Johny Hendricks avait juré devant Dieu, après sa défaite crève-cœur contre Georges St-Pierre, de ne plus jamais placer son destin entre les mains d’une tierce partie.

Il n’a pas su tenir promesse, mais qui lui en tiendra rigueur? Hendricks a livré un furieux combat de cinq rounds à Robbie Lawler, samedi soir, au terme duquel il a obtenu la faveur des trois juges en finale du UFC 171.

Le nouveau champion incontesté de la division dominée pendant près de six ans par GSP a accueilli la décision en s’effondrant sur ses genoux, ses cris de joie rapidement étouffés par l'étreinte collective des membres de son équipe.

C’est la première fois depuis 2008, alors que St-Pierre avait pris sa revanche sur Matt Serra, que la ceinture aujourd'hui attachée autour de la taille du Texan n’a plus ses racines au Québec.

Hendricks a eu besoin d’un ralliement désespéré dans la deuxième portion du cinquième round pour s’approprier un verdict qui était difficilement prévisible lorsqu’il est sorti de son coin en demandant l’appui de la foule partisane pour l’assaut final. Après avoir reculé devant une efficace combinaison de Lawler, Hendricks a trouvé dans ses réserves l’énergie nécessaire pour éviter de revivre le même cauchemar qu’en novembre. Tout ce qu’il lançait s’est mis à toucher la cible jusqu’à ce qu’il décide, avec une minute à écouler au combat, de jouer la carte conservatrice et de projeter Lawler au sol, les quatre fers en l’air.

L’intelligente tactique a été payante. Le temps venu de remettre leurs cartes, les juges ne se sont pas laissé berner par la couche de sang dont était imbibé le côté droit de l’épaisse barbe de Hendricks, qui a été déclaré vainqueur grâce à trois scores identiques de 48-47.

Johny Hendricks et Robbie LawlerHendricks avait justement amorcé le combat comme un gars qui ne semblait intéressé à utiliser sa lutte supérieure qu’en dernier recours. On s’est regardé, on s’est échangé quelques taloches. C’est probablement par sa polyvalence, qui lui a rappelé de ne pas négliger d’attendrir les jambes de Lawler, que Hendricks s’est approprié le premier round.

Lawler a été le plus entreprenant à l’amorce de la deuxième reprise, Hendricks attendant à la deuxième minute avant de passer à l’offensive. Donner ne s’est pas fait sans recevoir, mais le favori des preneurs aux livres est tranquillement tombé en contrôle, ses salves touchant la cible avec de plus en plus de régularité. Le sourire de Lawler a commencé à changer de couleur pendant que Hendricks, sans souci, se dressait devant lui avec la sérénité d’un homme qui savait que la victoire serait sienne.

Trop confiant, le Texan? Peut-être. À la troisième minute du troisième round, Hendricks s'est mis à subir, dans une douleur apparente, la pluie de poings de l’inébranlable vétéran en face de lui. La tempête a fini par passer et le beau temps est éventuellement revenu dans la cour de celui qui avait fait le poids avec toute la misère du monde la veille. Il venait d’en échapper un, mais les rounds de championnat semblaient toujours à sa portée.

Au quatrième, Lawler a répondu au son de la cloche avec un but précis en tête. Une minute plus tard, le nez de Hendricks était couvert de sang et c’est à ce moment que le double champion national de lutte olympique a jugé qu’il était temps de se servir de son atout. Après près de vingt minutes d'échanges, il a finalement réussi sa première amenée au sol du combat.

La statistique surprend : contre un adversaire à la défensive longtemps méprisée, Hendricks n’aura complété, au final, que deux de ses dix tentatives d’amenées au sol.

Selon Fightmetric, le nouveau champion a bouclé le combat avec 158 coups significatifs ayant touché la cible, seulement huit de plus que l’aspirant défait. « Bigg Rigg » en a toutefois décoché deux fois plus que Lawler – 34 contre 17 – au cinquième et décisif round.

Hendricks montre maintenant une fiche en carrière de 16-2.

 « Ruthless », un vétéran de 31 ans qui avait effectué sept combats au UFC au début de la vingtaine, a subi sa première défaite en quatre combats depuis son retour dans les grandes ligues.

Woodley blesse Condit, demande son dû

Carlos Condit n’est plus dans la conversation visant à trier les plus sérieux aspirants à un combat de championnat dans la division des mi-moyens. Mais Tyron Woodley est-il parvenu à s’y immiscer?

Tyron WoodleyCondit a été abandonné par son genou droit en demi-finale du UFC 171 et s’est incliné par K.-O. technique devant un pugiliste qui croit qu’il en a maintenant fait assez pour défier le successeur de Georges St-Pierre.

Une amenée au sol réussie par Woodley au début du deuxième round a causé une grimace de douleur au visage de Condit, signe précurseur d’un abandon forcé qui a été confirmé quelques instants plus tard, après que le Natural Born Killer eut bloqué un coup de pied avec sa jambe gauche.

« J’ai répondu à l’appel quand personne ne voulait le faire et j’ai battu celui que je considère comme le gars le plus dur dans la division. Il est temps qu’on me donne l’occasion que je mérite », a plaidé Woodley après sa victoire, sa troisième en quatre combats au UFC.

Condit, l’ancien aspirant numéro un et champion intérimaire chez les 170 livres, a perdu pour la troisième fois en quatre sorties.

Le passé, le présent et l’avenir

Une feuille de route honorable, une gueule de tueur, un style qui galvanise. Diego Sanchez possède tout ça, mais ça ne lui a pas suffi pour vaincre une étoile montante de la division des poids légers.

Myles Jury a signé sa cinquième victoire au UFC et est demeuré invaincu en 14 combats professionnels en disposant du tout premier « combattant ultime » de la compagnie par décision unanime.

Au premier round, Jury a touché la cible sur une contre-attaque précise, décochant un direct de la droite qui allait ouvrir une marque indélébile sous l’œil gauche de Sanchez. Ça allait être un thème récurrent pour le reste du combat : le jeune de 25 ans qui attend patiemment que le vétéran lui fonce dessus comme un train, encaissant une frappe au besoin, mais trouvant toujours la réplique efficace pour marquer des points.

Jury s’est retrouvé coincé, au deuxième round, dans la guillotine d’un Sanchez persistant, mais à la technique défaillante. « Fury » s’est éventuellement relevé pour retrouver devant lui un homme au visage éclaboussé du liquide écarlate.

Sanchez (24-7), malgré toute sa bonne volonté, est retourné au vestiaire avec un troisième résultat défavorable en quatre combats. Ses sept derniers combats ont atteint la limite.

Lombard déclasse Shields

Exception faite de quinze petites secondes, Jake Shields a eu l’air d’un chien dans un jeu de quilles contre Hector Lombard.

Shields a été dominé de toutes les façons imaginables face au vétéran cubain, qui a survécu à une guillotine en toute fin de troisième round pour décrocher sans trop peiner sa deuxième victoire consécutive.

Lombard a rapidement trouvé une ouverture où faire passer sa main gauche, qu’il a utilisée avec des desseins destructeurs d’une extrémité à l’autre du premier round. Au début de la troisième minute, Shields a été coupé au-dessus de l’œil gauche par un violent uppercut à la sortie d’un corps à corps.

Lombard, un ancien champion de l’organisation Bellator, a utilisé son expertise en judo pour réussir cinq projections tout en repoussant les sept tentatives d’amenées au sol de Shields, qui a passé la grande majorité du duel en mode défensif.

Lombard a ralenti la cadence au troisième, mais a néanmoins filé sans crainte vers sa troisième victoire en cinq sorties depuis son embauche par le UFC.

Shields a subi une première défaite en près de trois ans, mais a ajouté une autre performance sans lustre à son palmarès.

OSP et la prise du sommeil

Ovince St. Preux a ouvert la carte principale avec originalité et rapidité.

Ovince St. PreuxSt. Preux a endormi l’Ukrainien Nikita Krylov avec un étranglement « Von Flue », une rare prise de soumission, à 1:29 du premier round.

Krylov (16-4) s’est fait surprendre en insistant sur une tentative de guillotine alors que son rival était libre dans sa demi-garde. St. Preux a saisi l’opportunité en pressant le bras droite de son assaillant contre son cou, réaction efficace puisque Krylov était dans les limbes lorsque l’arbitre Dan Miragliotta a signalé la fin du duel.

St. Preux (15-5), qui a fait son apprentissage en conservant un dossier de 5-1 au sein de la défunte organisation Strikeforce, est maintenant parfait en trois sorties sous la bannière du UFC.

Résultats de la carte préliminaire

La carte principale

Johny Hendricks défait Robbie Lawler par décision unanime (48-47, 48-47, 48-47)
Tyron Woodley défait Carlos Condit par K.-O. technique (blessure au genou) à 2:00 du deuxième round
Myles Jury défait Diego Sanchez par décision unanime (30-27, 30-27, 29-28)
Hector Lombard défait Jake Shields par décision unanime (30-27, 30-27, 29-28)
Ovince St. Preux défait Nikita Krylov par soumission (étranglement Von Flue) à 1:29 du premier round