Les derniers jours ainsi que ceux qui viennent offrent un nouveau souffle extrêmement intéressant pour l’avenir du sport automobile de haut niveau à Montréal. Après une récente vague de perspectives d’avenir qui s’avéraient inquiétantes pour certains, il appert au contraire que notre ville va accentuer sa place unique au Canada et en Amérique du Nord sur la grande scène internationale des courses de monoplaces.

L’annonce officielle de la venue du Championnat FIA de Formule électrique, vendredi dernier, et celle imminente de l’arrivée du jeune montréalais Lance Stroll, chez Williams, dès 2017, représentent des leviers majeurs, qui auront un impact indéniable sur plusieurs fronts à la fois.

Stroll et la nouvelle vague

À une époque où le monde du sport en général ouvre la porte à une nouvelle génération de très jeunes athlètes, le passage de Stroll en F1, à 18 ans à peine, constitue une suite aussi logique que fascinante au passage du flambeau que l’on observe présentement au Championnat du monde. Certes, le nom de Max Verstappen vient immédiatement en tête, lui qui a poussé l’audace de faire son entrée avant même d’atteindre sa majorité et qui a déjà atteint un niveau de performance inouï. Mais il ne faudrait pas pour autant minimiser le potentiel gigantesque de Stroll (tout comme celui d’autres jeunes pilotes légèrement plus âgé, comme Esteban Ocon et Pascal Wehrlein, par exemple).

Car si le jeune pilote a profité des ressources financières de sa famille pour encadrer et accélérer son formidable développement, il n’en demeure pas moins que c’est son talent exceptionnel, purement et simplement, qui lui a valu un titre aussi éclatant en F3 européenne et qui lui ouvre les portes de l’écurie Williams dès 2017. Le fait qu’il puisse déjà s’offrir un programme de familiarisation privé (sur une voiture de 2014) ne fera que rehausser davantage son potentiel d’adaptation à l’univers pointu de la F1 et ne fera qu’accroître ses objectifs de performance dès l’Australie, au printemps prochain. Personne ne peut prédire encore comment se comporteront les Williams à l’intérieur des nouvelles règles techniques de la F1, à compter de l’an prochain, mais chose certaine, le jeune homme se retrouvera au coeur d’un environnement qui a su, dans le passé, intégrer les jeunes pilotes de la bonne façon.

Bien sûr, pour le Grand Prix du Canada, son arrivée est synonyme d’un formidable nouvel essor dont profiteront François Dumontier, le promoteur de l’événement, ainsi que tous les partenaires impliqués dans sa tenue, comme les différents paliers de gouvernement et le Bureau de tourisme de la ville de Montréal. Mais les retombées seront aussi considérables pour plusieurs autres entités, y compris RDS, diffuseur exclusif de la F1 au Canada français, pour encore plusieurs années.

Lance Stroll n’était même pas au monde quand Jacques Villeneuve a été couronné champion du monde en 1997. Il sera donc le digne porte-étendard d’une troisième génération de pilotes de chez nous à nous représenter sur cette scène mondiale exclusive. Après Gilles Villeneuve, à la fin des années 1970 et au début des années 1980 et Jacques, bien sûr, au tournant du siècle, voilà que Stroll s’apprête à son tour à écrire un chapitre très important dans l’histoire du sport au Canada.

La Formule E au bon moment… de la bonne façon

Après avoir décrit la plupart des épreuves de Formule E aux côtés de Bertrand Houle, depuis ses débuts en 2014, je ne peux qu’applaudir l’annonce de la venue de la série à cette étape de son développement. Sur le plan purement sportif, le Championnat de FE n’a jamais cessé de nous donner des courses tout simplement endiablées. La qualité des pilotes et des écuries fut très relevée dès le départ et elle ne cesse de grandir encore. L’arrivée d’un grand constructeur comme Jaguar, en tant qu’écurie complète, et celle de Citroën, en tant que partenaire associé, sont venues ajouter une grande dose de crédibilité à un plateau déjà fort bien représenté sur le plan technique par Renault, Michelin, Williams et autres intervenants de la première heure. Le mouvement ne fera que s’accentuer dans un avenir rapproché avec l’entrée éventuelle de noms aussi prestigieux que Mercedes, BMW et McLaren, pour ne nommer que ceux-là.

L’accord finalisé avec le promoteur de la FE, Alejandro Agag, porte sur trois ans et il s’agit d’une excellente chose pour Montréal. Cela veut dire qu’à la 3e année du contrat, les Montréalais et les visiteurs pourront assister à la grande révolution technique de la série, soit la perspective de compléter une épreuve complète avec une seule voiture. D’ici là, l’évolution se fera quand même de façon constante et les niveaux de performance et de fiabilité devraient passer à un niveau supérieur.

Notons aussi que la position de Montréal au calendrier est optimale, autant pour le moment de l’année que pour le dénouement du championnat. Difficile en effet de demander mieux, pour les spectateurs, que les conditions météo de la fin juillet et d’être les témoins plus que probables du dénouement du titre des pilotes. Et tout cela, dans le cadre de deux courses, plutôt qu’une. Bien joué, sur toute la ligne.

En terminant, il ne faudrait pas diminuer l’importance du symbole fort que représente la venue des monoplaces électriques dans les rues de Montréal. Outre l’intéressante vitrine touristique qu’il procure, l’événement se veut un outil de promotion privilégié de l’une de nos ressources naturelles les plus importantes : l’électricité! Il se veut aussi, pour Montréal et par ricochet pour tout le Québec, une façon de reconnaître la nécessité de se tourner vers des sources d’énergie propres et durables. Le Maire de Montréal, M. Denis Coderre, a d’ailleurs fait de l’électrification des transports dans la ville, un objectif majeur depuis son entrée en poste. Il est aussi un membre reconnu de la Commission de la FIA sur la sécurité routière. Pas étonnant qu’il fut un acteur important dans la conclusion de l’accord menant vers l’inclusion de Montréal au calendrier du Championnat de Formule E à compter de 2017… année du 375e anniversaire de la ville, faut-il le rappeler!