Selon Valérie Létourneau, il ne faudrait pas penser que Ronda Rousey a dit son dernier mot
UFC mercredi, 18 nov. 2015. 11:05 mercredi, 11 déc. 2024. 17:31MONTRÉAL – Valérie Létourneau était dans une ambulance, en route vers un hôpital de Melbourne, quand elle a compris qu’elle était loin d’avoir causé la plus grande surprise de la soirée en tenant tête à Joanna Jedrzejczyk en demi-finale de l’UFC 193.
« J’étais au téléphone avec ma fille, je voulais lui dire que j’étais correcte. Comme d’habitude, elle était moins stressée que moi, elle me disait qu’elle espérait que j’aie un combat revanche », racontait Létourneau, trois jours après avoir subi sa première défaite depuis son entrée à l’UFC samedi dernier en Australie.
« Tout d’un coup, elle me dit "Maman, tu ne croirais pas ce qui vient de se passer. Ronda vient de se faire knocker! Elle est par terre et ne bouge plus!" »
Létourneau a aussitôt relayé l’information aux membres de son équipe qui l’accompagnaient. La chute soudaine d’une figure aussi dominante que Ronda Rousey avait de quoi surprendre, mais jamais elle n’a soupçonné sa jeune adolescente de lui monter un bateau. À 32 ans, cette pionnière des arts martiaux mixtes canadiens en a vu assez pour savoir que rien n’est éternel dans ce sport de fou.
« Tout le monde a sa journée à un moment donné », a-t-elle compris depuis longtemps.
Létourneau se réjouissait plutôt pour Holly Holm, qui a causé l’une des plus grandes surprises de l’histoire de l’UFC en humiliant une championne qui avait gagné huit de ses douze combats précédents en moins d’une minute. Selon la Québécoise, la nouvelle reine de la division des poids coq a tout ce qu’il faut pour devenir une tête d’affiche profitable à l’organisation.
« Ça met un peu de piquant dans le sport, ça change l’histoire un peu. Ce n’est pas la première fois qu’une chose comme ça arrive », souligne Létourneau en donnant comme exemple la défaite de Georges St-Pierre aux mains de Matt Serra et celle d’Anderson Silva contre Chris Weidman.
« Ronda n’est pas morte non plus. Elle a perdu un combat, ça ne veut pas dire qu’elle ne reviendra pas. Cette fille-là, quand elle a quelque chose en tête, elle le fait. Si elle se met en tête qu’elle veut battre Holly Holm, elle va revenir et elle va la battre, c’est sûr. Mais on va voir comment elle va se relever de tout ça. »
Des réactions exagérées
Au cours des derniers mois, Valérie Létourneau a été impliquée bien malgré elle dans tout le cirque qui entoure les déplacements de Ronda Rousey. Les deux femmes ont multiplié les apparitions publiques pour faire la promotion de la première carte de l’histoire de l’UFC dominée par deux combats féminins.
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Tous les coups semblent permis depuis que Rousey a frappé son mur. Ses détracteurs se régalent de ses malheurs en étalant sans vergogne ses défauts et travers. La championne déchue est dépeinte comme un être exécrable qui a reçu la visite bien méritée du karma.
Tout ça est un peu exagéré, croit Létourneau, qui propose pour sa part une perspective plus nuancée de celle qui paie aujourd’hui la rançon de la gloire.
« Je ne la connais pas vraiment, mais je ne la vois pas comme une personne désagréable. Les fois où je l’ai côtoyée, j’ai surtout vu une fille gênée. La vie, ce n’est pas toujours ce qu’on voit dans les médias. L’image qui est projetée et la personne qu’on voit en coulisses, ce sont deux choses complètement différentes. »
Pour avoir elle-même reçu le fiel de nombreux critiques, Létourneau compatit avec sa consoeur honnie.
« Je trouve ça vraiment poche pour elle. Je sais qu’elle se vantait beaucoup, qu’elle en beurrait épais, mais on dirait que le monde attend juste que tu tombes pour t’écoeurer encore plus. Je trouve ça dégueulasse de voir comment elle se fait ramasser en ce moment. Ce qu’elle a fait pour le sport, c’est incroyable. C’est peut-être une petite leçon d’humilité pour elle, mais je trouve que le monde va vraiment loin. »