que je favoriserais Masvidal. C’est sûr que si Covington reste concentré, qu’il peut travailler techniquement au niveau de sa lutte et garder Masvidal à terre, en prenant le dessus, il risque d’aller chercher de gros points. Il peut probablement aller chercher la victoire là. Mais si c’est une guerre coup pour coup, je donne l’avantage à Masvidal.

En retard au niveau des points ou dos au mur, je crois également que Masvidal est celui qui est le plus en mesure de savoir s’adapter et s’ajuster pour reprendre le contrôle. Covington a une excellente condition physique, mais aussitôt qu’il se fait toucher solidement, ça l’affecte plus et il peut perdre sa concentration. Pour sa part, même si Masvidal encaisse des coups, il continue toujours de foncer, il se laisse moins déranger. J’ai bien hâte de voir le visage de l’un et de l’autre quand ils vont recevoir une première bombe, voir si leur langage corporel va changer au niveau de la confiance. Et surtout, si l’autre va percevoir des signes d’affaiblissement et en profiter si c’est le cas.

Il est assez rare qu’un gala de télévision à la carte ne se termine pas par un championnat. Dans le cas de samedi, même s’il n’y a pas d’enjeu professionnel, il y a un enjeu personnel. Perd ou gagne, ni l’un ni l’autre ne va voir son classement être affecté. Ni l’un ni l’autre ne va non plus aller défier le champion incontesté Kamaru Usman, contre qui ils ont d’ailleurs tous les deux perdu à deux reprises.

Je pense que leur désir de ne pas perdre devant leur ennemi juré est plus grand que le désir de gagner en tant que tel.

Dans le fond, ce qui risque de faire pencher la balance, c’est l’aspect mental. Qui sera capable de jouer dans la tête de l’autre, de le sortir de son plan de match. Si Covington est capable de rester concentré et de se battre intelligemment, avec technique, il peut s’envoler avec la victoire. Même si ça devient une guerre d’orgueil et de coups au visage, Masvidal sortira vainqueur.

Moicano n’a rien à perdre contrairement à dos Anjos

En demi-finale du gala, le véréran Rafael dos Anjos affrontera Renato Moicano, remplaçant de dernière minute après que Rafael Fiziev ait été déclaré positif à la COVID-19.

Je crois que Moicano est moins dangereux que Fiziev. Moicano est un peu plus complet que ce dernier, mais sur le plan du combat debout ils n’ont pas la même puissance du tout. Au niveau du gabarit, dos Anjos va être avantagé. En plus, le combat va se faire à un poids intermédiaire de 160 livres donc la coupe de poids sera moins intense pour lui.

À 37 ans, je pense qu’il lui reste quand même de bonnes réserves, mais ce sera un combat pivot pour lui dans sa carrière. Puisque dos Anjos a gagné deux de ses six derniers combats seulement, s’il perd encore, ce sera un dur coup. Il ne doit pas l’échapper.

Dans le cas de Moicano, il n’a rien à perdre en s’amenant à quelques jours d’avis, et tout à gagner.

Je pense que Dos Anjos va se coller à son rival et bien utiliser son gabarit, qu’il va essayer de l’amener au sol, le clouer là et faire du ground and pound. Il n’a pas un mauvais combat debout, mais s’il veut capitaliser sur les faiblesses de l’autre, il faut amener le combat au sol, qu’il travaille contre le grillage, qu’il travaille au corps-à-corps et tente d’épuiser Moicano, qui n’est pas prêt à 100 % pour se battre contre un adversaire comme dos Anjos.

* Propos recueillis par Audrey Roy