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RÉSULTATS

Quand David doit devenir Goliath

Lando Norris et Oscar Piastri Lando Norris et Oscar Piastri - PC
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Au début de la saison, la lutte entre Red Bull et McLaren avait des airs de David contre Goliath. D'un côté, une écurie qui a remporté sept titres des pilotes et six titres des constructeurs depuis 2010, qui a dominé de façon historique la compétition en 2023, et qui compte sur un pilote déjà triple champion du monde.

De l'autre, une écurie certes au passé glorieux, mais qui n'a pas gagné de titre des constructeurs depuis 1998 et qui n'a terminé qu'une seule fois dans le top-3 depuis 2013. Elle peut miser sur deux pilotes prometteurs, mais qui ne comptait aucune victoire lorsque la saison a pris son envol. 

Plus la campagne avance, plus la bataille qu'on croyait inégale devient serrée, et plus on commence à croire à une victoire de David. Chez les constructeurs, McLaren n'a plus que huit points de retard sur Red Bull et compte tenu de la tendance des derniers mois, l'écurie britannique doit maintenant être considérée comme l'équipe favorite pour l'emporter.

Chez les pilotes toutefois, McLaren et Lando Norris peuvent y croire, mais la pente à remonter est plus grande. Et le problème, c'est que David, aussi vaillant soit-il dans sa lutte avec Goliath, refuse d'utiliser tous les moyens à sa disposition pour l'emporter, ou du moins, refusait de le faire jusqu'à maintenant.

Vous aurez compris que je parle ici de l'utilisation de consignes d'équipe, un sujet qui fait énormément jaser depuis le dernier Grand Prix, où Oscar Piastri a défié son coéquipier au premier tour pour prendre les commandes, faisant passer Norris du premier au troisième rang.

Tout d'abord, je comprends le point de vue de McLaren. L'écurie compte sur un duo de pilotes jeunes et talentueux. Norris a 24 ans, est champion de F3 et a terminé deuxième en F2. Piastri a 23 ans et a remporté le titre en F3 et en F2.

Les deux ont le potentiel d'être champion du monde au cours de leur carrière. Les deux peuvent permettre à McLaren d'atteindre les plus hauts sommets, et leur travail combiné permet justement à l'écurie de rivaliser avec Red Bull chez les constructeurs. 

On peut donc comprendre pourquoi McLaren est aussi réticente de donner un rôle de « numéro deux » à Piastri. Est-ce que cela peut affecter son moral? Lui faire perdre une part de confiance en l'écurie qui lui a favorisé son coéquipier? 

Essayez de penser à un pilote qui a dû, clairement, laisser son passage à un coéquipier pour l'aider dans sa course au titre. Rapidement, on peut penser à Sergio Perez, Valtteri Bottas, Mark Webber, Felipe Massa, Rubens Barrichello… Mais essayez maintenant d'en trouver un qui a été en mesure de s'établir par la suite comme pilote numéro 1 au sein de cette même écurie. Ça n'arrive pratiquement jamais. Une fois établi comme le numéro 2, c'est extrêmement difficile de s'enlever cette étiquette. C'est sans doute ce que Piastri et McLaren veulent éviter le plus possible.

Par contre… l'écurie doit se rendre à l'évidence. Une occasion comme celle-ci de remporter les deux titres ne se présente pas souvent, et McLaren doit faire tout en son pouvoir pour y parvenir. Qui sait quand cette opportunité se représentera? On l'a d'ailleurs dit à Norris, lors du Grand Prix d'Hongrie, que pour connaître du succès, il allait « avoir besoin d'Oscar et avoir besoin de l'équipe ».

C'est maintenant qu'il en a besoin.

Jeudi, lors de la journée des médias en Azerbaïdjan, autant l'écurie que les pilotes ont indiqué que maintenant, la priorité sera donnée à Norris. Bonne nouvelle donc pour la lutte au titre, mais il faudra maintenant voir s'il n'est pas trop tard. 

Pourquoi a-t-on eu besoin d'un épisode comme celui vécu en Italie pour prendre une telle initiative? Pourquoi ce travail n'a-t-il pas été fait lors de la pause estivale? Pourtant, on était bien conscient de la situation chez McLaren. Au retour de la pause estivale, on assurait à tout le monde que l'écurie visait toujours les deux titres, dont celui des pilotes. Andrea Stella a d'ailleurs rappelé, après le Grand Prix des Pays-Bas dominé par Norris, qu'il ne fallait pas s'emballer, car l'écurie se battait contre Red Bull et que le défi était immense.

Alors pourquoi l'écurie a semblé prise par surprise en Italie, répétant aux pilotes de suivre les « papaya rules » qui, au final, ne voulaient pas dire grand choses? 

Et maintenant, que fait-on?

Ces réponses à ces questions, ce sont Zak Brown et Andrea Stella qui les ont. Ce qui est important maintenant, c'est d'établir des consignes claires pour Norris et Piastri pour le reste de la saison.

Clairement, ces discussions ont eu lieu au cours des dernières semaines dans les bureaux de McLaren, mais à quel point Piastri devra-t-il jouer les seconds violons?

« Nous allons donner notre appui à Lando, mais nous voulons le faire sans compromettre nos principes. Nos principes sont que les intérêts de l'équipe passent en premier. L'esprit sportif est important dans la façon dont nous voulons faire les courses. Nous voulons être juste envers les deux pilotes » a expliqué Andrea Stella dans un entretien avec Andrew Benson de la BBC.  

S'il semble clair qu'on ne veut plus voir de manœuvre de dépassement risquée comme Piastri l'a fait au premier tour à Monza, il n'est pas clair si l'écurie irait jusqu'à demander à l'Australien de laisser passer son coéquipier lors d'une course qu'il a menée du début à la fin, par exemple. L'écurie veut gérer ce genre de décisions au cas par cas. 

Chose certaine par contre, c'est que pour remporter le championnat des pilotes, Norris aura besoin de chaque point possible. McLaren doit lui donner toutes les armes possibles pour y arriver, même si ça peut froisser quelques personnes en chemin. L'opportunité est là, et qui sait quand elle se représentera.

Ce sera donc très intéressant de voir comment l'écurie va gérer ce dossier au cours du programme double qui commence cette fin de semaine en Azerbaïdjan et qui se poursuivra la semaine prochaine à Singapour.

D'ailleurs, pour suivre la séance de qualifications, on vous donne rendez-vous à 7 heures 30 sur RDS samedi matin, et pour la course, c'est à 6 h 30 dimanche pour l'émission d'avant-course. Vous pouvez suivre la 2e séance d'essais libres vendredi dès 9 h dans l'environnement multiplex sur le RDS.ca.