Nouveau contrat en poche, Joe Duffy part en mission
UFC lundi, 30 oct. 2017. 14:26 lundi, 25 nov. 2024. 14:20MONTRÉAL – Parti de Londres il y a deux ans pour venir relancer sa carrière à Montréal, Joe Duffy fait presque tous les jours le trajet entre Laval et la métropole pour venir affûter ses armes au Tristar Gym.
Certains jours, il embarque sur la ligne orange en direction sud, transfert sur la ligue bleue à Jean-Talon, débarque de nouveau à Snowdon et se tape trois derniers arrêts vers le nord jusqu’à la station Namur. Une fois dehors, une marche d’une dizaine de minutes le mène finalement aux portes du gymnase.
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Son autre option est d’emprunter la bagnole de sa copine, mais la vieille Toyota Corolla - il le dit sans gêne - a connu de meilleurs jours. Dans un monde idéal, sa performance contre James Vick, qu’il affrontera le 4 novembre en sous-carte de l’UFC 2017, serait si éclatante qu’elle lui procurerait les fonds nécessaires pour moderniser la flotte automobile du couple.
« C’est ce que j’ai en tête en tout cas, c’est ma motivation, rigolait le poids léger irlandais, rencontré au Tristar un peu plus d’une semaine avant son retour à la compétition. Il nous faudra une nouvelle voiture de toute façon, mais bon... on verra! »
En réalité, Duffy n’est pas à plaindre. Avant sa victoire contre Reza Madadi au début de l’année, il avait exprimé son intention d’écouler le contrat qui le liait à l’UFC pour ensuite tester sa valeur sur le marché. La tactique était audacieuse. Duffy avait certes connu du succès depuis son arrivée au sein de l’organisation – si trois victoires au premier round en quatre sorties correspondent à votre définition du succès – mais son nom n’était pas encore associé à l’élite de sa division. Outre le fait qu’il était désormais l’un des rares athlètes irlandais à pouvoir aider l’UFC à exploiter le potentiel de ce marché, l’étendue de son pouvoir de négociation pouvait susciter le doute.
Mais la décision d’« Irish Joe » de parier sur lui-même a été la bonne. Après avoir patiemment étudié ses options, il a accepté un renouvellement de contrat couvrant sept combats de la part de Dana White. Il baptisera son nouveau pacte avec son duel contre Vick, qui sera diffusé sur les ondes de RDS2 en guise de préliminaire à la carte principale qui mettra en vedette Georges St-Pierre.
« Il faut laisser les sentiments hors du processus, expliquait Duffy. On ne peut pas commencer à penser avec notre cœur. Pendant un moment, j’ai dû mettre mon chapeau d’homme d’affaires et m’assurer d’aborder la situation le plus froidement possible. »
« C’est une entente qui me satisfait, conclut-il. J’étais prêt à aller ailleurs, mais je suis content qu’on ait pu se rejoindre au milieu. Je m’apprête à me battre au Madison Square Garden, sur la même carte que Georges [St-Pierre] et Aiemann [Zahabi]... Quand j’étais plus jeune, j’étais un gros fan de Georges et si le kid que j’étais avait su qu’il aurait un jour cette chance, il ne l’aurait pas cru. Je ne pourrais être plus heureux. »
Des retrouvailles contre McGregor?
S’il continue de se battre au rythme qu’il suit depuis son accession à l’UFC, Duffy (16-2) aura 33 ans quand son nouveau contrat viendra à échéance. Dans l’intervalle, le but qu’il s’est fixé est clair : détenir le titre de champion des 155 livres.
« J’aimerais être champion à mi-chemin, pour être honnête! Mais de façon réaliste, je crois que je peux au moins obtenir un combat de championnat avant d’avoir livré ces sept combats », estime celui qui n’apparaît pas, pour l’instant, dans le top-15 de sa division selon le classement colligé par l’UFC.
Dans un monde idéal, cette ambition concorderait avec le parcours d’un vieux rival. Pendant longtemps, Duffy a surtout été reconnu comme étant « le dernier homme à avoir battu Conor McGregor ». Les deux compatriotes avaient croisé le fer en 2010 en Irlande. Duffy l’avait emporté par soumission en seulement 38 secondes, un scénario qui semble aujourd’hui invraisemblable quand on considère le phénomène plus grand que nature qu’est devenu le « Notorious ». McGregor a remporté ses 15 combats suivants, s’entourant d’une aura d’invincibilité que seul Nate Diaz est parvenu à percer.
Après de lucratives explorations à l’extérieur de la division des poids légers de l’UFC, dont il est devenu le champion grâce à une victoire contre Eddie Alvarez il y a un an, McGregor semble finalement prêt à revenir chez les 155 livres pour y défendre son titre. Selon toutes vraisemblances, son prochain adversaire sera le gardien intérimaire de sa ceinture Tony Ferguson.
En attendant que son ascension le mène au rang de premier aspirant, Duffy se réjouit de voir McGregor revenir remplir ses obligations au sein de l’organisation.
« Je crois que c’était le combat à faire. Ça redonne au classement sa raison d’être et ça stabilise la division. Ça donnera à tout le monde une idée plus claire de l’ordre établi et de ce qu’il faut faire pour atteindre le sommet. »
Un défi de taille
Pour l’instant, Duffy se concentre sur des hauteurs de toute autre nature. James Vick, son prochain adversaire, mesure 6 pieds 3 pouces. Duffy, qui fait 5 pieds 10 pouces, ne se souvient même pas d’avoir dû lever les yeux pour dévisager un rival depuis qu’il se bat professionnellement.
Lors d’un récent entraînement au Tristar, Duffy a caricaturé le défi qui l’attend en faisant un round d’entraînement contre un double adversaire. Devant lui se trouvait son coéquipier Zack Makovsky, un ancien poids mouche de l’UFC mesurant 5 pieds 4 pouces, juché sur les épaules d’un autre combattant. La scène était cocasse, mais ne reflétait évidemment pas le sérieux avec lequel Duffy se prépare loin des regards extérieurs.
« Quand je suis arrivé ici, mon premier partenaire d’entraînement a été Tom Breese, un gros gaillard qui fait 6 pieds 3 pouces. Lui et moi avons fait d’innombrables rounds ensemble. La dynamique était bien sûr différente parce qu’il est gaucher, mais ça m’a habitué à la différence de taille. Il y a plusieurs gars plus grands que moi dans le gym et j’ai la conviction de m’être très bien préparé. »
En bon Québécois, Joe Duffy a l’impression d’être en voiture, une confiance qui, il le souhaite, lui permettra bientôt de faire une petite visite chez le concessionnaire.