L'attention sur les rouges, la pression sur les oranges
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Ça fait maintenant plus d'un an qu'on parle de cette saison 2025 de Formule 1. En quelques sortes, elle a commencé le 1er février 2024, lorsque Ferrari annonçait l'embauche de Lewis Hamilton. Un pilote avec le palmarès d'un septuple champion du monde qui rejoint l'écurie la plus victorieuse de l'histoire du sport, il y a de quoi attirer l'attention. Mais pendant que tout le monde a les yeux rivés sur les rouges, c'est plutôt les pilotes vêtus d'orange qui arrivent en Australie en tant que favoris.
McLaren, fort de son premier championnat des constructeurs depuis 1998, veut maintenant réussir à aller chercher les deux titres. Sauf que la compétition s'annonce très serrée. Tour d'horizon des 10 écuries en lice cette saison, une dernière sous la règlementation actuelle avant des changements majeurs en 2026.
« Il n'y a qu'une seule voiture en lice, et elle est orange »
C'est ce que Max Vertappen a indiqué au média néerlandais ViaPLay au terme des trois journées d'essais hivernaux à Bahreïn, faisant bien sûr référence à McLaren.
Il y a plusieurs raisons d'être optimistes au sein de l'écurie de Zak Brown et d'Andrea Stella. Premièrement, la formation britannique est l'une des deux seules, avec Aston Martin, dont le duo de pilotes n'a pas changé. De plus, Lando Norris et Oscar Piastri sont devenus en cours de saison 2024 des vainqueurs en Formule 1, une étape importante à franchir pour un pilote. De plus, les deux sont liés à long terme avec l'écurie, puisque Piastri vient tout juste de signer une prolongation de contrat pluriannuelle.
Les essais hivernaux se sont également très bien passés pour McLaren, ce qui est venu confirmer son statut de favori. Ce n'est pas que le temps le plus rapide de l'écurie est particulièrement impressionnant, puisque le meilleur temps d'Oscar Piastri place l'écurie au cinquième échelon des voitures les plus rapides. En termes de tours complétés, McLaren se place également en milieu de peloton.
Par contre, lorsqu'on tente de comparer le rythme des monoplaces sur de longs relais, c'est McLaren qui a établi la référence.
On sait donc que McLaren arrive à Melbourne avec une excellente base. Néanmoins, les défis seront nombreux d'ici le Grand Prix d'Abou Dhabi, en décembre prochain. Est-ce que les pilotes seront en mesure de monter leur jeu d'un cran de plus encore pour rivaliser avec les Verstappen, Hamilton et Leclerc? Est-ce que l'équipe a appris de ses erreurs de l'an dernier et limitera les mauvaises décisions stratégiques et les occasions gaspillées? Parce qu'avoir une bonne voiture, c'est une chose.
Remporter deux championnats, c'en est une autre.
L'année de tous les espoirs chez Ferrari
Pour Ferrari, l'année 2024 a été marquée par des hauts et des bas. Des victoires émotives en Australie, à Monaco et à Monza, mais aussi, un long passage à vide en milieu de saison. La Scuderia a toutefois fini l'année en force, luttant pour le titre des constructeurs jusqu'au dernier Grand Prix de la saison à Abou Dhabi.
En 2025, l'écurie veut retourner au sommet. L'équipe a beaucoup travaillé sur sa nouvelle monoplace, notamment au niveau des suspensions. Chez Ferrari, on ne veut pas attendre 2026, on veut lutter pour les championnats dès cette saison. Les résultats lors des essais hivernaux sont encourageants. Hamilton a réussi le deuxième meilleur temps des trois jours d'essais, et Leclerc, le troisième.
Avec Lewis Hamilton et Charles Leclerc, l'écurie compte sur le meilleur duo de pilotes du plateau. Il reste maintenant à voir quelle sera la dynamique entre les deux. Deux pilotes no 1, c'est un scénario qu'on ne voit pratiquement jamais chez Ferrari. Lequel prendra l'ascendant, le septuple champion du monde, ou celui en qui Ferrari a fondé ses espoirs depuis déjà plusieurs saisons? N'écartons pas Leclerc trop rapidement, lui qui a connu une très bonne saison l'an dernier, qui a réduit le nombre d'erreurs qu'il commet et qui semble être passé à une nouvelle étape de sa carrière avec un pilotage plus juste et mature.
Vers un cinquième titre de suite pour Verstappen?
Non, Red Bull n'est plus l'écurie dominante qu'on a vue en 2023. La dernière saison a mis en lumière les carences de la monoplace, particulièrement sur les bosses et les vibreurs. Il faut aussi ajouter tous les conflits internes au sein de l'écurie qui ont fait les manchettes et qui ont mené au départ de membres importants comme Adrian Newey et Jonathan Wheatley. Et même si ces tensions internes ne font plus les grands titres, on ne peut pas dire que tout est réglé au sein de l'écurie.
Néanmoins, on a aussi constaté qu'une équipe qui peut compter sur Max Verstappen demeure une équipe aspirante aux grands honneurs même dans la tourmente. Le Néerlandais a capitalisé sur son excellent début de saison pour aller chercher le titre des pilotes. Red Bull ne commencera peut-être pas l'année comme étant la référence, mais personne n'oserait exclure Verstappen de la course.
D'ailleurs, s'il parvient à mettre la main sur une cinquième couronne de suite, il deviendrait seulement le deuxième pilote de l'histoire à le faire après Michael Schumacher entre 2000 et 2004.
À ses côtés, il aura la plus expérimentée des six recrues sur le plateau cette saison. Liam Lawson compte 11 Grands Prix d'expérience, mais c'est tout un défi qui s'annonce devant lui. Comme tous les autres avant lui, il constatera fort probablement qu'être le coéquipier de Max Verstappen est extrêmement difficile. Espérons pour lui que cette fois-ci, Red Bull lui démontrera plus de patience qu'envers Pierre Gasly et Alexander Albon...
Un nouveau leader et un jeune prodige
L'année 2024 n'a certes pas été à la hauteur des standards de Mercedes, mais il y a assurément du positif à retenir. Quatre victoires, c'était déjà trois de plus que lors des deux saisons précédentes réunies.
Le défi s'annonce encore une fois de taille pour le motoriste allemand, puisque c'est véritablement un changement de garde qui s'opère au sein de l'écurie. Après 12 saisons menées par Lewis Hamilton, ce sera maintenant au tour de George Russell de prendre le rôle de leader. Pour y parvenir, il devra être plus constant et réduire le nombre d'erreurs qu'il commet.
Surtout, il devra rapidement prouver qu'il en est capable. Parce qu'à ses côtés, Mercedes a décidé de faire confiance à une recrue de 18 ans qui vient tout juste d'obtenir son permis de conduire, Andrea Kimi Antonelli. Perçu par plusieurs observateurs comme un jeune prodige, le pilote italien aura certainement besoin de temps pour s'acclimater à la Formule 1, mais rapidement, il pourrait commencer à mettre de la pression sur son coéquipier plus expérimenté.
Au site motorsport.com, Toto Wolff a estimé que de jouer le podium en Australie serait « une immense réussite » (https://fr.motorsport.com/f1/news/mercedes-wolff-podium-immense-reussite/10702362/). Ça donne une idée sur l'évaluation qu'on fait de la voiture pour commencer la saison. Les essais hivernaux ont été bons, notamment aidés par les températures très fraiches à Bahreïn, ce qui convient particulièrement à la monoplace... mais quel sera le rythme dans des conditions plus chaudes?
En attendant 2026...
Chez Aston Martin, disons que l'optimisme est assez prudent à l'approche de la nouvelle campagne. À l'issue des essais, les pilotes ont parlé d'une voiture améliorée, mais il est difficile de cerner à quel point. Fernando Alonso a indiqué que l'équipe devra connaître des week-ends parfaits pour pouvoir inscrire des points, ce qui donne une bonne indication de ses attentes. Bref, on s'attend à une saison qui pourrait ressembler à la dernière.
Le duo de pilotes reste inchangé, mais l'écurie comptera sur un nouveau directeur, alors qu'Andy Cowell prend la place de Mike Krack, qui lui, demeure tout de même au sein de l'écurie.
Quant à Adrian Newey, il faut garder en tête qu'il a officiellement commencé son aventure avec l'écurie le 3 mars dernier, soit après les essais hivernaux. La voiture 2025 ne porte donc pas sa signature. Peut-être pourra-t-on commencer à sentir son effet grâce à des évolutions durant la saison, mais il ne fait aucun doute que c'est en 2026 qu'on pourra réellement voir ce que son arrivée apportera à l'équipe.
Ajoutez à cela l'arrivée du groupe propulseur Honda l'an prochain, et vous comprendrez pourquoi l'écurie pourrait très rapidement laisser la saison actuelle de côté pour se concentrer sur 2026.
Un pilote déjà en danger
Les choses ont bien changé chez Alpine en un an. Au même stade l'an dernier, tout était noir pour l'écurie française... même la voiture. Les essais hivernaux avaient été désastreux et on s'attendait à une saison très difficile.
Toutefois, les choses se sont améliorées en cours de saison, avec comme point culminant un double podium au Brésil et une sixième place qui paraissait inespérée au championnat des constructeurs.
Cette fois-ci, les essais ont été encourageants chez Alpine, si bien qu'on s'attend de voir l'écurie au plus fort de la lutte derrière les quatre écuries de pointe. Pierre Gasly est bien en selle et devient le numéro 1 incontesté après le départ de son compatriote Esteban Ocon.
Alpine compte aussi sur un nouveau leadership avec les arrivées en cours de saison d'Oliver Oakes et de Flavio Briatore... pour le meilleur et pour le pire. Parmi les décisions importantes qu'ils ont prises, il y a celle de ne plus fabriquer son propre groupe propulseur et de se tourner vers Mercedes à compter de l'an prochain. Ce sera donc la dernière saison pour Renault en tant que motoriste.
Il y a aussi celle de faire confiance à Jack Doohan pour remplacer Ocon. Le problème, c'est que justement... on ne semble pas lui faire vraiment confiance. Depuis que l'écurie s'est entendue avec Franco Colapinto comme pilote d'essais, les rumeurs d'un remplacement de Doohan par l'Argentin sont persistantes. À un tel point qu'on a l'impression que ce n'est qu'une question de temps et que Doohan devra être excellent pour repousser l'inévitable.
Placer autant de pression sur une recrue qui n'a qu'un Grand Prix d'expérience en Formule 1 et qui faisait partie de la filière des jeunes pilotes de l'écurie... c'est très particulier. Comment pourra-t-il se débrouiller dans ces circonstances difficiles?
Haas brise un plafond de verre
En terminant septième au classement des constructeurs, Haas a ainsi récolté le deuxième meilleur résultat de son histoire. L'écurie a fait de bons progrès la saison dernière et espère continuer de progresser avec un tout nouveau duo de pilotes. Esteban Ocon amènera de l'expérience à l'écurie, alors qu'Oliver Bearman sera l'une des recrues sur le plateau. Ce dernier a impressionné lorsqu'il a dû remplacer Carlos Sainz à Jeddah l'an dernier avec Ferrari. Il est rapide et démontre un bon potentiel, mais risque de commettre aussi sa part d'erreurs.
Haas a beaucoup roulé lors des essais hivernaux avec un total de 457 tours, soit un de moins seulement que Mercedes au premier rang. C'est un bon signe quant à la fiabilité de la voiture, mais surtout, une étape importante pour une équipe qui compte dans ses rangs deux nouveaux pilotes.
De plus, Haas sera au cœur de l'une des belles histoires en début de saison. Laura Mueller deviendra la première femme à occuper le rôle d'ingénieure de piste, elle qui fera équipe avec Ocon. Une étape importante pour les femmes qui veulent atteindre la Formule 1 à des postes clés au sein des équipes.
Quel avenir pour Yuki Tsunoda?
Chez Racing Bulls, l'attention se portera surtout sur Yuki Tsunoda. Le pilote japonais en sera déjà à sa quatrième saison en Formule 1. L'an dernier, il a connu sa meilleure saison en terminant 12e au championnat des pilotes.
Malgré son expérience et ses résultats, lui qui a fait mal paraître Nyck De Vries et Daniel Ricciardo à ses côtés, Red Bull lui a préféré Liam Lawson pour remplacer Sergio Perez. Si bien qu'on peut se demander si Tsunoda a vraiment un avenir dans le giron de Red Bull. N'oublions pas que Red Bull n'utilisera plus de moteurs Honda à partir de l'an prochain, et que c'est justement le motoriste japonais qui avait milité pour la venue de Tsunoda en Formule 1.
Ce sera donc une saison importante pour le pilote de 24 ans, qui voudra convaincre une autre écurie de lui donner sa chance, un peu comme Pierre Gasly avait dû le faire avant lui.
À ses côtés, il retrouvera Isack Hadjar. Le pilote français de 20 ans a terminé deuxième lors de sa seconde saison en Formule 2 l'an dernier.
Un dernier mot très personnel sur Racing Bulls : cette nouvelle livrée blanche est mon coup de cœur. Voilà, c'est dit.
Le « smooth operator » pour relancer Williams
En milieu de peloton, il faudra surveiller l'écurie Williams. Après une neuvième place somme toute décevante aux constructeurs, l'équipe veut progresser cette année et ensuite profiter des changements de règlementation en 2026 pour se propulser davantage.
Une preuve de ces ambitions chez Williams, c'est le choix de Carlos Sainz comme pilote. Cet ajout fait en sorte que l'équipe britannique comptera sur le meilleur duo de pilotes en milieu de peloton (donc après les quatre écuries de pointe) avec Sainz et Albon. Ça démontre aussi la progression et le sérieux du projet mené par James Vowles.
L'équipe compte aussi sur la venue d'un commanditaire majeur en Atlassian. Bref, c'est une équipe qui progresse sur tous les plans... ne reste plus qu'à voir cette progression en piste.
D'ailleurs, c'est Carlos Sainz qui a inscrit le meilleur temps des trois jours d'essais hivernaux. C'est à prendre avec des pincettes, bien sûr, et ne vous attendez pas à voir de tels résultats en Australie... mais ça reste tout de même un signe positif pour l'écurie.
Plus qu'une saison avant l'arrivée d'Audi
C'est une longue attente qui tire finalement à sa fin pour Sauber, qui attend l'arrivée d'Audi en 2026 pour s'offrir un nouveau souffle.
En piste, on ne s'attend à rien pour cette écurie cette saison. En coulisses cependant, les changements s'opèrent, avec l'arrivée notamment de Mattia Binotto et de Jonathan Wheatley. L'équipe compte aussi sur un nouveau duo de pilotes. Nico Hulkenberg, un vétéran et un pilote allemand qui sera là pour l'arrivée d'Audi, et le Brésilien de 20 ans Gabriel Bortoleto.
Ce dernier n'aura probablement pas la monoplace pour se faire justice, mais il sera tout de même intéressant de le suivre. Bortoleto est devenu champion de F3 à sa première saison et champion de F2 l'an dernier à sa saison recrue, un doublé qui témoigne habituellement d'un grand potentiel.