Alors, qui de Lewis Hamilton ou Nico Rosberg mérite de remporter le titre mondial?

Lewis Hamilton, par ses performances sur la piste par rapport à son coéquipier.

Il y a eu cette saison deux dépassements entre les pilotes Mercedes et à chaque reprise ce fut Hamilton aux dépens de Rosberg.

Au Japon, il dépasse son coéquipier par l’extérieur dans le virage 1 au 29e tour (sur les 44 complétés).

Aux États-Unis, il fait l’intérieur à son coéquipier au bout de la longue ligne droite au 24e des 56 tours de l’épreuve.

On pourrait aussi ajouter les deux courses (Bahreïn et Belgique) qui ont vu Hamilton réussir un meilleur départ et dépasser Rosberg avant le premier virage.

Il y a eu cette saison deux erreurs d'un pilote Mercedes qui ont profité à son coéquipier et chaque fois ce fut Rosberg au profit de Hamilton.

En Italie, Rosberg passe tout droit à deux reprises dans le premier virage. À la deuxième occasion, Hamilton passe en tête dans la course.

En Russie, Rosberg réussit un meilleur départ que Hamilton, il se porte à sa hauteur et passe légèrement devant alors que se profile le premier virage. Mais il arrive beaucoup trop rapidement, commet un énorme blocage de ses roues avant et endommage tellement ses pneus qu’il doit aussitôt aller aux puits.

Soyons honnêtes, Hamilton a aussi commis quelques erreurs. Par contre, elles n’ont pas été coûteuses. En Hongrie (22e sur la grille de départ, voir plus bas), il part en tête-à-queue dans le premier tour, sort de piste et touche à peine les glissières de sécurité mais sans caler son moteur, il peut donc repartir. Au Japon, alors qu’il chasse Rosberg, il oublie de refermer manuellement son aileron arrière entrouvert et vire hors piste dans le virage 1, mais sans aller jusqu’au bac à gravier. Et un tête-à-queue au Brésil alors qu’il vient de signer le meilleur tour et tente de s’approcher de Rosberg avant son deuxième arrêt aux puits.

Pas des enfants de coeur

On ne dira jamais assez merci à l’écurie Mercedes d’avoir laissé ses pilotes se battre en piste. On en a eu un premier exemple au Bahreïn, le troisième Grand Prix de la saison.

Mais déjà la lutte s’annonçait âpre entre les deux.

On a su par la suite que Rosberg (Bahreïn) et Hamilton (Espagne) avaient joué avec la cartographie de leur moteur pour avoir un surcroît de puissance en fin de course, ce qui allait à l’encontre du protocole établi par l’écurie. Les patrons leur ont dit de ne plus recommencer.

Puis est survenu l’un des trois incidents qui ont causé une détérioration de leur relation.

Quelques jours avant le Grand Prix de Monaco, Lewis Hamilton émettait un doute sur le fait que Rosberg soit aussi « affamé » que lui dans sa conquête d’un titre mondial. Le fait de vivre à Monaco, entouré de bateaux et de jets privés…

Coïncidence étonnante, Rosberg semble poser, durant la séance de qualification, un geste digne de quelqu’un qui est prêt à tout pour gagner.

Il a signé le meilleur temps lorsque tous les pilotes de Q3 ont effectué un premier tour lancé. Il reprend la piste pour son deuxième tour lancé, mais passe tout droit dans le virage Mirabeau, s’immobilise puis recule, ce qui provoque évidemment des drapeaux jaunes localisés. Arrive sur les lieux Hamilton qui tentait, dans un ultime effort, d’aller chercher la position de tête. Il doit ralentir sous les drapeaux jaunes. Geste délibéré de la part de Rosberg, erreur de pilotage? Le saura-t-on jamais?

Le deuxième incident survient lors du Grand Prix de Hongrie. Les deux pilotes Mercedes sont sur des stratégies de course différentes. Rosberg s’approche de Hamilton et souhaite que l’écurie lui demande de céder le passage. Hamilton refuse d’obtempérer. Rosberg perd 10 secondes et, surtout, perd une victoire qui lui était promise. Rosberg se sent floué. Il croit qu’on lui a manqué de respect.

Rosberg ne décolère pas durant les deux semaines qui séparent les Grands Prix de Hongrie et de Belgique.

Doit-on être surpris que survienne alors le troisième incident?

Au deuxième tour de course, il tente un dépassement audacieux sur Hamilton, qui lui ferme la porte. Rosberg insiste « pour prouver un point » et son aileron avant crève un pneu arrière de la voiture de Hamilton. Ce dernier va endommager sa voiture en retournant aux puits avec un pneu en lambeaux, avant d’éventuellement abandonner.

Heureusement, Mercedes a repris le contrôle de ses pilotes à partir de ce moment, mettant fin à une escalade qui aurait pu mal finir.

Fiabilité

S’il le mérite, Hamilton va-t-il pour autant réussir à décrocher son deuxième titre mondial?

En principe oui, sachant qu’il sera couronné champion s'il termine 2e derrière Rosberg. Un résultat tout à fait logique compte tenu de la domination des Mercedes, qui ont signé pas moins de 11 doublés en 18 courses cette saison.

Mais pour cela il doit terminer l’épreuve.

Hamilton peut-il se présenter à Abou Dhabi en étant parfaitement rassuré sur la fiabilité de sa voiture?

Non!

Il a subi quatre bris mécaniques sur sa voiture cette saison. Par comparaison, Alonso a récemment connu une série de 86 courses sans abandon sur bris mécanique (de Malaisie 2010 à Italie 2014).

Au Grand Prix d’Australie, son moteur tourne sur cinq cylindres dès le départ et il abandonne après deux tours.

Au Grand Prix du Canada, des ennuis avec le système de récupération d’énergie cinétique causent une surchauffe de ses freins arrière, qui finissent par céder et forcer son abandon.

En qualifications pour le Grand Prix d’Allemagne, un disque de frein avant casse et Hamilton sort de piste. Il devra partir 20e. Il sauve les meubles en terminant troisième.

En qualifications pour le Grand Prix de Hongrie, un incendie se déclare dans le compartiment moteur de sa W05. Parti 22e, il sauve encore la mise en terminant troisième.

À noter que pour sa part Rosberg a connu deux abandons sur bris mécanique. Ennuis de boîte de vitesses en Grande-Bretagne alors qu’il menait la course. Panne des systèmes électrique/électronique sur sa voiture (pas de système de récupération d’énergie, de DRS, de radio, etc.) dès le démarrage de sa voiture avant le tour de formation en Hongrie.

Pas de quoi être rassuré à 100 % avant de disputer l’ultime course de la saison, celle qui va décider du championnat du monde

Les scénarios

Le scénario idéal? Une victoire de Hamilton, qui terminerait la saison avec panache et avec un titre pleinement mérité.

Le scénario probable : Hamilton évite de trop en faire et se contente d’une 2e place pas du tout déshonorante, car il terminerait la saison avec 10 victoires contre 6 pour son rival.

Le scénario catastrophe : abandon de Hamilton et Rosberg champion grâce à une 5e place. Une 5eplace suffisamment payante grâce à l’octroi du double des points à Abou Dhabi, au lieu de la 2e place nécessaire avec un barème standard. Une aberration qui doit disparaître.

Les possibilités (Hamilton possède une avance de 17 points) :

Hamilton champion si

- il gagne ou termine 2e

- il est 3e, 4e ou 5e et Rosberg ne gagne pas

- il est 6e et Rosberg ne fait pas mieux que 3e

- il est 7e ou 8e et Rosberg ne fait pas mieux que 4e

- il est 9e et Rosberg ne fait pas mieux que 5e

- il est 10e ou abandonne et ne fait pas mieux que 6e

Rosberg champion si

- il gagne et Hamilton ne fait pas mieux que 3e

- il termine 2e et Hamilton ne fait pas mieux que 6e

- il termine 3e et Hamilton ne fait pas mieux que 7e

- il termine 4e et Hamilton ne fait pas mieux que 9e

- il termine 5e et Hamilton ne fait pas mieux que 10e

Barème des points à Abou Dhabi :

1er : 50 points
2e :  36
3e : 30
4e : 24
5e : 20
6e : 16
7e : 12
8e :  8
9e :  4
10e : 2