L'appétit de Carlos Condit n'est pas rassasié
UFC jeudi, 21 juil. 2016. 16:35 lundi, 25 nov. 2024. 00:30L’idée de participer à une tournée médiatique promotionnelle au beau milieu d’un rigoureux camp d’entraînement a beau être une perspective peu enchanteresse aux yeux de tout combattant de l’UFC, pour Carlos Condit, celle de reposer le pied à Vancouver cette semaine revêtait un cachet indéniable.
« J’avais vraiment apprécié mon premier passage (en Colombie-Britannique) », raconte celui qui avait offert aux spectateurs réunis au Rogers Arena - autrefois appelé le GM Place - une fin de combat époustouflante qui s’était soldée par une victoire in extremis contre le Canadien Rory MacDonald en juin 2010.
Leur furieuse confrontation leur avait valu, comme ils en ont pris l’habitude au fil des ans, le titre de meilleur combat de la soirée.
Six ans plus tard, Condit (30-9) se dit emballé qu’on lui fournisse la chance de répéter l’expérience. D’ailleurs, il n’a pas éternisé sa période de réflexion avant d’accepter de se mesurer à un autre habitué des projecteurs, le Brésilien Damian Maia, en finale de la soirée Fight Night présentée dans l’Ouest canadien le 27 août prochain.
Avant que survienne un soudain changement à l’horaire, la confrontation devait prendre place une semaine plus tôt à Las Vegas et mettre la table pour le deuxième volet de la rivalité entre Conor McGregor et Nate Diaz lors d’UFC 202. Le populaire athlète de 32 ans, qui en a vu d’autres, ne s’est pas trop formalisé de cette modification apportée par les têtes dirigeantes de l’organisation.
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« Il n’y a pas eu de déception proprement dit. De toute façon, Maia et moi n’avions même pas le statut de co-finalistes (à l’UFC 202). J’aime qu’on me propose de prendre part à la finale et le fait que la confrontation soit d’une durée de cinq rounds. Je veux l'achever avant la limite et ces 10 minutes additionnelles me seront précieuses en ce sens », raisonne-t-il afin d’expliquer son empressement à signifier à Dana White son intérêt envers cet affrontement, qui sera son 40e en carrière.
« J’ai accepté cette offre car je crois qu’il m’aidera à me rapprocher d’un autre combat de championnat, sachant que j’en suis aux dernières bonnes années de ma carrière. J’adopte une approche se résumant à y aller combat par combat, tout en gardant en tête l’objectif de redevenir l’aspirant no 1 au titre (des mi-moyens) », détaille celui qui a échoué à ses trois premières tentatives de s’emparer de la ceinture, face à Georges St-Pierre, Johny Hendricks (pour le titre intérimaire laissé vacant par le Québécois) et plus récemment Robbie Lawler.
Passer à l’attaque, l’unique façon de faire
Comme plusieurs membres de la catégorie des mi-moyens, Condit voue un grand respect à Maia et à ses fulgurantes habiletés de combattant au sol. Cependant, il ne se fait pas prier pour dénoter le manque d’éclat du vétéran brésilien dans l’octogone, un trait qui l’a empêché d’être une tête d’affiche parmi les 170 livres, de l’avis du « Natural Born Killer ».
« Demian est un adversaire coriace. Ce sera tout un casse-tête à résoudre. Néanmoins, je suis persuadé que la manière de le vaincre est de le forcer à combattre. Il maîtrise très bien le jiu-jitsu brésilien et accomplit à merveille ce qui lui sied bien. Il a connu succès en ralentissant la cadence et en s’accrochant à ses rivaux, mais c’est aussi pourquoi on ne lui a jamais présenté un combat de championnat malgré son statut; ce n’est simplement pas une manière excitante de se battre.
« Je devrai créer des opportunités d’exécuter ce que je fais de mieux. Et pour cela, je devrai me montrer patient. Lorsqu’une brèche s’ouvrira, je compte y aller à plein régime et tenter de terminer le duel avec des coups en puissance. »
L’appétit est encore grand
Si les révélations de Condit permettent de constater que l’envie de combattre ne l’a jamais déserté – même après l’amertume éprouvée après un revers aussi serré que contesté face à Lawler –, il est tout aussi facile de déceler qu’il est passé par une période de remise en question, ces derniers mois.
Plus d’une fois, la possibilité d’un départ « hâtif » vers la retraite a été évoquée dans les cercles de l’UFC, tandis qu’en entrevue, le principal intéressé se contentait d’affirmer qu’il se voyait très bien faire une croix sur le reste de l’année 2016 et recharger les batteries en vue de l’an prochain.
« Après un combat aussi épique que difficile contre Lawler à UFC 195 et un camp d’entraînement très exigeant, j’avais réellement besoin de temps pour faire le vide et récupérer. Mais l’hésitation qui m’habitait n’a jamais été nourrie par un quelconque manque de motivation à combattre. J’adore ce que je fais et je crois que j’en ai encore beaucoup à offrir. Mais d’un autre côté, je pratique les arts martiaux mixtes depuis maintenant 13 ans. La fin arrivera dans un avenir pas si lointain, j’en suis conscient. Je ne peux pas me permettre de poursuivre sans songer à la suite des choses », relativise-t-il.
Condit enfile les gants depuis assez longtemps pour savoir que le sport qu’il a choisi de pratiquer est très demandant. Il n’existe pas de combat reposant dans une catégorie de poids aussi bien nantie que celle dans laquelle il a trouvé sa niche.
« Chaque fois que je foule l’octogone, je le fais au meilleur de mes habiletés, sachant qu’un soir donné, je peux tenir tête à ce que la division des 170 livres a de meilleur à offrir. Je suis reconnaissant de pouvoir gagner ma vie ainsi. C’est facile de me motiver à passer des heures en gymnase, à m’améliorer afin de continuer de prouver que j’ai ma place au sommet. »
Tandis que l’athlète originaire du Nouveau-Mexique met tout en œuvre dans le but de forcer la main des dirigeants de l’UFC à lui donner une quatrième chance de décrocher la ceinture des 170 livres, les deux derniers athlètes qui l’ont supplanté en viendront bientôt aux coups, alors que Lawler cherchera à défendre sa couronne contre Tyron Woodley dans huit jours, lors d’UFC 201. Autant il était persuadé d’en avoir fait suffisamment pour détrôner « Ruthless » en janvier dernier, Condit a exprimé une certaine préférence à venger son revers face au « Chosen One », survenu en mars 2014.
« C’est évident que je suis animé de l’esprit de vengeance envers ces deux combattants. Face à Woodley toutefois, je n’étais pas senti dans mon élément ce soir-là, en plus d’avoir subi une blessure. J’admets qu’une revanche contre lui serait doublement satisfaisante », convient-il.
Prêt à renouer avec GSP
Le regard de Condit s’est illuminé lorsque lui a été suggérée la possibilité d’un deuxième duel face à Georges St-Pierre, dont les rumeurs incessantes relatives à un retour dans l’octogone pourraient être en voie de se matérialiser.
« J’adorerais un combat revanche contre Georges. Les partisans avaient été choyés lors de notre premier affrontement, et que je crois qu’on pourrait donner un spectacle encore plus excitant la deuxième fois. J’ai réalisé des progrès en tant que combattant, et il y a fort à parier qu’il a évolué lui aussi de son côté. Il est un champion et un grand artiste des arts martiaux. Peu importe le contexte dans lequel cela arrivera, je serai très heureux de le voir renouer avec l’action. Je le serai encore plus s’il se retrouve à une extrémité de la cage, et moi de l’autre! », a-t-il martelé sur un ton empreint de confiance.
Même s’il devait grimper d’une catégorie et défier un combattant chez les poids moyens – Michael Bisping semblait un candidat de choix avant qu’on lui désigne Dan Henderson comme adversaire –, St-Pierre trouverait le moyen de faire du dommage, selon Condit.
« S’il devait accepter un combat (chez les 185 livres), je crois qu’il se tirerait bien d’affaire. GSP a toujours été massif pour un mi-moyen. En plus, sa spécialité étant la lutte, je crois qu’il arriverait sans trop de problème à neutraliser un adversaire plus imposant que lui. »
Un fléau pas exclusif aux AMM
Ne passant pas par quatre chemins, Condit s’est dit « très peu surpris » du nombre croissant de contrevenants accrochés depuis la mise en place de la nouvelle politique antidopage de l’organisation. Difficile de jouer à l’autruche quand de nouveaux cas défraient la manchette sur une base quasi-hebdomadaire.
Depuis la tenue de l’UFC 200 seulement, Jon Jones, Brock Lesnar et Chad Mendes ont tous les trois été pris la main dans le sac.
Devant l’apparente omniprésence de la consommation de produits illicites dans l’UFC, il ne fait aucun doute dans l’esprit de Condit que l’implication de l’USADA ne pourra qu’être bénéfique dans une perspective de long terme.
Il ajoute cependant un important bémol.
« J’ai la conviction que si l’on testait de manière aussi persistante les athlètes des autres sports majeurs – peu importe que ce soit la NFL ou la NBA – un paquet de sportifs vedettes tomberaient à gauche et à droite. C’est la vérité. Cette réalité devient inévitable dès l’instant où il est question de sport compétitif. Oui, certains grands noms (de l’UFC) ont été épinglés, mais le fléau va plus loin que cela parmi les athlètes de haut niveau », martèle-t-il.
Condit s’est cependant montré moins loquace lorsqu’est venu le temps de discuter de la situation de Jones, un combattant qu’il côtoie régulièrement puisque les deux athlètes combattent au sein de l’équipe Jackson-Wink MMA.
« On a tenu quelques séances d’entraînement ensemble. La situation entourant sa consommation de substances n’a pas été abordée, mais j’ai trouvé que son moral avait l’air bon », s’est-il limité à dire au sujet du mi-lourd de 29 ans.