Ayrton Senna, Michael Schumacher, Fernando Alonso, Alain Prost, Nigel Mansell, Nelson Piquet, Jacques Villeneuve, James Hunt… tous des champions du monde.

Et tous des pilotes qui se sont fait piéger sur le circuit urbain de Monte-Carlo!

Voici comment ces grands pilotes ont été victimes de cette piste qui ne pardonne pas le moindre écart. Et je vous invite par la suite à vous offrir une séance de visionnement sur Internet (*).

À noter que personne n’a été blessé (sauf dans son orgueil) au cours de ces incidents!

James Hunt, 1975

James Hunt, sur une modeste Hesketh, occupe une belle 6e place au 63e des 75 tours de l’épreuve. Mais Patrick Depailler (Tyrrell) s’approche et se fait menaçant. Le Français plonge à l’intérieur du virage Mirabeau (virage à droite qui mène vers l’épingle de l’hôtel Loews). Au lieu de lever le pied et céder la position, Hunt insiste et se retrouve poussé à l’extérieur de la trajectoire de course; l’espace manque et les rails l’attendent.

Furieux, il passe près de se battre avec les commissaires de piste car il veut rester les deux pieds sur la piste pour manifester son mécontentement envers Depailler au tour suivant.

Alain Prost, 1982

Ah, la course que personne ne voulait gagner!

Alain Prost roule en tête depuis le 15e tour. Il possède une confortable avance avec 3 tours à faire. Mais une petite pluie commence à s’abattre sur le circuit et Prost se fait surprendre par un manque d’adhérence à la sortie de la chicane après le tunnel. Sa Renault part en tête-à-queue et tape le rail, perdant sa roue avant droite.

Riccardo Patrese (Brabham) hérite de la première place et se dirige vers sa première victoire en F1. Oh non : il part en tête-à-queue au virage en épingle Loews et cale son moteur.

Voilà Didier Pironi en tête avec sa Ferrari; il entame le dernier tour. Mais le Français tombe en panne sèche! Tout comme Andrea De Cesaris (Alfa Romeo) qui le suivait… Derek Daly (Williams) devrait passer en tête, mais sa boîte de vitesses vient de céder. Mais qui mène la course?

Patrese! Les commissaires de piste l’ont poussé pour dégager la piste et l’Italien en a profité pour relancer son moteur! Ce qui ne va pas à l’encontre du règlement. Patrese remporte le Grand Prix de Monaco… à sa plus grande surprise!

Nigel Mansell, 1984

Il pleut fort à Monaco en 1984. Parti 2e sur la grille de départ avec sa Lotus, Nigel Mansell conserve sa place lors des premiers tours de course. Lorsque le meneur Alain Prost doit manœuvrer pour éviter une voiture immobilisée en plein milieu de la piste en sortie du virage du Portier (entrée du tunnel), Mansell passe en tête. Il mène un Grand Prix pour la première fois de sa carrière (il est à sa quatrième saison complète).

Mais le Britannique en fait trop, roulant 2s au tour plus rapidement que Prost. L’inévitable se produit : il roule sur une ligne blanche de marquage de rue dans la montée vers le virage du Casino, perd la contrôle de sa voiture et tape le rail par l’arrière. Pneu crevé et aileron brisé, il stationne sa Lotus au fond d’une échappatoire.

Mansell peut se consoler en pensant que pas moins de 8 des 20 partants ont tapé les rails. Sa première victoire viendra un an plus tard.

Nelson Piquet, 1985

Au 16e des 78 tours de course, Riccardo Patrese (Alfa Romeo) occupe la 9e place et, derrière lui, Nelson Piquet (Brabham), Jacques Laffite (Ligier) et Teo Fabi (Toleman) s’impatientent. Piquet tente de dépasser Patrese par la droite alors que les deux passent la ligne départ/arrivée et se dirigent vers le premier virage (Ste-Devote). Piquet manque de place et le contact est inévitable. Les voitures jouent au ping-pong entre les rails avant d’échouer dans l’échappatoire.

Ayrton Senna, 1988

L’année 1988 voit les McLaren d’Ayrton Senna et Alain Prost remporter 15 des 16 courses. À Monaco, Senna domine : parti de la position de tête (1,5s sur Prost), il est en tête depuis le départ et possède une avance de 53s sur Prost à 12 tours de la fin. Tout le travail est fait, ne reste plus qu’à voir le drapeau à damier.

Mais voilà que Prost (ennui de boîte au départ) revient à la 2e place après 57 tours passés à regarder l’arrière de la Ferrari de Gerhard Berger. Le Français part à la chasse et signe le meilleur temps de la course. Senna répond avec un nouveau record du tour en course au 59e passage. Prost comprend le message et lève le pied.

Senna fait de même, mais il a perdu sa concentration. Le Brésilien commet quelques petites erreurs puis une grosse gaffe : il met sa McLaren dans les rails au virage du Portier!

Honteux et furieux d’avoir donné la victoire à Prost, Senna n’ira même pas rejoindre son écurie dans les puits, préférant aller se réfugier dans son appartement personnel à Monaco!

N.B. En 1993, Senna joue au ping-pong entre les rails lors de la séance libre du jeudi, lorsqu’un dysfonctionnement d’un mécanisme de réglage sur sa voiture expédie sa McLaren dans les rails avant même le premier virage.

Michael Schumacher, 1996

Le départ est donné sous la pluie. Schumacher part de la position de tête, mais tombe 2e lorsque Damon Hill (Williams) le dépasse dès le premier virage. Quelques centaines de mètres plus loin, Schumi mord la bordure de la courbe à droite menant vers le virage du Portier (avant le tunnel); l’arrière de la Ferrari décroche et va taper les rails du côté extérieur. Sa course est terminée en un demi-tour! Schumi entame une longue marche vers les puits.

N.B. En 2004, Schumacher roule en tête derrière la voiture de sécurité. Il commence à effectuer de brusques mouvements d’accélération et de freinage dans le tunnel, afin de réchauffer ses pneus et ses freins. Surpris, Juan Pablo Montoya (Williams) le heurte et cause l’abandon de la Ferrari.

Jacques Villeneuve, 1996

Villeneuve connaît une première qualification difficile à Monaco, se plaçant 10e sur la grille alors que son coéquipier Damon Hill est 2e. Avec un bon rythme et profitant de quelques abandons, le Québécois occupe le 4e rang lorsqu’il tombe sur un retardataire, Luca Badoer (Forti Corse), au virage Mirabeau. Badoer laisse passer Johnny Herbert (3e sur Sauber), mais ferme la porte à la Williams en sortie du virage. Le contact cause l’abandon des deux voitures. Badoer sera pénalisé (amende de 5000 $ et suspension pour deux courses, mais avec sursis).

Fernando Alonso, 2004

Fernando Alonso, alors sur Renault, tente de prendre un tour à Ralf Schumacher (Williams) dans le tunnel. Il croit que l’Allemand va le laisser passer, mais Ralf roule sur la trajectoire de course, ce qui pousse Alonso vers l’extérieur, sur la partie poussiéreuse de la piste. Il glisse inexorablement vers les rails sur lesquels il endommage sa voiture. L’Espagnol occupait alors la 2e place.

Fernando Alonso, 2010

Lors de la séance d’essais libres du samedi matin, Alonso perd le contrôle de sa Ferrari (erreur de pilotage avouée) et tape le rail à Massenet (dans la montée vers le Casino). Malgré un choc à faible angle et une vitesse relativement réduite au moment de l’impact (90 km/h), un élément de suspension endommage le monocoque, qui ne peut être réparé dans la journée. Alonso ne peut participer à la séance de qualification.

Alonso est condamné à prendre le départ de la ligne des puits avec un nouveau châssis. L’Espagnol, qui avait mené les deux séances d’essais libres du jeudi, va terminer à la 6e place pour récolter 8 points. Sans cet accident, il aurait fort probablement pu viser un podium (25-18-15 points), ce qui l’aurait empêché de perdre le titre mondial pour 4 petits points en fin de saison…

(*) Vous pouvez voir tous ces incidents sur YouTube, en effectuant une recherche : (nom du pilote) crash Monaco F1 (année)