UFC 174 : MacDonald ne pense qu'à Woodley
UFC dimanche, 8 juin 2014. 20:17 dimanche, 22 déc. 2024. 22:35MONTRÉAL – S’il voulait qu’on ne doute pas de la véracité de sa réponse, Rory MacDonald n’aurait pu utiliser un ton plus convaincant.
Adossé au nouvel octogone d’entraînement planté au milieu du Tristar Gym, MacDonald réagissait à la récente annonce du président du UFC Dana White, qui avait décidé, résultat d’une énième volte-face, de faire du prochain combat entre Robbie Lawler et Matt Brown un duel éliminatoire dans la division des mi-moyens.
Le jeune combattant n’a pas l’habitude de déborder d’enthousiasme, mais la nette indifférence dont était enveloppée sa réflexion ce jour-là lui donnait une touche rehaussée de sincérité.
« Je ne m’en fais pas trop avec ça », a-t-il marmonné d’une voix monocorde à peine audible, la même qu’il allait garder pendant un entretien d’une dizaine de minutes.
Dans un monde où on doit vite apprendre à trier l’authenticité de la foutaise, l’affirmation de MacDonald, aussi brève fut-elle, tombait dans la catégorie de celles qui sont plus faciles à croire que d’autres. C’est un fait, le nouveau pilier de l’équipe délaissée par Georges St-Pierre n’a pas trop l’air préoccupé par les plans de ses patrons.
« Tellement de choses peuvent changer chaque mois, ou même chaque semaine, dans ce milieu. Mon travail est d’être dominant à mon prochain combat, d’impressionner autant que possible. Je m’occuperai du reste par la suite. On verra bien... »
Pourtant, MacDonald (16-2) avait cru comprendre, comme à peu près tout le monde, qu’une victoire contre Tyron Woodley au UFC 174, en fin de semaine, lui ouvrirait enfin la voie au combat de championnat du monde avec lequel il flirte depuis si longtemps.
Mais voilà, Brown est allé ébranler le monde des arts martiaux mixtes avec une spectaculaire victoire, sa septième de suite, aux dépens d’Erick Silva. Puis Lawler, après être passé à un cheveu de battre Johny Hendricks et de mettre la main sur l’ancienne ceinture de GSP, est revenu à la compétition en passant le K.-O. à Jake Ellenberger.
Cette suite d’événements a fait germer une nouvelle idée dans la tête de White, dont les promesses sont toujours à prendre avec un grain de sel. Selon le scénario désormais mis à jour, MacDonald ne sera pas le premier à accueillir Hendricks lorsque celui-ci sera remis d’une blessure au biceps droit.
« Peu importe, réagit le Montréalais d’adoption devant un sort qu’il ne contrôle pas. Je vais simplement m’occuper de mes affaires en espérant faire encore meilleure impression. »
Le nom de MacDonald traîne dans les discussions à propos d’aspirants champions depuis qu’il a fait son entrée au UFC à l’âge de 20 ans. On le voit dans le portrait, il ne rôde jamais bien loin, mais semble incapable, pour toutes sortes de raisons, de franchir le dernier pas le séparant de ses ambitions. On comprendrait de le sentir énervé, impatient d’avoir enfin sa chance, mais selon ce qu’il laisse transparaître, il n’en est rien.
« Tant que j’aurai un combat à mon agenda, tout ira bien. C’est ce qui me rend heureux. Tout le reste, les questions à propos de l’avenir... les réponses viendront en temps et lieu », assure sagement MacDonald.
« Je suis jeune, ma carrière ne fait que commencer. J’ai encore plusieurs années devant moi, tout ça ne me stresse pas le moins du monde. Pour le moment, je veux seulement offrir la meilleure performance de ma carrière samedi. Si je le fais, je me placerai dans une bonne position pour la suite. »
À quoi s’attendre?
Jadis adulé pour son agressivité primitive et son affection pour le risque, MacDonald a vu sa popularité perdre quelques plumes au cours de la dernière année.
L’été dernier, sa performance victorieuse mais sans éclat contre Ellenberger lui avait valu d’acerbes critiques de son patron. « Rory est l’un des meilleurs au monde, mais ça n’a pas paru ce soir », avait tranché White après avoir longuement accusé le Canadien de tous les maux au terme de sa cinquième victoire consécutive.
« Je suis encore en désaccord avec ces commentaires, s’est permis d’objecter MacDonald. Je crois toujours qu’il s’agit de l’une de mes meilleures performances. D’un aspect technique, j’ai complètement dominé un gars qui était vu comme l’un des meilleurs mi-moyens au monde à l’époque. Je suis sorti de ce combat sans la moindre égratignure. »
« Tout le monde avait accordé beaucoup d’importance à ce qui s’était dit entre nous deux avant le combat, mais je n’avais jamais promis une guerre. Les gens s’attendaient à une bataille de cour d’école, mais ce n’est pas comme ça que je me bats. Je suis un athlète technique, précis et ce soir-là, je l’ai complètement dominé. »
Il y a ensuite eu ce combat contre Lawler, à Las Vegas, juste avant que St-Pierre ne fasse l’annonce confuse de ses intentions. Avec son célèbre coéquipier en retraite temporaire, une victoire aurait assurément permis à MacDonald de se battre pour la ceinture à sa sortie suivante, mais deux juges sur trois n’ont pas été convaincus par son audition.
« Je n’étais pas dans le coup, admet celui qu’on surnomme « Ares » sans vouloir détailler sa pensée. J’aurais préféré être sur mon divan à écouter un film. Mais bon, on ne peut pas toujours connaître une bonne soirée. »
MacDonald ne conserve toutefois aucun regret de cette décevante apparition, affirmant au contraire qu’elle l’a aidé à grandir en tant qu’athlète. Cette contre-performance a fait partie de son inspiration à son retour dans l’octogone, trois mois plus tard, pour affronter Demian Maia.
« J’étais plus affamé. Ma préparation mentale et ma concentration étaient à un autre niveau pour ce combat », se souvient-il de son retour sur le sentier de la victoire.
L’état d’esprit est le même à quelques jours de son retour à la maison. Le natif de Kelowna devrait avoir fort à faire pour maîtriser Woodley (13-2), un lutteur émérite aux poings d’acier qui a gagné trois de ses quatre combats depuis son passage au UFC. Mais au terme d’un camp d’entraînement qui le gonfle d’optimisme, MacDonald aborde son prochain défi avec la ferme conviction qu’il contrôle toujours son avenir à court terme.
Malgré tous les plans que Dana White peut établir, « je suis confiant que je serai en mesure de forcer le UFC à prendre une décision difficile », prévoit MacDonald.