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RÉSULTATS

Une saison de rebondissements

Lewis Hamilton, Max Verstappen et Lando Norris - RDS
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On s'attendait à une saison à l'image de l'année dernière, dominée par Red Bull et Max Verstappen. Maintenant à la pause estivale, on réalise que c'est loin d'être le cas. Avec sept vainqueurs différents, des courses aux titres serrées, et en plus, un marché des transferts qui évolue sans cesse, cette année 2024 nous a réservé son lot de rebondissements et de surprises. Je vous propose donc un petit tour d'horizon de cette première moitié de saison, équipe par équipe.

Premier, malgré tout
Meilleur en qualification : Verstappen 14-0
Meilleur en qualification sprint : Verstappen 3-0
Meilleur en courses : Verstappen 13-1
Meilleur en course sprint : Verstappen 3-0
Points : Verstappen 277 (1er), Perez 131 (7e)

Puisqu'on parle de rebondissements, est-ce qu'une équipe représente mieux cette saison imprévisible que Red Bull? 

La saga de Christian Horner. La guerre de pouvoir entre les propriétaires autrichiens et thaïlandais de Red Bull, tout comme celle entre Horner et Helmut Marko. Le départ d'Adrian Newey, puis celui de Jonathan Wheatley. Les rumeurs d'un transfert de Max Verstappen. La prolongation de contrat de Sergio Perez et ses performances catastrophiques par la suite. Le manque de performance de la voiture, particulièrement sur les circuits bosselés et aux vibreurs imposants. L'impatience palpable de Verstappen face à ces résultats plus difficiles.

Bref, aucun doute, Red Bull n'est jamais bien loin lorsqu'il est question d'ajouter un peu de « drama » à cette saison.

Et ce qui est impressionnant, c'est qu'au cœur de toutes ces distractions, Red Bull et Verstappen sont toujours premiers aux classements des pilotes et des constructeurs. Au bout du compte, c'est ce qui est le plus important. Ça témoigne de la qualité de cette équipe et de son pilote champion du monde. Non, la voiture n'est plus systématiquement la plus rapide. Par contre, Red Bull est toujours l'écurie qui fait le moins d'erreurs stratégiques, et Verstappen, même si la pression plus grande s'est parfois fait sentir dans son comportement en piste et avec son ingénieur Gianpiero Lambiase, tire toujours le maximum de cette voiture. Pour battre le triple champion du monde, il faudra être parfait lors de la deuxième moitié de saison.

Le titre des constructeurs, lui, n'est pas acquis. Pour le conserver, Red Bull devra compter sur un bien meilleur Sergio Perez. Les rumeurs d'un remplacement pendant la pause estivale étaient fortes, mais Red Bull a fait son choix et terminera la saison avec le Mexicain, malgré des résultats décevants. Sous  contrat pour les deux prochaines saisons après une prolongation de contrat signée avant le Grand Prix de Montréal, Perez doit maintenant convaincre ses patrons qu'il peut faire le travail, ne serait-ce que pour commencer ce contrat. 

Un apprentissage important
Meilleur en qualification : Norris 12-2
Meilleur en qualification sprint : Norris 2-1
Meilleur en courses : Norris 9-5
Meilleur en course sprint : Piastri 2-1
Points : Norris 199 (2e), Piastri 167 (4e)

Entamée l'an dernier, la progression de la voiture de l'écurie McLaren est impressionnante. On peut maintenant dire que l'écurie possède probablement la meilleure voiture cette saison, capable de performer sur sensiblement tous les circuits.

Les chiffres sont là pour appuyer cette thèse. McLaren compte douze podiums, dont un doublé en Hongrie, et a permis à chacun de ces deux pilotes de remporter la première course de leur carrière. L'équipe d'Andrea Stella compte 42 points de retard sur le premier rang des constructeurs détenu par Red Bull et se rapproche de week-end en week-end.

Avec cette meilleure voiture, viennent aussi de plus grandes attentes, et donc, davantage de pression. McLaren, c'est une équipe qui, même si elle a connu des époques glorieuses au cours de son histoire, doit réapprendre à gagner

Trop souvent, on a laissé échapper des victoires en raison de mauvaises décisions stratégiques, d'erreurs de pilotage, de mauvais départs. Trop souvent, on a forcé les pilotes à prendre des décisions qu'ils ne devraient pas avoir à prendre. Trop souvent, on les a placés dans des conditions difficiles, comme en Hongrie, lors d'un doublé à saveur amer pour l'écurie.

Ce sera intéressant de voir les progrès qui seront faits par l'écurie d'ici la fin de la saison. Car, au bout du compte, elle a une réelle chance d'aller chercher un titre des constructeurs dès cette saison. Et surtout, les leçons apprises cette saison pourraient s'avérer bénéfiques au cours des prochaines campagnes. 

Du rêve au cauchemar en deux semaines
Meilleur en qualification : Leclerc 8-5
Meilleur en qualification sprint : Sainz 2-1
Meilleur en courses : Leclerc  7-5
Meilleur en course sprint : Leclerc 2-1
Points : Leclerc 177 (3e), Sainz 162 (5e)

Chez Ferrari, on peut dire que les choses changent rapidement cette saison. Le meilleur exemple, c'est probablement ce qui s'est passé entre les Grand Prix de Monaco et de Montréal. 
Dans la principauté, Charles Leclerc a vécu son rêve d'enfance. Celui de gagner son Grand Prix national, dans les rues qui l'ont vu grandir. À ce moment, tous les espoirs étaient permis chez la Scuderia, qui voyait également Carlos Sainz prendre le troisième rang. 

Deux semaines plus tard, la saison des rouges prenait un autre tournant à Montréal. Arrivés dans la métropole comme favoris pour l'emporter, Leclerc et Sainz n'ont pas atteint la Q3 et ont dû abandonner l'épreuve. Depuis, Ferrari peine à remettre sa saison sur les rails.

Le développement de la voiture ne se passe pas comme prévu, et un retour à une ancienne version de la voiture prouve que l'écurie a pris du retard sur ses rivales. 
Autre exemple que les choses changent rapidement chez Ferrari, c'est la saison en montagnes russes de Carlos Sainz. Il s'est fait montrer la porte pour 2025 et a raté un Grand Prix en raison d'une opération avant de gagner le Grand Prix d'Australie deux semaines plus tard. L'Espagnol, qui connaissait un très bon début de saison, est maintenant plus discret, à l'image des performances de sa voiture. 

Dans son cas, il a toutefois réglé le dossier le plus important, s'assurant d'un volant pour la prochaine saison avec Williams.

De retour aux avant-plans? 
Meilleur en qualification : Russell 10-4
Meilleur en qualification sprint : Russel 2-1
Meilleur en courses : Russell 8-6
Meilleur en course sprint : Russel 2-1
Points : Hamilton 150 (6e), Russell 116 (8e)

Si la saison de Ferrari a pris une tournure plus décevante à partir du Grand Prix du Canada, c'est tout à fait l'inverse pour Mercedes. Après un début de saison qui laissait craindre une autre année sans feu d'artifice pour les Flèches d'Argent, voilà que l'écurie connaît ses meilleurs moments depuis les changements de règlements de 2022. 

On parle beaucoup de Red Bull et de McLaren en tête de peloton, mais Mercedes a remporté trois des quatre dernières courses avant d'entamer la pause estivale. Pas mal, non?

Si la victoire en Autriche était due en grande partie à l'accrochage entre Verstappen et Norris, les deux autres étaient au mérite, même que l'écurie aurait très bien pu célébrer un doublé en Belgique si ce n'était pas de la disqualification de Russell en raison d'une voiture trop légère. 

Surtout, on retiendra le retour en force de Lewis Hamilton, qui dispute sa dernière saison avec l'écurie. Sa victoire chez lui à Silverstone, après une disette de 2 ans et demie, sera assurément l'un des grands moments de cette saison. D'ailleurs, grâce à la disqualification de Russell en Belgique, Hamilton est le seul pilote cette saison, à l'exception de Verstappen, à avoir remporté deux épreuves. 

Deux choses à suivre maintenant chez Mercedes d'ici la fin de la saison. Est-ce que les succès peuvent se poursuivre jusqu'en fin de saison, et qui sera le coéquipier de George Russell l'an prochain (ou autrement dit, quand Kimi Antonelli sera-t-il officialisé par Mercedes)?

Les années se suivent et ne se ressemblent pas
Meilleur en qualification : Alonso 9-5
Meilleur en qualification sprint : Stroll 2-1
Meilleur en courses : Alonso 9-5
Meilleur en course sprint : Stroll 2-1
Points : Alonso 49 (9e), Stroll 24 (10e)

Quel contraste chez Aston Martin entre la première moitié de la saison en 2023 et celle de 2024. À la pause estivale l'an dernier, Fernando Alonso comptait six podiums et 149 points. Cette année, on n'a pas vu une Aston Martin faire mieux qu'une cinquième place et le vétéran compte 100 points de moins.

Il est donc clair que le début de saison chez l'écurie de Lawrence Stroll est décevant. Surtout qu'on ne voit pas d'amélioration chez les verts, au contraire. Sans faire de résultat éclatant, Alonso avait tout de même terminé dans les points lors des six premiers Grand Prix de la saison. Depuis, c'est seulement trois résultats dans le top-10 pour l'Espagnol en huit courses.

Parmi les rares points positifs chez Aston Martin, on peut parler de Lance Stroll, qui a définitivement réduit l'écart avec Alonso. On ne parle pas d'une saison extraordinaire, son accrochage avec Daniel Ricciardo sous la voiture de sécurité en Chine demeure dans les esprits, mais il fait mieux que l'an dernier. Depuis le Grand Prix d'Émilie-Romagne, Alonso a inscrit 16 points, et Stroll 15. Les deux produisent sensiblement au même rythme, et la comparaison en qualifications n'est plus outrageusement en faveur d'Alonso. On va prendre ce qu'on peut.

On se répète presque chaque année, mais on ne se cache jamais d'avoir de grandes ambitions chez Aston Martin. Le nom d'Adrian Newey, constamment associé à Aston Martin dans les rumeurs, le prouve bien. D'ici là, force est d'admettre qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire…

Tsunoda fait bonne impression... Ricciardo se cherche encore
Meilleur en qualification : Tsunoda 9-5
Meilleur en qualification sprint : Ricciardo 2-1
Meilleur en courses : Tsunoda 8-5
Meilleur en course sprint : Ricciardo 2-1
Points : Tsunoda 22 (12e), Ricciardo 12 (13e)

Chez RB, c'est principalement le travail de Yuki Tsunoda qui retient l'attention. Ses performances en début de saison permettent à l'écurie de figurer devant Haas, Alpine, Williams et Sauber. 
Tsunoda a le dessus sur son vétéran coéquipier grâce à sa constance. Il a terminé dans les points sept fois, contre trois pour Ricciardo. Il compte également huit présences en Q3 contre trois pour l'Australien. Ce n'était pas suffisant pour lui permettre de terminer la saison chez Red Bull, mais le Japonais montre une progression et davantage de constance. Il devra poursuivre son travail pour aider l'écurie à rester devant Haas au classement.

Pour Ricciardo, cette saison était une opportunité pour lui de démontrer qu'il peut revenir dans une écurie de pointe, mais comme il l'affirme lui-même, il n'a rien fait pour démontrer qu'il mérite cette opportunité. Il y a certes eu de bons moments, comme cette quatrième place lors de la course sprint à Miami. Au bout du compte, Red Bull aurait certainement aimé compter sur lui pour finir la saison à la place de Perez, mais rien n'indique qu'il pourrait faire mieux que le Mexicain.

On sait que le camp Red Bull cherche à faire une place pour Liam Lawson l'an prochain. Ricciardo le sait aussi. Et c'est pourquoi la deuxième moitié de la saison sera très importante pour lui. 

Beaucoup de changement chez Haas
Meilleur en qualification : Hulkenberg 11-3
Meilleur en qualification sprint : Magnussen 2-1
Meilleur en courses : Hulkenberg 11-2
Meilleur en course sprint : Hulkenberg 2-1
Points : Hulkenberg 22 (11e), Magnussen 5 (16e)

Chez Haas, la saison a commencé avec un changement important avec le départ de Guenther Steiner. Il faut dire qu'après une récolte de 12 points l'an dernier et une dernière place au classement des constructeurs, on n'avait probablement pas le choix de changer la recette. 

Sous Ayao Komatsu, on peut dire qu'Haas a bien progressé. L'écurie a déjà plus du double des points de l'an dernier et figure au septième rang des constructeurs, à seulement sept points de RB. Au cœur de cette récolte de points, on retrouve surtout les deux sixièmes places consécutives de Nico Hulkenberg en Autriche et à Silverstone. 

L'Allemand fait d'ailleurs de l'excellent travail, particulièrement en qualification où il est toujours excellent avec six présences en Q3. 

Sauf qu'il y aura encore d'autres changements à venir pour l'écurie américaine, qui comptera sur un tout nouveau duo de pilotes l'an prochain avec Esteban Ocon et Oliver Bearman. 

Plus de polémiques que de points chez Alpine
Meilleur en qualification : Ocon 10-4
Meilleur en qualification sprint : Ocon 2-1
Meilleur en courses : Ocon 9-5
Meilleur en course sprint : Ocon 2-1
Points : Gasly 6 (15e), Ocon 5 (17e)

Je vous ai parlé de Red Bull qui retenait l'attention avec ses nombreuses polémiques, et bien Alpine n'est pas en reste non plus.

Une voiture non performante et trop lourde. Une importante vague de départs en début de saison. Une guerre entre les pilotes qui mènent à un accrochage à Monaco et à des rumeurs de suspension pour Ocon. Une autre chicane entre les pilotes à Montréal. Le retour de Flavio Briatore, qui avait pourtant mis toute l'organisation dans l'embarras lors du « crashgate » de 2008. Le départ, encore une fois cette année, du directeur de l'écurie en pleine saison. Les rumeurs de plus en plus grandes voulant que Renault ne souhaite plus confectionner ses moteurs, semant la grogne des employés.

Je pourrais aussi vous parler du gênant double abandon lors des 24 heures du Mans… mais restons à la Formule 1. 

On peut souligner quelques points positifs. Les performances de la voiture s'améliorent. On est encore loin du compte, mais après une récolte d'aucun point lors des cinq premières épreuves, voir Pierre Gasly et Esteban Ocon avec quatre présences dans les points chacun est inespéré. 

Sauf que franchement, tout ce qui retient l'attention chez Alpine, c'est de savoir comment cette écurie peut se relever et redevenir une écurie de premier plan. Peut-on finalement trouver un peu de stabilité? Est-ce que le nouveau directeur, Oliver Oakes, peut redresser la barre? Qui sera le motoriste au cours des prochaines saisons? Qui sera le coéquipier de Gasly l'an prochain? Bref, il y a encore beaucoup de questions à répondre chez Alpine…

Prendre un pas de recul pour mieux avancer
Meilleur en qualification : Albon 13-0
Meilleur en qualification sprint : Sargeant 2-1
Meilleur en courses : Albon 10-2
Meilleur en course sprint : Sargeant 2-1
Points : Albon 4 (18e), Sargeant 0 (20e)

Parfois, pour progresser, il faut savoir prendre un pas de recul. C'est un peu l'impression qu'on a en regardant ce qui se passe chez Williams. 

Statistiquement, c'est une saison très difficile. L'an dernier, Alex Albon comptait 11 points à la pause estivale. Cette année, ses quatre points amassés paraissent bien maigres. L'écurie a aussi perdu du terrain au championnat des constructeurs.

Surtout, personne n'a oublié l'épisode gênant du Grand Prix d'Australie, lors duquel Logan Sargeant n'a pu prendre le départ, devant offrir sa voiture à Albon puisque l'écurie ne comptait pas de châssis de rechange.

Malgré tout, on sent tout de même une bonne ambiance chez Williams. James Vowles semble, pour l'instant, être l'homme de la situation pour relancer l'écurie. Le choix de Carlos Sainz comme pilote l'an prochain témoigne des ambitions grandissantes de l'écurie. La décision de déjà se concentrer sur les opportunités que les changements de règlements amèneront en 2026 semble judicieuse. 

Bref, cette écurie part de loin, et beaucoup de choses ont dû être revues. Si bien que même si cette saison est un pas de recul, on garde tout de même l'impression que cette équipe va dans la bonne direction.

Le projet Audi ne peut arriver assez vite    
Meilleur en qualification : Bottas 13-1
Meilleur en qualification sprint : Bottas 2-1
Meilleur en courses : Bottas 9-5
Meilleur en course sprint : Zhou 2-1
Points : Zhou 0 (19e), Bottas 0 (21e)

Honnêtement, que dire sur Sauber? Seule équipe qui n'a pas amassé de points cette saison, les performances n'y sont tout simplement pas, et les ennuis entourant les arrêts aux puits en début de saison n'ont rien fait pour aider. 

On sait qu'Audi arrivera en 2026 et donnera un tout nouveau souffle à l'écurie. Des arrivées importantes, comme celle de Mattia Binotto, Jonathan Wheatley et Nico Hulkenberg, laisse présager des jours meilleurs. Mais entretemps, les moments de réjouissance se font rares. 

Il y a certes eu le Grand Prix de Chine, lors duquel Zhou Guanyu a pu enfin disputer son Grand Prix à domicile. Fort ému devant son public, c'est probablement le seul moment fort de l'écurie en 2024.

Sinon, voir un pilote d'expérience et apprécié du public comme Valtteri Bottas figurer au 21e rang dans un plateau de 20 pilotes (en raison des six points amassés par Bearman en remplacement de Sainz)… c'est tout simplement triste. Bottas est toujours à la recherche d'un volant l'an prochain. Espérons qu'il pourra se rendre justice quelques fois d'ici la fin de la campagne.