Cette fin de semaine aura lieu le Grand Prix d'Allemagne, il s'agira d'un deuxième Grand Prix en autant de semaines, ce qui permettra à tout le monde de se reposer au mois d'août. Pour ma part, les prochains essais auront lieu à Monza, en septembre.

Comment entrevoit-on le GP d'Allemagne? Je me fais beaucoup poser la question ces jours-ci, surtout que Toyota vient de connaître deux épreuves difficiles en Grande-Bretagne et en France. C'est vrai que ça été difficile... à Silverstone, Allan McNish a abandonné au premier tour et Mika Salo au 15e et en France, Salo est sorti de la course au 48e tour et McNish a dû abandonner avec 10 tours à effectuer, les deux voitures ayant des problèmes de moteur.

Mais Toyota aborde le Grand Prix d'Allemagne comme elle aborde toutes les autres épreuves, soit en travaillant toujours beaucoup, un peu dans tous les domaines, en espérant toujours que les voitures connaîtront de bonnes performances. Des sorties difficiles comme les deux derniers GP font partie de la progression. On travaille mais ça ne fonctionne pas tout le temps.

Même si les moteurs des deux voitures ont connu des ratés en France, c'est tout de même la force de Toyota cette saison. Nos moteurs fonctionnent très bien. Cependant, je ne connais pas les facteurs qui ont causé les problèmes en France.

Je n'étais pas présent au GP de France bien que j'étais disponible. Ryan Briscoe, un autre pilote d'essai chez Toyota, était sur place. Moi, j'avais fait des essais avant et c'était lui qui était au Grand Prix.

Malgré les deux épreuves difficiles, nous en retirons des aspects positifs. La Formule Un a un niveau tellement élevé qu'il faut travailler sans cesse. Par exemple, McLaren, qui était complètement en bas du classement il y a quelques années, est revenu au top niveau, Ferrari aussi. C'est normal qu'il y ait des périodes d'adaptation.

Remplacements

Revenons un peu en arrière, aux essais du vendredi avant le Grand Prix de Grande-Bretagne. Mika Salo n'a pas pris part à ces essais en raison d'une intoxication alimentaire. Mais il était de retour le samedi en vue des qualifications et ça très bien fonctionné pour lui.

Si Salo n'avait pas été en mesure de prendre part aux qualifications le samedi, que se serait-il passé? Je ne sais pas vraiment, mais je crois que Toyota aurait décidé de faire courir Briscoe, puisqu'il était déjà sur place, à Silverstone.

Les règlements de la F1 prévoient que si un pilote d'essai prend part aux qualifications, c'est lui qui doit faire la course.

Mais on a le droit de remplacer un pilote régulier par un autre qui est désigné, ou un pilote d'essai, jusqu'au début des qualifications. Après quoi, on n'a plus le droit de ramener un pilote régulier pour cette épreuve.

Un circuit complètement remanié

Le circuit d'Hockenheim, sur lequel se tiendra le Grand Prix d'Allemagne cette fin de semaine, a été modifié. Il n'y a plus de ligne droite. Ce sera un nouveau parcours pour tout le monde, puisqu'il ne ressemble pas à l'ancien circuit. Mika Salo a beaucoup d'expérience en Formule Un et il va apprivoiser la piste rapidement, et McNish aussi je l'espère.

Nous n'avons pas fait d'essais sur cette piste, et aucune autre équipe n'en a fait.

Cela amène la question que m'a posée un internaute, Philippe Jean, qui me demande ce que font les pilotes pour se familiariser avec un nouveau circuit...

En tant que pilote, on est toujours amené à découvrir de nouveaux circuits, donc, nous nous sommes habitués à apprendre rapidement. Je dirais qu'avec 10 ou 15 tours, les pilotes connaissent le circuit. Mais pour l'exploiter à 100%, il nous faut plus de temps et nous progressons au fur et à mesure, pour aller chercher des dixièmes de secondes.

On peut le faire à pieds ou en scooter pour visionner la piste, mais c'est vraiment en voiture qu'on voit les subtilités d'une piste, comme les chicanes.

Il y a des jeux de simulation qui reproduisent presque fidèlement tous les circuits du championnat de Formule Un. Certains pilotes peuvent les utiliser. Je sais que Jacques Villeneuve, quand il est arrivé en F1, a appris les circuits là-dessus. Je crois que c'est un outil pour se familiariser. Mais il n'y a rien de mieux que de rouler avec une Formule Un sur une piste réelle pour pouvoir l'apprendre.

Kevin Audet-Vallée me demande ce que ressent un pilote face aux faillites possibles de Minardi et Arrows...

Au niveau de la F1, ces dernières années, beaucoup de choses ont changé, surtout au niveau financier, et aussi au niveau technique. Donc, il y a plusieurs petites équipes qui n'arrivent plus à suivre.

Prost Grand Prix a eu des problèmes et s'est retiré. Toutes les petites équipes pourraient disparaître. Mais il y a de grands constructeurs qui arrivent et ça change un peu le niveau de compétition.

Avec les difficultés financières de certaines écuries, des pilotes deviennent disponibles, mais il peut y avoir des petites écuries qui seront achetées par de grandes compagnies.

Kevin me demande aussi si Toyota a commencé à planifier la saison 2003...

Bien que nous soyons concentrés sur 2002, Toyota travaille sur 2003, préparer la voiture et y apporter les corrections sur les faiblesses de la voiture de 2002 et aussi renforcir les éléments positifs.

Est-ce difficile de bâtir une équipe à partir de zéro? Me demande enfin Kevin.

Là-dessus, ça très bien été pour moi, l'équipe a été vraiment fantastique avec moi dès le début et ça s'est très bien passé. On connaît très vite les gens qui travaillent dans l'équipe quoiqu'elle soit assez importante.

Il y a également beaucoup de nationalités, c'est très cosmopolite. Une écurie comme Toyota compte environ 500 employés, qui travaillent au niveau des moteurs, châssis et toutes les parties de la voiture.

C'est très bien organisé et chacun a un boulot à accomplir. C'est une équipe fantastique, en tout cas pour nous, les pilotes, ça l'est.

Je serai de retour la semaine prochaine à la suite du Grand Prix d'Allemagne et je continuerai de répondre à vos questions que vous me poserez sur les talkbacks.

À la prochaine,

Stéphane