Le pouvoir aux femmes
UFC vendredi, 24 avr. 2015. 09:49 vendredi, 29 nov. 2024. 05:28MONTRÉAL – La dernière fois que l’UFC s’était déplacé à Montréal, il y a deux ans, la place des femmes au sein de l’organisation était encore à l’étape de projet.
Le premier combat féminin de son histoire n’avait eu lieu que trois semaines plus tôt et sa tête d’affiche, Ronda Rousey, n’était à l’époque que le principal cobaye d’une vague expérimentation. Le président de l’UFC, Dana White, ne pouvait plus ignorer la mine d’or que pouvait l’aider à forer cette blonde charismatique aux techniques assassines, mais il continuait d’admettre ouvertement sa réticence à pousser la note.
Les femmes à l’UFC, c’était d’abord et surtout le « Rousey Show ».
Mais l’ouverture du patron s’est rapidement manifestée. Les dames ont finalement été les vedettes de 16 combats cette année-là et l’UFC a élargi sa banque de combattantes en organisant la première mouture entièrement féminine de son émission de téléréalité The Ultimate Fighter.
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En 2014, l’UFC a instauré une nouvelle division, celle des poids pailles, ouverte aux femmes de moins de 115 livres, et a inséré une trentaine de combats féminins sur ses cartes. Un an plus tard, autre signe de progrès alors les deux combats principaux de l’UFC 184 étaient l’affaire des femmes.
Aujourd’hui, 54 compétitrices figurent sur la liste de paie de la plus importante promotion d’arts martiaux mixtes au monde. Samedi, trois combats féminins marqueront le septième passage de l’UFC au Centre Bell, du jamais vu pour un gala présenté à la télé à la carte.
Pas si mal pour une marque que White s’était juré de ne jamais exploiter.
« La présence des femmes dans notre sport a vraiment explosé, constate Sarah Kaufman, une pionnière canadienne qui a débuté sa carrière en 2006. Le simple fait que nous soyons ici et que les gens soient intéressés à nous voir en action est un progrès monumental si je compare à où nous étions il y a quatre ans, je dirais. La compagnie nous met de l’avant, des commanditaires majeurs nous démontrent de l’intérêt. La présence de trois combats féminins sur la carte de samedi est un pas de géant vers l’avant.
« Quand j’avais vu qu’un deuxième combat avait été ajouté au programme, j’avais publié un truc sur mon compte Instagram pour dire que j’étais vraiment impressionnée et fière que ma génération puisse voir ça. Avec trois, maintenant, c’est encore mieux. C’est dommage pour ceux qui n’aiment pas les combats de filles, mais personnellement je trouve ça très positif! », s’exclame Valérie Létourneau, qui est devenue l’année dernière la première Québécoise à se battre à l’UFC.
Des remerciements pour Ronda
L’hameçon lancé à l’eau par Dana White il y a deux ans lui a permis de remplir sa cale. De simple objet de curiosité, Rousey est devenu l’un des visages les plus populaires de son sport. Non seulement l’ancienne médaillée olympique excelle-t-elle dans l’octogone, où elle a défendu quatre fois son titre, mais on se l’arrache aux quatre coins de l’Amérique. Elle décroche des rôles à Hollywood, pose en maillot pour la couverture de Sports Illustrated et fait équipe avec le Rock sous les projecteurs de la WWE.
Plus qu’une championne, elle est devenue une véritable célébrité.
« Ronda a défoncé les portes pour nous et pour ça, on lui doit toute notre reconnaissance », croit Jessica Racokzy, qui affrontera Létourneau samedi.
Le défrichage n’est toutefois pas une opération délicate. Pour tracer son chemin vers le sommet, Rousey a froissé des orgueils et écorché des âmes sensibles. Sa confiance rôde aux limites de l’arrogance et sa franchise ne lui pas apporté que des amies. Mais même celles à qui elle a fait le plus de mal ne peuvent ignorer l’impact positif de sa présence.
« Malgré tout ce qu’elle peut avoir dit ou fait pour déplaire à certaines personnes, il faut avouer qu’elle mène une carrière impressionnante », constate Kaufman, que Rousey avait battu en moins d’une minute à l’époque de la défunte organisation Strikeforce. « Son éthique de travail est exemplaire et sa volonté de s’améliorer crève les yeux. Sa domination et son opportunisme sont admirables. »
« Elle est un exemple à suivre, renchérit Létourneau. Quand quelqu’un réussit, il faut essayer de l’imiter plutôt que d’en être jaloux. L’attitude de Ronda me rejoint moins, mais tout le monde a sa personnalité. Pour tout ce qu’elle fait dans l’octogone et à l’extérieur, je la trouve excellente. »
« Il faut être solidaires et pousser ensemble vers le sommet plutôt que de se mettre des bâtons dans les roues. La présence de Ronda facilite la vie à chacune d’entre nous », remarque Racokzy.
Une trilogie
La carte de l’UFC 186 sera lancée vers 18 h 30 alors que la Canadienne Randa Markos (4-2) confrontera l’Irlandaise Aisling Daly (15-5). Suivra ensuite le combat entre Létourneau (6-3) et Racokzy (1-4).
La place appartiendra ensuite à deux combattantes expérimentées qui ont de vieux comptes à régler alors que Kaufman (17-2) et Alexis Davis (16-6) se rencontreront pour la troisième fois de leur carrière. Ce combat sera présenté sur les ondes de RDS2.
Kaufman, qui a eu l’avantage lors des deux premiers duels, ne s’est pas battue depuis sa victoire au Colisée Pepsi de Québec à pareille date l’an dernier.
« À la base, le simple fait d’avoir été inactive pendant si longtemps ne faisait pas mon affaire. Et puis quand on m’a dit que j’allais affronter quelqu’un pour la troisième fois, je n’en voyais pas les bénéfices, alors ça a ajouté à ma frustration. Mais je ne dois pas oublier que c’est un combat très difficile pour moi », estime Kaufman.
Davis n’a pas été revue depuis sa défaite expéditive aux mains de Rousey en juillet. La championne avait alors fait dérailler ses ambitions en seulement 16 secondes.
« Ça m’a un peu surprise quand on m’a offert ce combat contre Sarah, mais je crois que j’ai tout à gagner dans cette situation. J’affronte une adversaire du top-5 et en même temps j’ai l’occasion de me replacer dans le droit chemin en prenant ma revanche sur une fille qui m’a déjà battue », observe Davis.
« Alexis est très forte mentalement, elle n’est pas quelqu’un qui plie facilement, réalise Kaufman. Même dans son combat contre Ronda, on pouvait voir qu’elle continuait de s’accrocher, même quand tout était perdu. Je m’attends donc à ce qu’elle revienne en force. Elle a des choses à se faire pardonner et une position au classement à conforter. »