GRENOBLE - L'état de Michael Schumacher reste « critique mais stable », a annoncé samedi sa porte-parole, démentant que la famille ait rechigné à remettre aux enquêteurs une caméra susceptible d'avoir filmé son accident de ski dans les Alpes françaises.

L'existence de cette caméra Go-Pro n'a curieusement été révélée que vendredi alors que l'accident est survenu dimanche matin dans un secteur hors piste de Méribel (sud-est) et que l'on savait depuis mardi que le casque du champion de F1, dans le coma depuis six jours, s'était cassé en deux quand sa tête a heurté un rocher.

Dans un texte en forme de mise en point, Sabine Kehm, porte-parole du champion, a démenti samedi le fait que la famille ait hésité à remettre l'appareil aux enquêteurs, comme l'ont affirmé certains médias. « Que cela ait dû être fait contre la volonté de la famille est faux », a assuré Mme Kehm, selon laquelle « seule la santé de Michael compte pour sa famille ».

Elle a ajouté qu' « en accord avec les médecins qui s'occupent de Michael au CHU de Grenoble, il n'est pas prévu d'organiser de conférence de presse avant lundi ».

« Nous insistons également sur le fait que toute information sur sa santé n'émanant pas de ses médecins ou de la direction de l'hôpital doit être considérée comme nulle et pure spéculation", a-t-elle ajouté, priant les médias de "respecter la vie privée de la famille ».

Des gendarmes s'étaient rendus vendredi après-midi à l'hôpital de Grenoble pour entendre le fils du septuple champion du monde et un de ses amis, présents lors du drame. D'autres proches ont été entendus en fin de semaine.

Dans l'hypothèse où la caméra filmait bien la descente de l'ex-pilote, qui skiait avec son fils Mick, 14 ans, et des amis, on ignore encore si ces images sont exploitables ou trop endommagées par la violence du choc.

Prisée par les sportifs de l'extrême pour filmer leurs exploits, cette caméra miniature étanche dispose d'un grand angle de 170°, favorisant les vues de très près comme le visage de l'utilisateur, et d'une grande profondeur de champ, pour filmer le paysage alentour. Les derniers modèles permettent de prendre jusqu'à 30 images par seconde durant six heures.

Des images déterminantes

Si les enquêteurs peuvent visionner des images, celles-ci seront déterminantes pour éclairer les circonstances de l'accident et évaluer les responsabilités des uns et des autres, face à de gros enjeux financiers pour les assurances.

Selon le parquet d'Albertville et la direction de la station, Michael Schumacher skiait à grande vitesse dans une "zone hors piste" située entre une piste rouge (de difficulté moyenne) et une bleue (facile), lorsque sa tête a violemment heurté un rocher "après avoir chuté ou été déséquilibré" par une première pierre.

Une information que conteste Sabine Kehm, selon laquelle Michael Schumacher « n'allait pas vite parce qu'il semble qu'il avait aidé un ami qui venait de tomber ». Selon le quotidien allemand Bild, il s'agirait de la fille d'un ami, « tombée dans une zone entre les deux pistes ».

Plusieurs questions se posent: Schumacher skiait-il à trop grande vitesse? Son matériel était-il défectueux - une fixation se serait bloquée, selon le quotidien allemand Bild? La zone de l'accident, dangereuse en raison des rochers affleurant sous la poudreuse, si près des pistes, était-elle suffisamment balisée et sécurisée, ce qui pourrait entraîner une responsabilité de la station?

« Je ne trouve pas normal qu'entre deux pistes balisées, il y ait ce passage avec des rochers apparents dont l'accès n'est pas barré de filets », a ainsi estimé dans l'Equipe l'ancien pilote de F1 Philippe Streiff.

Ce dernier, tétraplégique à la suite d'un accident survenu lors d'essais à Rio de Janeiro, s'est rendu vendredi à l'hôpital pour les 45 ans de Michael Schumacher afin de remettre un message d'espoir à son épouse. Quelques dizaines de fans de Ferrari, l'ancienne écurie du pilote allemand, étaient également là en soutien.

Le parquet d'Albertville, qui a ouvert une enquête, devrait rendre prochainement ses conclusions. Quelles que soient les actions envisagées, "aucun avocat ne saisira la justice avant de connaître l'issue de l'enquête", estime Me Edouard Bourgin, spécialiste de l'indemnisation des préjudices corporels.