St-Pierre se nourrit des doutes de son mentor
UFC mercredi, 25 oct. 2017. 17:33 lundi, 25 nov. 2024. 13:22
MONTRÉAL – Georges St-Pierre assure que l’angoisse, la peur et les petites obsessions qui le rongeaient avant chaque défense de son titre, à l’époque où il était le champion des mi-moyens de l’UFC, le tenaillent toujours à quelques jours de son grand retour dans l’octogone.
« Je suis aussi fou qu’avant! », a-t-il lancé en riant mercredi à la horde de journalistes qui le retrouvaient pour la première fois en quatre ans entre les murs du Tristar Gym.
Sauf que tout n’a pas résisté au passage du temps. St-Pierre a changé. Son torse, on ne peut l’ignorer, est gonflé par les efforts déployés afin d’effectuer un retour dans une catégorie de poids supérieure à celle qu’il a jadis dominée. Mais au-delà de cette évidence, un petit je-ne-sais-quoi émane du GSP nouveau. Une sorte de sérénité qui avait disparu des traits du vétéran combattant dans les mois, voire les années, qui avaient précédé son retrait de la compétition.
« J’ai beaucoup plus de plaisir qu’avant, affirme-t-il. Avant, je voulais juste en finir. Là, j’aime ce que je fais et je vis dans le moment présent. Il n’y a aucune autre place au monde où je préférerais être. Je suis nerveux, parce qu’on a mis beaucoup de travail et on a toujours peur de l’échec, mais ça fait partie du déroulement normal des choses. »
Le discours de St-Pierre, qui défiera le champion des poids moyens Michael Bisping le 4 novembre au Madison Square Garden, a été entendu des millions de fois. Sa préparation est optimale, son camp d’entraînement s’est déroulé sans anicroche et il en est sorti dans une forme inégalée. « Je sais que j’ai fait tout le travail nécessaire, que je n’ai pas triché. J’ai même fait des choses que je ne faisais pas avant. Je suis super bien rodé », clame-t-il.
Là où la trame narrative change, c’est que tout le monde ne partage pas ouvertement cet avis. Il y a deux semaines, dans un entretien accordé à l’ancien combattant Patrick Côté sur les ondes du balado Uppercut, Kristof Midoux, l’un des premiers mentors de St-Pierre, a fait état de son inquiétude quant à la préparation de son vieil ami.
Midoux, qui n’a jamais caché qu’il aurait préféré que St-Pierre annonce sa retraite de façon définitive après sa victoire contre Johny Hendricks en 2013, a confié avoir assisté à des séances d’entraînement de son poulain et ne pas avoir aimé ce qu’il a vu. « J’aurais aimé qu’il me montre qu’il avait envie de se battre. Je ne sens pas qu’il a envie », a notamment déploré celui qui dit considérer St-Pierre comme son petit frère.
St-Pierre a dit avoir été mis au parfum des propos de Midoux, auxquels il s’est sans surprise poliment opposé. « Je ne sais pas vraiment ce qui se passe dans sa tête et je n’aime pas les confrontations ni les conflits. Et j’essaie de rester positif. Je vois ça comme un défi de lui prouver qu’il a tort. C’est une source de motivation supplémentaire. »
« Il y a eu quelques jours où j’ai été malade, a ensuite prétexté St-Pierre. J’ai eu une gastro, ça courait ici. Je sais qu’il a assisté à mes entraînements durant ce temps-là. Il ne sait peut-être pas trop tout ce qui se passe parce qu’il vient et il part, il n’est jamais toujours là. J’avais peut-être eu une mauvaise journée! Mais aujourd’hui, je suis très satisfait et mes entraîneurs sont très satisfaits. Tout est pour le mieux. »
Un coup de pouce camouflé?
Firas Zahabi, qui est l’homme de confiance de St-Pierre depuis sa défaite contre Matt Serra en 2007, n’a pu s’empêcher de rire quand on lui a demandé de commenter les appréhensions de Midoux.
« Je pense que c’est plus pour piquer Georges, pour le charger émotivement. Kristof adore Georges. Pour lui, il est comme son petit frère et je pense qu’il comprend comment Georges pense. Quand tu envoies un défi à Georges, il devient un autre animal. »
Contrairement à Midoux, Zahabi a toujours ouvertement souhaité un retour de St-Pierre à la compétition. Il n’aurait toutefois pas joint l’aventure s’il ne sentait pas un dévouement total chez son poulain.
« Si je pensais qu’il le faisait pour les mauvaises raisons, je lui aurais parlé, je lui aurais demandé de ne pas le faire, assure celui qui était dans le coin de St-Pierre pour ses douze dernières victoires. Mais je crois qu’il revient pour le plaisir du combat, parce qu’il aime ça. Pourquoi alors s’en priver? Sa réputation, son héritage, bien sûr que ça compte, mais ce n’est pas le plus important. Georges a le goût de s’essayer, alors pourquoi pas? On devrait tous faire ce qu’on aime pour le restant de nos jours jusqu’à ce que ça ne soit plus possible physiquement. »
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St-Pierre dit se sentir comme le négligé en vue de son prochain combat, une position dans laquelle il ne s’est pas retrouvé depuis des lunes et qu’il voit comme une bénédiction.
« J’ai beaucoup de choses à prouver - pas aux autres, mais à moi-même - et je sais que je vais être fier de moi. Peu importe ce qui arrive, je sais que je donnerai le meilleur. Je suis heureux et je suis content du travail que j’ai fait. Ça, c’est de la confiance. Le résultat final, je n’ai pas un contrôle total dessus. Mais ce que je sais, c’est que j’ai fait tout ce que j’avais à faire pour être à mon meilleur ce soir-là. »
Quant à Midoux, qui était dans le coin de St-Pierre pour ses victoires contre Carlos Condit, Nick Diaz et Johny Hendricks, il ne fera pas partie de la garde rapprochée de l’aspirant la semaine prochaine à New York. Celle-ci sera composée de Zahabi, Freddie Roach, John Danaher et Jorge Blanco.
« J’ai travaillé avec du monde depuis quatre ans, ça a changé, explique St-Pierre. Ceux qui seront dans mon coin, ce sont des gens qui ont été présents. C’est comme une récompense et j’ai besoin d’eux. »